Burtonmania
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Forum d'écriture et de graphisme
 
AccueilPortailRechercherMembresS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

 

 Un Noël inattendu

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité




Un Noël inattendu  Empty
MessageSujet: Un Noël inattendu    Un Noël inattendu  EmptyMar 21 Jan - 22:14

Noël, période d'amour et de paix, de chant et de cadeaux, de rires et de douceur. Une fête où même la veuve et l'orphelin peuvent trouver le sourire, un moment mémorable pour toutes les familles. Noël est un bastion de joie, que je me dois de défendre jusqu'à mon dernier souffle héroïque. Nul repos pour moi. Ce soir, ma mission n'est pas de me baigner dans l'insouciance! D'accord, j'aurais adoré fêter cela dignement avec plusieurs verres de gin, mais la nuit de Noël se doit d'être parfaite: comment pourrait-elle l'être si je ne suis pas là pour veiller au grain? Londres est de plus en plus sûre, grâce à mon travail et à celui d'hommes courageux. Pourtant, le mal guette encore nos rues. Il n'attends que de bondir à la gorge de sa proie, lorsque celle-ci se montrera vulnérable. Sans un rempart solide, Noël et son bonheur seront férocement attaqué par des hordes d'ennemis.

Non, je ne suis pas paranoïaque! Simplement prudent. Et d'ailleurs, je ne suis pas assez idiot pour patrouiller dans la ville telle une sentinelle de la justice. Pas ce soir. Je sais très bien d'où le danger risque de venir, et qui je suis censé surveiller. La protection de nombreuses vies en dépend. J'imagine tous ces visages heureux, réunis autour d'une table, profitant au mieux de l'atmosphère festive. L'innocence pure! Mes doigts se resserrent sur la crosse de mon arme, malgré le froid. Aucune inquiétude ne viendra troubler Londres en fête, j'en fais le serment. N'empêche que cela n'a rien de plaisant de grelotter dans un pénitencier obscur et malpropre alors que tout le monde s'amuse - hormis une poignée de défenseurs dévoués -.

Je m'avance dans un long couloir suintant l'humidité, pestant en voyant des traces de rouille. Combien de fois devrais-je supplier ces crétins de politiciens de rénover les lieux? Cet endroit est l'unique moyen d'enfermer les maux rongeant leur ville, et eux, ils préfèrent continuer à s'entre-déchirer dans des campagnes ridicules. Aucun d'entre eux ne pense jamais à la vieille prison. Je secoue la tête. Au moins, les barreaux à l'ancienne restent efficaces. Quelques pas plus loin, j'arrive enfin au bureau que je cherchais. Jim, un baroudeur expérimenté, me salue d'un mouvement vif. Il était en service depuis des dizaines d'années, cet endroit étant devenu pour lui une seconde maison. Peut-être était-ce également mon cas, au fond.

- "Joyeux Noël, inspecteur."
-"Merci, Jimmy. Comment vont nos chers détenus ?"
-"Ils sont en colère, et honnêtement, je les comprends. Le directeur n'aurait pas dû les priver de visites, surtout à cette période de l'année. 'fin, tout est sous contrôle. Ça hurle et ça bouge, mais ils mordent pas."
-"Il faut rester vigilant. Faites passer le mot, je ne veux pas voir un seul gardien se tourner les pouces. Le premier que je vois dormir sera muté à la cellule du Millier. Est-ce clair?"
-"Le dernier a avoir été aperçu en train de dormir, c'était vous, inspecteur." me fit remarquer Jim, peu impressionné.

Non, je ne dormais pas! Enfin, je crois. Peu importe. Un justicier ne s'assoupit jamais! Mais par prudence - et parce qu'effectivement, j'avais le souvenir d'une absence se rapprochant vaguement d'une banale sieste -, je changeais aussitôt de sujet.

-"Euh... et la section de haute-sécurité?"
-"Rien à signaler. Ils sont plutôt calmes, en comparaison des autres. Pour parler franchement, nos gars envoyés là-bas préfèrent largement affronter ceux qui gueulent plutôt que ces... choses." me confia le vieux gardien.

Il y avait dans sa voix toute une gamme d'émotions, un vécu très palpable. Rares étaient les vétérans qui n'avaient pas posé le pied dans la plus dangereuse des sections de la prison. Je ne comprenais pas l'émoi de ceux qui en revenait, même des gardiens les plus endurcis. Il ne s'agissait que d'hommes, là-bas. Des criminels et des fous certes, mais toujours de simples hommes. Cette peur était inadmissible. Je visite ces vauriens tous les jours, et est-ce que je suis secoué, moi? Non. Et pourtant, j'aurais pu avoir une bonne raison de ne pas y montrer le bout de mon nez. Plus de la moitié d'entre eux voulaient ma peau, car j'étais le seul et l'unique responsable de leur capture - d'accord, j'avais maintes fois été aidé, mais bon, le plus gros du boulot a toujours été pour ma pomme -.

Résigné, je laissais Jim s'occuper des détails mineurs, et me dirigeait vers mes très vieux amis. Pour cela, j'eus à traverser la cour enneigée. Le bâtiment de haute sécurité, sinistre, me toisait de toute sa hauteur. J'y entrais en maudissant les architectes. Est-ce si compliqué de rendre une maison de fou agréable à regarder? Je suppose que c'est mieux ainsi. Cela évitera que je prenne goût à mon séjour. Après avoir traversé des dizaines de portes blindées, je fus accueilli par deux barbus taciturnes.

-"Je prends la relève, allez vous réchauffez dans le hall principal." dis-je, les lèvres bleuies. Je crois que le directeur espérait secrètement que ses détenus grelottent jusqu'à ce que mort s'ensuive, il faisait un froid glacial.

Sans un sourire, mes deux collègues s'exécutèrent, me laissant seul face à un long couloir bordé de cellules aux barreaux peinturlurés de rouge. On était loin de l'ambiance d'un beau Noël. Lentement, je pris une grande respiration, les yeux fermés. Mes ennemis ne m'auront pas. Ils croupiront ici jusqu'à la fin. Je n'étais pas obligé d'aller les voir, je le savais. Mais au fond de moi, l'envie de les savoir là et pas ailleurs me dévorait. Je ne résistais pas longtemps.

-"Hey, regardez qui voilà! Full!!"
-"Mais quel plaisir de te voir!"
-"Full, Full!"
-"Mhmmmm mhmmmm!!"
-"Mon Full, tu nous a manqué, tu sais!"
-"F-f-f-f-f.. ull!"
-"Yo, Full, tu as l'air en forme!"

Ils avaient tous mon nom à la bouche. Je ne fis aucun commentaire, le regard dur. Je ne devais pas leur donner la satisfaction de paraître agacé. Attrapant un tabouret, je me plaçais en silence au centre du couloir. Mes adversaires de toujours continuèrent à m'interpeller. Seuls deux individus restaient de marbre: mon ancien ami, terroriste notoire, Garden, et le meurtrier qui semaient ses victimes en - le chiffre toujours exact - mille morceaux, connu sous le nom du Millier. Ce dernier me décochait un regard évocateur, la bave aux lèvres. Soigneusement, je détournais les yeux pour m'intéresser aux barreaux.

-"Qui les a peint en rouge?"

A ma grande surprise, la question plongea le couloir dans un brusque silence, très soudain. Un toussotement retentit à ma droite. Je découvris Simili, professionnel du déguisement et des mannequins surréalistes, au centre de sa cellule. Il se tenait dignement, un sourire aux lèvres, déformant l'inscription de son nom qui s'étendait sur sa joue en lettres calligraphiées.

-"Cher Full, en vérité, nous t'attendions. Cette soirée est très spéciale! Je suis sûr que tu le sais autant que nous. Pour l'occasion, nous nous sommes mis d'accord pour organiser une petite fête! A présent que notre grande famille est réunie, nous pouvons commencer!"

Des acclamations accueillirent cette déclaration, tandis que je demeurais interdit. Une fête? Mais pour quelle fête? Quant à cette histoire de grande famille, je n'y comprenais rien non plus. Cela devait être une farce, ou encore une autre tentative pour me désorienter. Je choisis donc de demeurer stoïque. Un autre prisonnier réclama l'attention. C'était Xavier, le visage enfoui sous une épaisse écharpe et un énorme bonnet.

-"Mhmhmhmh mmmhmhm hmhmmhmhmh mmhmhmhmh mhmhm"
-"... Nous n'avons rien entendu, Xavier!"
-"Mhmmmhmm..." grommela le cambrioleur de bijouteries en laissant tomber son écharpe, puis il reprit. "Je disais, bande de glaçons déshydratés, que tout d'abord, il était juste de rappeler les liens qui nous unissent. Ce soir, nous sommes ensemble grâce à la magie de la justice, mais également grâce aux efforts d'un seul homme, notre Némésis et plus proche ami, j'ai nommé l'inspecteur Full. Notre haine pour lui est si grande, si forte, qu'elle nous amène à le considérer comme un frère. Logique de glace, mes amis!"

De plus en plus absurde. J'ouvris la bouche pour leur demander la signification de ce tissu de bêtises, mais avant que je puisse formuler le moindre mot, les prisonniers entonnèrent un chant. Effaré, je ne pu que rester muet. Presque la totalité des détenus s'étaient approchés des barreaux, poussant la chansonnette comme des écoliers. Certains braillaient, d'autres s'époumonaient adroitement. Je connaissais cette chanson. C'était un chant traditionnel de Noël, que je fredonnais parfois sans m'en rendre compte. Même le Millier se mit à rejoindre les autres, postillonnant dans ma direction. Ils tapaient du pied en rythme, leur joyeuse cacophonie résonnant dans le sinistre bâtiment. Lorsqu'ils terminèrent les paroles, un grand rire parcourut l'assemblée de criminels.

-"Bravo les gars!" lança le Comte Varan, ses crapauds croassant en chœur pour achever en beauté la mélodie.
-"Bof, largement faux."
-"La ferme, Garden, t'avais qu'à t'égosiller toi aussi!"
-"Du calme, mes amis. Ce n'est pas encore terminé!"

Je me demandais ce qu'il me réservait encore. Méfiant, je me levais de mon tabouret et empoignait mon arme. Cependant, aucun des détenus ne fit un geste menaçant. Un bras émergea d'entre les barreaux d'une cellule, une feuille à la main. C'était Désuet, un chétif tueur d'adolescents. Sans doute le moins redoutable parmi les plus dangereux des malfrats. Plus par curiosité que par bonne volonté, je lui pris le papier, les sens en alertes. Des mots, écrits par plusieurs personnes différentes, m'attendaient sur cette feuille crasseuse.

-"Attention tout le monde, 1... 2..."
-"3 !!! JOYEUX NOËL, FULL !!!!"

J'écoutais à peine, les yeux rivés sur ce morceau de papier. Chamboulé, je me dirigeais vers la sortie, tandis que des rires et des ovations continuaient à me poursuivre. Mes pires ennemis venaient de m'offrir mon premier véritable Noël, et cela, c'était inquiétant.
Ou réjouissant. Je ne saurais le dire.
Arrivé dans le hall, je trouvais une cheminée et brûlait à regret le cadeau. Jamais je ne pourrais me résoudre à accepter ces mots. Jamais je n'y ferais à nouveau allusion. Et jamais personne ne saura à quel point ces mots m'ont touchés.

FIN


[Je n'ai pas eu le temps de me relire, ni d'espacer correctement les dialogues, mais je n'en ai pas le courage ce soir, alors je corrigerais un autre jour les erreurs de temps et les fautes d'inattentions. Merci de votre compréhension!]
Revenir en haut Aller en bas
 
Un Noël inattendu
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Burtonmania :: Section principale :: Cave :: Corbeille :: Vestiges ancestraux :: Le Noël des Burtoniens :: Épreuve N°2-
Sauter vers: