Dans la foret... [Beetlejuice-RP en cours]

(Dis- moi si je ne m’explique pas bien. J’ai eu un peu de mal à rendre ce post compréhensible).

Six pieds sous terre, étendu dans un cercueil à peu près adapté à ses proportions, Beetlejuice dormait d’un sommeil plus profond que la mort. Il avait choisit ce cimetière paumé pour un repos d’un mois ou deux. Cela faisait longtemps qu’il n’était pas venu dans le Monde des Morts. L’ambiance morbide qui régnait ici lui convenait. La forêt n’était pas son terrain de jeu favori mais au moins il était quasiment sûr d’être tranquille. Il avait choisi une tombe comme d’autre choisissent une place de parking, à l’abri des arbres. Probablement pour ne pas être aveuglé par la lumière du soleil en sortant. Quoi qu’il en soit, armé d’une pelle, il avait creusé jusqu’à la boîte et, une fois à l’intérieur, avait remis en place la pierre qui portait désormais son nom.

Plusieurs jours passèrent avant qu’il se ranime. Sans aucune raison d’ailleurs. Il avait ouvert les yeux brutalement, dans le noir, alors qu’un rongeur non identifié courrait sur le couvercle du cercueil. D’un violent coup de genoux, il le fit sauter et se redressa. Il n’avait naturellement pas rebouché le trou avec la terre qu’il avait débarrassé. Au dessus de lui il y avait juste la pierre tombale. Avant de sortir du caveau, il s’épousseta un peu et entreprit de la déplacer avec sa force de lévitation. Il parvint à la pousser juste assez pour qu’il puisse sortir. Il passa la tête à l’extérieur. Sa première vision fut Emily.

-Salut bébé, lança-t-il avec son tact habituel, ça te gênerais pas de me donner un coup de main ?

Il était bloqué au niveau du torse et lui tendit un bras afin qu’elle le tire de là. Elle était somme toute plutôt jolie,la peau un peu bleue peut-être. On verrait ça ensuite. Pour le moment il n’avait plus assez de force pour pousser encore un peu la pierre tombale et était foutrement coincé. Cependant il ne put s’empêcher de continuer à la regarder bêtement en attendant qu’elle lui vienne en aide. Joli bras. Décharnée, morte depuis pas mal d’années apparemment. Ses yeux se réhabituaient tout juste à la lumière et il ne la distinguait pas encore très bien. En tout cas elle tombait à pic.

(T'inquiète pas, c'est tout à fait clair =))

Dès qu'elle senti la pierre tombale sur laquelle elle était assise vibrer, Emily se leva brusquement et fit quelques pas en arrière. Le papillon s'était envolé et il était déjà loin. Elle regardait avec inquiétude la pierre se soulever lentement, et la jeune fille se resaisit en se disant qu'elle n'avait absolument rien à craindre. Par curiosité, elle s'approcha doucement de la tombe qui vennait de s'entrouvrir. C'est alors qu'une tête puis un buste couverts de poussière emergèrent du sol. La défunte laissa tomber son bouquet de surprise et regarda l'homme qui vennait d'apparaitre : c'était un mort en phase de décomposition, qui avait du perdre la vie peu de temps après elle. Il était vêtu d'une veste rayée blanche et noire et avait des cheveux clairs ébouriffés. Il regarda la jeune mariée décédée et lui demanda son aide pour sortir du tombeau d'un ton très décontracté.
Emily cligna des yeux d'étonnement lorsqu'il prononça le nom "bébé" pour la désigner. Elle se demandait bien qui pouvait être cet étrange personnage. Néanmoins, lorsqu'elle vit le bras du cadavre tendu vers elle, elle s'approcha pour l'aider. Emily était d'un naturel très gentil et aimait aider les autres dès qu'elle le pouvait. Elle attrapa donc la main de l'homme étrange et tira de toute ses forces afin de le faire sortir de la pierre tombale, si bien que dès que l'étranger fut libre du tombeau, le bras gauche d'Emily se décrocha de son épaule pour rester dans la main de l'homme qu'elle avait aidé.
Dans cette situation assez embarrassante, elle rougit (enfin, son teint bleu pale rosit légèrement) et s'approcha de l'inconnu en tendant son bras droit.

Oh, excusez-moi si je vous ai fait mal, dit-elle en souriant timidement, pourrais-je récupérer mon bras, s'il vous plait ?

Beetlejuice poussa un cri de joie lorsqu’enfin libéré du tombeau, il fut libre. Non sans avoir fait craquer ses doigts, sa nuque, son dos et tous ses os au préalable, il observa le bras ballant qui était resté pendu au sien. Lorsqu’il s’était décroché de l’épaule de la défunte mariée, lui avait faillit perdre l’équilibre et retomber dans le trou. En battant des bras il s’était affalé sur le sol à côté. Peut-être que le joli bout de cadavre allait devoir songer à se faire revisser les membres un peu. Quand on l’observait à la lumière on se disait que celui qui l’avait tuée devait lui en vouloir sacrément.
Avec un sourire jaunâtre, il lui rendit son bien. Quand même, elle devait être furieuse contre le pauvre bougre qui l’avait arrangé de la sorte. Joue déchirée, côtes visibles, robe massacrée. L’assassin courrait peut-être encore quelque part dans la nature. Le genre de tueur que Beetle aimait bien parce qu'ils avaient la délicatesse en commun. L’exorciste qu’il était n’oublierait pas de lui proposer ses services. Le revenant était fauché comme les blés et même s’il n’avait pas vraiment besoin d’argent, un peu de clientèle l’arrangerait. Il se releva.

-Wow ! On dirait qu’il y a eu quelques problèmes avant la cérémonie de mariage.

En temps normal, lorsque Beetle croisait un cadavre aussi bien fait (quoi que pas extrêmement bien conservé dans le cas présent mais n’empêche) il lui sautait dessus. Sauf que là elle ne l’avait pas appelé trois fois pour qu’il fasse son travail. Il n’était pas encore tout à fait sur pied. Revenir d’une aussi longue cure de sieste c’était un peu comme une gueule de bois. Néammoins il passa sa langue violette sur ses lèvres avec un regard pervers. D’un coup de pied, il renversa la plaque où était inscrit le mot « Betelgeuse », extermina une démangeaison dans les parties et desserra sa ceinture d’un cran .

-Gentil d’être passé, heureux de vous avoir connu. On se fera une fête à l'occaz, poupée, termina-t-il avec une étreinte brutale qui permit à Emily d'inspirer l'odeur ...exotique de sa veste. Une souris s'échappa de sa manche et tomba sur la robe de mariée.

Sur ce il tourna les talons et quitta le cimetière en enjambant une barrière. Ou plutôt en piétinant une barrière pour passer dessus. Mais à peine avait il fait cinq pas qu’il revint en arrière. Le problème des arbres c’est qu’ils sont tous pareils, aucune personnalité. Impossible de s'y retrouver.

-Tu me rappelle comment on sort d’ici ?

Où ? Quand ? Comment ? Le bonhomme n’aurait pas été capable de dire à l’avance ce qu’il avait faire. Depuis qu’il avait clamsé, Beetlejuice ne voyait jamais plus loin que dans le quart d’heure suivant et avait depuis longtemps arrêté les listes de projets. Fatalement inutile puisqu’il avait le temps de réaliser tous les désirs du monde et ne comptait pas donner un jour sa candidature à la réincarnation. Impossible de prévoir ce qu’il allait faire, dire et surtout ce qui allait lui arriver. Après ce misérable petit accident qui lui avait rompu le palpitant, il ne s’était jamais senti aussi vivant. A la différence d’un certains nombres de ces comparses qui préféraient rêver leur vieille vie et se lamenter de leurs échecs. La bonne blague.

Il revint vers le cadavre de mariée (qui devait certainement appartenir à la catégorie mort pas drôle) avec sur le nez une paire de pare-soleil que Jack Nicholson n’aurait pas reniée et une clope vissée au bec, l’air inquisiteur. Oubliant d’être poli et courtois –depuis le temps- il passa un bras autour des épaules squelettiques de sa nouvelle victime. Passer un quart d’heure avec Beetlejuice est très probablement comparable à un martyr.

-Vous voyez, Milady, commença-t-il en empruntant un accent italien totalement inapproprié, ce que je voudrais c’est sortir d’ici. Prendre la porte, lambada, bye bye, ciao les nazes, niet nada adieu !?

Les trois derniers mots étaient sortis dans un genre de hurlement inhumain. Approximativement, il situerait la date de mort du jeune cadavre vers 1800. Un style de zombie en plus classe, sans doute. Sans l’option « fantôme », passer à travers les murs, tirer une langue de huit mètres et évoluer dans la crasse sans craindre la pourriture. Quoi qu’il en soit, le monde des morts était lourd et totalement ringue pour un as du groove comme lui.

-Ah, comment je suis arrivé ici… ? Vous aimez les histoires, je le sens. J’ai combattu une armée de huit-mille fieffés démons et suis sorti vainqueur. La classe. Normal. Hélas les Enfers n’ont jamais su apprécier mon travail, une bande de féministes sans cœur, et m’ont plongé sous terre rejoindre le centre du monde. Tel que vous me voyez, je creuse armé de mes ongles depuis trente ans pour remonter à la surface.

La fumée sortait par épais nuage au même rythme que le mensonge improbable qu’il construisait avec un naturel déstabilisant. C’était tellement plus drôle de baratiner. Il évita de raconter les circonstances plus anciennes de son propre décès. Pour la raison qu’il ne s’en souvenait plus, s’en foutait et préférait changer de version de temps à autres. « Et vous ? ajouta-t-il en avalant le mégot, un petit problème technique avant le grand Oui ? ».

[Sincères excuses, si tu ne souhaite pas continuer parce que ça fait trop longtemps je comprendrais


-Han, tout droit. Logique.

Oh, pauvre petite. Rembarrée par un fiancé très puriste. Mais quelle meilleure technique que le lynchage pour se faire un peu d’argent de poche en revendant les breloques ? Beetlejuice en savait quelque chose et cette histoire tragique n’était pas sans lui rappeler quelques doux souvenirs.
Il ne se décida pas momentanément à suivre la ligne droite qui le ferait sortir d’ici. Voilà ce que c’est de vouloir sortir de la routine. L’ardeur qu’il avait mit à se sortir de sa cure de sommeil éternel n’allait donc aboutir sur rien. Les fantômes ne sont pas êtres à s’ennuyer, la première option qui s’offrait naturellement à lui était de tourmenter quelques âmes en peine. Or n’avait-il pas vu passer dans les yeux blancs de cette mariée funèbre un éclair de profond désespoir. Un désespoir comme on en voit souvent sur les visages mortuaires des défunts damnés. Mourir n’avait pas eu l’air d’être pour elle une libération.
Pourtant mourir c’est chouette. Plus d’impôt, plus de travail, fête du soir au matin, …
Il garda son bras sur les épaules squelettiques de son jouet du jour.

- Accompagnez-moi vers Tout Droit. Je ne peux pas y aller tout seul, j’étais tellement pinté quand je suis mort que je finis toujours par partir en zigzag.

Il aurait évidemment put se sortir d’ici en quelques millisecondes. Mais trop tard, Emily avait inconsciemment touché son intérêt. D’ailleurs il était passé au vouvoiement sans s’en rendre compte. Il n’y avait aucun respect à chercher là-dessous, juste une façon de faire passer la pilule.

-Beetlejuice pour vous servir. Seriez-vous grée de me donner un nom des fois que je croise votre plaque dans un cimetière ?

En disant cela, le valet retira enfin ses pattes crasseuses.

Beetlejuice sentait, non sans une immense satisfaction, qu’il était cette fois encore extrêmement dérangeant. Il avait savouré avec un plaisir pervers le pouvoir de prononcer à nouveau son propre nom, un privilège qu’il lui avait été interdit pendant ses années de damnation. Connaître celui de sa charmante guide le remplissait de joie. Ce bonheur, futile aux yeux des mortels, était justifiable : Dieu sait qu’il était bien placé pour savoir qu’on pouvait faire mille et une choses avec un prénom. Comme toutes les femmes, la Emily lui inspirait des pages entières de blagues lourdingues. Tandis qu’il déblayait des mensonges tous plus énormes les uns que les autres, il gesticulait et tournoyait autour d’elle. Le regard qu’elle lui avait jeté pour l’inviter à le suivre lui avait fait un effet exceptionnel, un peu comme quand la secrétaire des Enfers lui avait tendu son dossier et qu’il avait prit ça pour une invitation à l’embrassade. Mais il était comme un détenu sous surveillance et un juste pressentiment lui soufflait que s’il tentait de soulever le jupon de la défunte mariée, ça allait lui retomber dessus.
Tous deux marchaient vers la lumière et se mesuraient à leur manière. Au bout de quelques heures, Beetlejuice avait raconté plus de la moitié de sa vie d’après. Il coupa nette à ses anecdotes en apercevant les contours d’un village mortel. Au vu des couleurs et de la bonne humeur ambiante, on pouvait se demander si des vivants habitaient vraiment les lieux. La carte postale aurait put s’accompagner du commentaire « Une pensée maussade pour vous ». Tout était gris et sans intérêt, de la forêt à la civilisation. Avec de la chance, il trouverait ici quelques sectes satanistes ou un club de spiritisme pour gagner sa croute.

-Charmant petit bled, maugréa-t-il.

Il jeta un regard désespéré à sa camarade. Un joli morceau comme ça ne pouvait pas sortir d’un territoire aussi barbant.
Seuls les enterrements devaient mettre un peu d’animation. S’il y avait autant de suicide qu’il le présumait, il pourrait pratiquer. Sans autre forme de procès, il embrassa Emily en guise de remerciement, lui permettant ainsi d’inspirer une dernière fois son parfum putride. Puis il dévala la piste pour se faufiler entre les premières maisons.