Forum d'écriture et de graphisme |
| | Welcome in my mad word ! | |
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Auteur | Message |
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Yume
Messages : 794 Date d'inscription : 18/01/2014 Age : 23 Localisation : Près du bar
Feuille de personnage Points de folie: 228 Démence: (1/7) Expérience: (150/1000)
| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Lun 3 Oct - 23:52 | |
| Bon anniversaire Nathanaël! (Au retard. Pardon.) Pour ce qui va suivre, je tiens à préciser que c'est...une sorte d'hommage. Je n'essaie pas d'imiter, ni d'affirmer que ma vision des faits est juste (j'ai sûrement 95% d'à côté de la plaque qu'on soit bien clairs), mais j'essaie juste de faire plaisir en m'amusant. Les 3/4 parties suivantes arriveront dès que possible, je ne veux pas trop trainer: Encore un bel anniversaire !(Et heureusement la troisième personne c'est bien plus neutre et simple, sinon j'en aurai jamais été capable u_u) - Partie I: La chasse:
La lune était déjà haute dans la nuit gelée quand Moon s'éveilla. D'étranges particules blanches et mouillées lui tombaient lentement dans les yeux. Pas trop mal. Surprenant, maléfique. Mais le rouge leur irait sans doute bien mieux !
Cela faisait un bail qu'il était en sommeil, Full avait monopolisé le contrôle bien trop longtemps. D'ailleurs, lui qui était d'ordinaire si soigneux, il lui rendait ce corps dans un piteux état: fatigué et puant. Il avait fait bien mieux le frangin ! Tant pis, pas le temps de sermonner pendant que le bougre ferait la sourde oreille -et Barnabé tu es bien gentil, mais tu deviens ennuyeux si tu es seul spectateur-. Il avait soif. Très soif. Et ce gin de mauvais goût n'y ferait rien. Il avait besoin de sang pour l'abreuver, lui et ses sourcils adorés !
Par chance, l'autre idiot n'avait pas que ce fade revolver sur lui, il trouva dans sa poche un couteau à saucisson. Il aurait préféré une extravagante tronçonneuse ce soir, mais un défi comme celui-ci ne se refusait pas ! Hop, c'était décidé, il zigouillerait le premier venu avec cet outil graisseux ! Il fallait être créatif dans la vie ! Ensuite, il remonterait jusqu'à la mélodie mièvre, étouffée au loin, sûrement au bout de la rue. Et hop, grâce à Nowël et ses mérites, il pourra déguster un petit génocide: un génocide d'idiots !
Devant cette perspective merveilleuse, c'est en chantant qu'il descendit de la benne à ordures -ça reste dans la tête cette saleté- ! Il manqua d'ailleurs de faire un bisou aux pavés, car le verre-gras était de mise ! Après tout, c'était bien Nowël ! Après l'avoir mis dans le coma à coups de talon et de couteau à saucisson, il reprit sa quête de génocide en glissant sur son nouvel ennemi fraîchement vaincu.
Malheureusement -sors donc ton mouchoir Barnabé- l'inconvénient avec la nuit, c'est que beaucoup de chaires bondissantes rentrent s'agglutiner ensemble dans des boîtes de pierres et y dorment comme des agneaux engraissés. Pathétique. Il n'y a pas de temps pour dormir, ding dong, ding dong qu'ils viennent s'amuser avec Moony ! En attendant, la touffe d'herbe avait décrété qu'elle était claustrophobe et elle n'irait pas les traîner hors du lit. Et il n'y avait toujours personne dans cette rue puante -A moins que ce sois toi qui sentes, Barnabé?-
La musique se rapprochait à vue d'oreille -si, ça existe et cesse donc de m'interrompre ou je te coupe les orteils!- et personne ne venait le saluer. Quels impolis ! Il allait donc devoir passer directement au génocide: pas que ça lui ne déplaise !
Soudain, sans prévenir personne, une galopine se joint à la partie. Elle fonçait droit vers lui, sans s'arrêter ! Elle avait du cran cette enfant ! Qui était ce donc ?
De blanc et de noir vêtue, dans un tailleur sans un pli, la jeune femme à la longue chevelure corbeau analysait derrière ses lunettes un ouvrage sombre orné de deux bâtons croisés, ces deux là même qu'on lui brandissaient sous le nez en hurlant qu'il était le fils de "Rataaaaant". Elle le provoquait ouvertement ! Elle était partante pour un jeu ! Lui qui croyait qu'elle était une de celle qui le suppliait en pleurant, tout en lui tendant des papiers verts plein de morve !
Moon ne tenait plus en place, et le couteau à saucisson non plus. Malheureusement, elle avait un allié puissant: le verre-gras. Elle avait beau marcher avec des talons plus fins que son auriculaire et plus hauts que index, le verre-gras lui faisait des faveurs ! Pour se venger et le mettre hors d'état de nuire une bonne fois pour toute, il lui asséna un coup fatal avec le talon du fils de Rataaaant. Pourtant la future défunte ne leva même pas les yeux. Pfeuh. Pas assez impressionnant ? Elle allait voir.
Le couteau à saucisson était sorti, dégoulinant. La victime arriva à son niveau, vulnérable et taquine, feignant d'ignorer son triste sort. Moon sortit alors le grand jeu, sourire carnassier, tête de côté et ouvrit sa bouche prête à lui inventer une tirade illogique et irrésistible, à en faire couiner plus d'une Paulette-Jeannine. Pourtant, à la première syllabe, et lui passa à côté, en le bousculant de son épaule et le laissant à la cruauté glaciale du verre-gras.
……………………………………………………………………………………………………………..Comment cela ? Qu'est ce que cette petite pustule volante venait de lui faire embrasser ? Pas qu'un seul pavé en tous les cas. C'était impardonnable. Froide et cruelle, elle ne lui avait même pas adressé un regard, pas même un sourire arrogant qu'il pourrait lui arracher avec ce couteau à saucisson ! Elle en avait trop fait à son petit nez à peine nourrisson et aveugle, les gens infects comme ceux là devaient disparaître. De toutes façons, un insensible au charme Moonesque devait périr de la peine de mort ! Au moins !
Il se releva avec empressement. Il avait bien envie de l'embrocher, mais c'était sûrement ce que cette boule de suie voulait, et jamais il ne s'abaisserait à supprimer ainsi, sans voir une seule poussière de peur dans ses yeux bridés ! Ce serait se trahir soi même, et par conséquent trahir Barnabé. Cela aurait de quoi lui briser le cœur, si seulement il en avait un dans sa poche, héhé.
Après tout, cette capricieuse voulait peut-être des actions aux belles paroles ? Walk était l'expert des deux, il aurait bien pu l'assister s'il ne faisait pas la chochotte devant ses méthodes et s'il ne boudait pas dans son coin. Tant pis, lui, seul avec ce cher Barnabé, c'était ce qu'il y avait de plus authentique, après tout ! A pas de souris à taille de géant, il se glissa derrière elle et posa délicatement le métal graisseux du couteau à saucisson sur sa nuque en souriant près de son oreille ronde. Ce tour était toujours bidonnant, à voir, ces lapins bondissant de surprise et de terreur comme un diable hors d'une boîte ! Qu'elle descende hors de son pied d'estal cette cigogne mal perchée !
Le tour eu en effet un effet, mais certainement pas celui escompté: elle tressauta en effet, tandis que le livre noir s'écrasa avec violence sur sa mâchoire parfaite, laissant donc une ouverture au verre-gras de frapper une nouvelle fois. La brebis s'essuya la nuque avec dégoût, et lança acerbe, avant de s'engager dans la rue perpendiculaire:
"-Vous n'avez rien de mieux à faire de votre vie ?"
Cette vipère orange, l'avait attaqué ! Pourtant, toujours pas un regard, bien qu'il ait pu lui arracher les mots de la gorge. Pas ceux qu'il avait espéré. Sonné, exténué, puant, mais ne s'avouant pas vaincu, le prédateur bondit sur sa proie pour l'immobiliser et la forcer à le regarder. Il pourrait lui susurrer des mots excitants comme "trampoline sanguinolent", et ensuite lui arracher ses deux globes oculaires insolents avec le verre de ses lunettes qu'il aurait cassé et ce cher couteau à saucisson -élémentaire cher Barnabé- ! Cette fois-ci, le verre-glas n'eut pas raison de lui. Ni la fatigue. Ni la puanteur. Ni encore ces particules blanches qui lui rentraient dans les yeux et voulaient décorer ses sourcils. Étonnamment, ce fut cet agneau bridé, qui pivota au dernier moment pour s'engouffrer dans une calèche qui dans l'obscurité, ressemblait fortement à une benne à ordure après un carnaval.
Pour ce qu'il avait visé l'épaule, il ne put attraper qu'une veste et un bout de sa jupe avec son couteau à saucisson et retomba sur les pavés, plus enragé que jamais. Il s'élança alors à sa poursuite, s'alléchant d'un lot contenant un cocher innocent et toute la petite bergerie brune, mais au bout de quelques mètres, il s'effondra, vaincu par un corps ayant franchi les limites des limites, à cause d'un écervelé aveugle en quête de justice. Plus de génocide, plus d'insolente en talons aiguilles. Juste du noir.
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| | | Yume
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Ven 21 Oct - 18:20 | |
| La suite des aventures de Selena, que j'étais censée poster ici il y a des plombes o__o - ..J'ai trouvé l'eau si belle, que je m'y suis baignée..:
Elle courait a perdre haleine. Bousculant des passants à contre sens, sans s'en soucier. Ignorant les méprisantes remarques sur son comportement: elle ne les entendait même pas. Son corps était ici, mais son esprit, déjà là bas. Elle sortit du marché, traversa de nombreuses places pour déboucher sur un chemin tranquille, bordé par les ronces. Étant à la périphérie des bâtisses de la haute ville, il était tout simplement la limite entre la civilisation et la nature pourrie reprenant ses droits. En effet, arbres et ronces formaient une barrière qui s'étendait sur plus d'une centaine de mètres et qui grimpaient sur la muraille sable.
Seul un jeune berger et ses charmas à l'œil maladif s'y trouvaient. Ils marchaient lentement, la joie de vivre ayant déjà quittée leurs maigres carcasses. Sans voix, Selena s'était arrêtée et l'avait laissé continuer son chemin. Si jeune... Elle se reprit. Sa compassion silencieuse ne l'aiderait pas à se sentir mieux. Il fallait qu'elle cesse de se sentir révoltée par les injustices qui construisaient son quotidien. Elle ne pouvait rien y faire, si ce n'était l'accepter.
Après s'être assurée que personne d'autre n'était dans les parages, elle s'approcha des ronces, s'accroupit pour ensuite disparaître a l'intérieur. S'étant faufilé dans une ouverture, elle marcha accroupie à l'intérieur de la barrière, pour ensuite se relever quand l'environnement lui permettait. Focalisée sur son objectif, son angoisse s'était envolée, tout comme tout autre émotion. Seul importait son havre de paix. Après quelques minutes à se frayer un chemin dans cette jungle et à essayer de ne pas déchirer sa cape, elle y arriva enfin.
Les ronces avaient épargné l'endroit comme par miracle et une petite place émergeait de l'enveloppe de végétaux. En son centre, une fontaine délabrée et sèche prônait, incongrue. Un vestige du passé. Personne ne s'aventurait jamais ici, pas même les disciples. Ce lieu était un secret. Son secret, sa promesse. Elle s'adossa sur le rebord de la fontaine. Elle s'y sentait bien, protégée par le cocon d'épines. Elle ferma les yeux et expira. A peu de choses près, elle n'aurait jamais connu cet endroit. A peu de choses près...
*** Selena avait toujours été une fille sage et obéissante. Elle écoutait sa mère, rendait fière son père, n'était jamais au retard à ses cours, et ne connaissait rien d'autre que son quartier. Malgré le monde sombre qui était le sien, elle n'avait jamais ressenti de malaise. Il y avait les gens, et il y avait son monde, sa bulle. Sa mère, le marchand de ruban, l'image d'un père parfait... Et puis il y avait Cody.
Ce garçon était un ange. Purement et simplement. Elle le connaissait depuis aussi longtemps qu'elle s'en souvenait. Il suffisait qu'elle se pose près de sa fenêtre pour qu'il rapplique au quart de tour, un sourire enjoué collé aux lèvres. Alors, il la saluait gaiement, pour ensuite enchaîner sur une de ses histoires inventées pour se donner un air fier ou une autre joyeuseté. Les mots sortaient de sa bouche comme une fontaine et rien ne semblait l'arrêter. Elle l'écoutait, amusée et silencieuse ou au contraire, piquait un somme en douce, le laissant monologuer avec passion.
Puis au fil de temps, elle plaça certaines remarques. Puis argumenta. Le jeune homme s'arrêtait de plus en plus fréquemment pour l'écouter. Le monologue s'était métamorphosé en conversation vivante, tandis que la réservée Selena s'ouvrait comme une jolie fleur.
Quand l'écart leur parut un jour trop grand, il s'étaient rejoint au même balcon. Mais pourquoi s'y limiter ? Il y avait tellement de choses à voir, à sentir, à découvrir ! Alors Cody lui montra. Non sans appréhension, la brune le suivit dans sa ville et sortit de sa zone de confort, son cocon douillet. Malgré sa gentillesse et son sourire d'ange, le garçonnet aimait briser les règles et faire ce qui lui plaisait, surtout si cela était interdit.
Selena le savait. Mais ça ne suffisait pas à se détourner de son ami. Elle découvrit alors progressivement des passages cachés entre les maisons, des réserves de nourriture, puis quand elle fut prête, elle surmonta sa peur d'enfant et descendit dans la Basse-Ville.
Son premier voyage y fut aussi fascinant que triste. Être si près de chez soi tout en découvrant un nouveau monde. Un monde miséreux. Des gens comme Cody ou elle-même, travaillant jusqu'à l'épuisement ou qui n'avaient comme seul abri un voile oublié par un marchand de camelotte. Elle pleura. Dans les bras de Cody, elle pleura. Elle pleura de la misère, elle pleura de l'injustice et des regards assassins qui lui reprochaient d'avoir une vie meilleure. Au milieu de la foule, le blond la protégea de ses bras, sans dire un mot.
Puis, quand elle fut calmée, il la fit sortir de la Cité. Et sa peine la quitta, engloutie par l'immensité du désert qui s'offrait à elle. Elle vivait dans une bulle, et l'éternité s'offrait à ses yeux. Elle fut bouleversée. Tant de calme et et de beauté en un seul endroit... On aurait cru un rêve. Selena connaissait ses leçons. Elle savait que de telles pensées étaient défendues. Pourtant, devant cet horizon ensablé, elle ne put s'empêcher d'imaginer à quoi il menait. Vers un monde meilleur. Assise, son ami à ses côtés, elle resta fascinée jusqu'à ce que le soleil disparaisse derrière les dunes.
Par la suite, la Basse- Ville devint leur terrain de jeu. N'importe quel prétexte était à prendre pour s'y rendre. Là bas, plus d'interdit. Ils y étaient qui ils voulaient. Ils pouvaient y chahuter en paix, sans même imaginer y croiser une de leur connaissances respectables. Selena, habituée à une routine morne et sans couleurs, prenait goût à cette nouvelle existence bien plus excitante ! Mais que serait-ce l'excitation sans danger ? Ils n'étaient pas seuls dans cet endroit amusant. Les disciples. Rien qu'une ombre au détour d'une rue, une présence invisible, un bruissement léger dans le silence... Selena ne les avait jamais vraiment croisé dans sa cage dorée. Elle cohabitait avec eux, connaissait leur existence mais ne cherchait jamais vraiment à les voir. Comme une légende ou des anges gardiens. La brune le pensait naïvement dans sa vie de luxe. Mais à présent, elle savait que ces gardiens n'avaient absolument rien d'angélique. Ensevelis dans leurs capes, le pas pressants et leurs yeux vicieux balayant mécaniquement les rues, ces hommes sans foi ni loi effrayaient l'enfant.
Comment ces bandits pouvaient-ils être sous les ordres du souverain, celui qui devait les guider avec clémence, les protéger ? Pillages, meurtres de sang froid, intimidation.... Ces abus de justice étaient intolérables ! Il devait y avoir une solution....! Sa soif de justice s'enflammait à mesure qu'elle découvrait le monde cruel qui l'entourait. Elle se maudissait d'avoir été aussi aveugle toutes ces années. Ne fallait t-il pas demander une audience au roi pour s'entretenir de ces problèmes ? Il ne sortait jamais de son château, personne ne serait surpris s'il n'avait pas connaissance des événements extérieurs ! Résolue, la justicière dans l'âme soumit son idée à Cody, persuadée qu'elle s'en ferait un allié précieux. Elle fut surprise du contraire: Pour répondre à son grand sourire, il ne fit que la prendre fermement par les épaules et supplier d'une voix étouffée de renoncer à cette idée et de surtout...Surtout de n'en parler à personne. Le corbeau n'avait de compassion pour personne et menait de son trône chaque fait et geste de ses hommes de mains.
Mais Selena était une adolescente bornée. Et elle ne l'entendait pas de cette oreille. "Comment peux-tu l'affirmer puisqu'il ne sort jamais de son château ?". Insolente, elle pensait lui clouer le bec mais à son inquiétude, la noirceur soudaine dans les yeux bleus de son ami n'en était que plus forte. Il y avait eu un silence pesant. Il s'était retourné pour ne pas voir son visage et d'un voix hésitante, lui avait promis de l'éclairer plus tard sur cela. Soudainement dominée par l'appréhension, elle n'avait pas insisté. Leur vie avait alors continué, à serrer l'héroïsme et ses mots dans l'estomac, les contenir et fermer les yeux malgré eux sur l'horreur. La vie était ainsi, il fallait l'accepter. La voleuse en devenir ne pouvait que profiter de son bonheur, égoïstement, en tentant d'oublier le goût d'amertume qu'il laissait. Après tout, même si les quatorze ans de Cody approchaient, qu'il y avait des chances pour qu'il intègre l'ordre des disciples, il ne deviendrait jamais comme eux. Un garçon aussi gentil et pur ne le pouvait pas. Rassurée par cette conviction qui s'effondrerait bientôt, elle grandissait.
La lune mauve était deux nuits d'être pleine, chaque garçon et fille en phase d'accéder a l'âge adulte répétait avec ferveur leurs serments, avec envie ou appréhension. Selena, le nez à sa fenêtre, attendait Cody. Une demie heure était déjà passée, et seul un silence pesant tenait compagnie à la brune. Ce fut seulement quand son espoir avait atteint ses retranchements que son ami décida de pointer sa tignasse blonde, un sourire triomphant jusqu'aux oreilles. Sans un mot, il l'invita à le suivre, et sauta sur sa tyrolienne, suivi de près par son amie. Cette fois-ci, à la grande surprise de la plus jeune, ils n'allèrent pas bien loin. Ils restèrent a la limite des pavés parfaits de la Haute-Ville. Encore une fois, le mystérieux silence prôna. Avant la moindre question, Cody lui prit la main et l'entraîna dans les ruelles. Impatiente, la petite ruminait: Comment avait-il fait pour échapper à la vigilance de ses parents, lui qui devait apprendre ses lignes comme un enfant modèle ? Avait-il peur de ce qui allait lui arriver ? Et où courraient-ils ainsi ?
Cependant, toutes ses interrogations s'effacèrent immédiatement quand ils arrivèrent devant l'immense mur de ronces. Elles n'était encore jamais été aussi loin pour l'apercevoir! Ah, si ces branchages n'étaient pas couverts d'épines et que des barbelés ne lui coupaient pas la route, elle aurait pu les escalader et prendre clandestinement le large avec lui vers la liberté ! Alors que ses yeux verts étaient perdus dans l'immensité du ciel si proche des épines qui escaladaient le mur, Cody lui montra un passage près du sol, assez grand pour qu'ils y passent. Elle ne fit d'abord pas un geste, un peu craintive de se blesser, puis en voyant l'aîné s'y engouffrer, elle l'imita alors.
Ils débouchèrent tous deux sur une place où trônait une fontaine abîmée, vide et où la sculpture du visage bestial qui crachait autrefois une source pure était fêlée. Encore une fois, Cody sut émerveiller sa compagne. Enthousiaste, elle piaillait comme un oisillon en faisant le tour au petit trot de l'endroit. Amusé, après un temps à l'observer courir, il lui prit le bras et l'invita à s'assoir à ses côtés, sur un rebord intact de la fontaine.
"-On dirait que tu apprécies ma petite surprise!" "-Oui, c'est merveilleux ! Tu sais à quel point j'aime les vestiges du passé! Comment l'as tu trouvé?"
Il ria d'un air énigmatique.
"-Tu ne le sauras jamais, héhé ! Quand je serai devenu adulte, nous nous rejoindrons ici, d'accord ? Ici, personne ne nous dérangera. La fontaine c'est notre secret, vu ?"
Il lui tendit le petit doigt avec un grand sourire. Selena fit une légère moue en l'étreignant avec le sien.
"-Pour qui tu m'as prise ? Évidemment que je ne le dirai a personne !" "-Promis?" "-Promis!" *** Elle soupira. Se remémorer le passé ne faisait que la déprimer. Pourtant le lieu avait fait son effet: sa peur avait disparu. Elle s'étira et se leva: Il était temps de rentrer. Alors qu'elle s'apprêtait à quitter le lieu, un bruit de verre brisé retentit derrière elle. Elle se retourna brusquement, tous ses sens en alerte. Impossible ! Quelqu'un avait découvert l'endroit ? Qui était assez ennuyé pour chercher des passages dans les ronces ? Elle retint son souffle. Par chance, la sculpture volumineuse la cachait encore. Elle savait devoir partir, mais sa curiosité poussée par la force des souvenirs la fit se diriger silencieusement vers le côté opposé du bassin.
Elle repéra bien vite la source du bruit: une seringue en verre était brisée au sol, dégoulinant d'un liquide noirâtre, aux côtés de l'individu, avachi sur la pierre. Encore deux pas et elle pourrait connaitre son identité. Elle fit un pas de plus...
"-Aïe!"
Elle ne put s'empêcher de pousser un petit cri. Elle avait par accident marché sur le verre brisé, qui avait transpercé son soulier et son talon. Alarmé, l'invité surprise se retourna.
C'est ainsi que Selena se retrouva nez à nez avec un Cody perdu, au regard déboussolé et embrumé. Leurs yeux s'agrandirent ensemble de surprise, chacun stupéfait de la présence de l'autre. Ils restent presque une minute à se regarder, béats et figés, sous le coup de l'étonnement.
Selena se reprit alors. Il n'était plus son ami d'autrefois. Un meurtrier. Un frisson la parcourut. Elle devait profiter de son absence. Sur cette pensée et un pincement au coeur, elle s'enfuit à toutes jambes.
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| | | Yume
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Mar 22 Nov - 0:06 | |
| - Le Londres d'après (I):
Une secousse violente violente me tire brusquement du sommeil et m'envoie valser sur le parquet sale. J'aurai vécu meilleur réveil. Je grogne mais me redresse rapidement, un peu déboussolé. Ma tête est encore dans le brouillard, à faire ses adieux avec Morphée. Où suis je..? Le décor qui se dessine sous mes yeux endormis n'est pas celui de ma chambre. Ici, c'est plus … miteux. Pas que mon "palace" soit des plus raffiné: à vrai dire, la différence est floue. J'imagine que l'odeur pestilentielle de poisson qui règne ici fait toute la différence.
J'émerge lentement et m'étire machinalement, prenant soin de craquer toutes mes articulations. Ca y est, ça me revient. Il y a deux jours à peine, j'avais fait ma valise et dit au revoir à l'arrogant Paris, en destination du nouveau monde, dans un interêt pûrement professionel. Depuis que j'avais dit adieu à Londres et à la protection de la famille Wilson, j'avais découvert la France. Après avoir dégoté des travaux minables au service de mal élevés imbus d'eux même -qui malgré tout avaient pu m'offrir une chambre sale dans les combles à la superbe vue sur Notre Dame-, j'avais rapidement décidé de retourner accomplir ce que je faisais de mieux: le meurtre.
Et comme je m'y attendais, ça avait vite payé. Paris, Londres…Quelle est la différence ? Sur cette terre, les hommes sont les mêmes, hypocrites, avares et sans aucun srcupules, à se dissumuler sous des masques grimaçants. Et pour se débarrasser des gêneurs, il y a avait toujours du monde ! Evidemment, j'étais grâcement rémunéré, et mon ascenscion fut rapide et glorieuse, les clients devenant plus gras et plus offrants à chaque fois. J'étais libre comme l'air, aussi convoité qu'Apollon et invité à faire parler ma créativité. Je n'étais pas riche comme Crésus, à dépenser à droite à gauche, mais je possédais une vie modeste et confortable.
Je ne devais de compte à personne, et mon passé de criminel d'Angleterre lavé, je pouvais privilégier du statut d'indépendant de renommé, sans craindre de quelquonques représailles d'une organisation dont j'aurai malencontreusement zigouillé le frère…Oups !
En résumé, Paris est la nouvelle vie que j'avais rêvé. Pourquoi donc la quitter alors ? Il y a peu de temps, attiré par les bruits dans le monde de la corruption, un homme particulièrement influent, avais demandé mes services. J'avais rencontré le monsieur. Et avais vite compris que je n'avais aucun interêt à refuser. Un paradis aussi tranquille, je ne voulais pas le briser. Me le mettre à dos aurait été très mauvais pour ma réputation, les affaires…et le reste. J'ai donc accepté.
Je préfère les missions en solitaire, ce n'est un secret pour personne. A mes yeux, les victimes ça ne se partage pas. Et les gênes m'agacent. Mais ce Messire de L'Etang Menteur ne m'a pas laissé le choix. C'est un travail d'équipe. Ca ne me réjouit pas, mais je n'avais pas non plus mon mot à dire. Constituée d'indépendants tout comme d'hommes de mains de ses armoireries, cette équipe gagnante m'affuble de quatre collègues. Nous sommes très prudents et avons prémédités longuement sur la manière d'arrivée à bon port sans éveiller les soupscons de qui que ce soit. Le Renard, voleur et empoisonneur jeune mais de talent, a rejoint l'équipage en tant que mousse. Avec sa frimousse de 16 ans, il passe inaperçu et se fond dans le décor. J'ai moi même embarqué dans la classe la plus basse, longeant dans une chambre à l'hygiène discutable, et Lady Hermine, sulfureuse blonde à la trentaine, à tous les charmes pour être une riche veuve en quète d'un mari dans le nouveau monde. Ah ces français…Qu'ont t-ils donc avec les animaux ?
Lord Sand nous rejoindra donc à la prochaine escale, d'après mes connaissances et Miss Kathy nous attend sur place. Je ne connais pas vraiment leurs abilités, j'en prendrai connaissance quand nous rentrerons en contact, mais au fond, ça m'est complétement égal. Que cette mission se finisse au plus vite, ce bateau est insupportable. J'étouffe dans cette épave de fer, ça me donne la migraine.
J'enfile rapidement une chemise froissée qui déborde de ma valise ouverte. Plus haut j'entends la cloche. Apparement nous arrivons près de la côte. L'arrivée de Sand est imminente. Je dois monter sur le pont pour le repérer discrètement.
"-Londres ! Londres ! Londres à l'horizon !"
Je me fige à l'entente de ce nom. Londres. L'escale était Londres ? Ce devait être marqué sur le contrat mais j'ai du le sauter. Ou l'oublier. L'entente de ce mot à vive voix me fait frisonner. Ca faisait déjà deux ans que je lui avais dit au revoir. Savoir que j'en étais à deux pas me serrait l'estomac de façon étrange. J'y avais vécu beaucoup de choses. Je m'y suis construis. J'ai construis et perfectionné mon indentité de tueur à gage, j'y suis devenu indépendant et…Yume. Oui, j'essaie d'éviter d'y penser depuis que cette ville a été amenée devant mes yeux, mais rien à faire, elle est évidente. Elle a été plus qu'importante pendant l'année précédent mon départ. Que je le veuille ou non, elle fait partie de ma vie. Le noeud dans mon ventre se ressert et je me retourne vers ma valise.
Que penser d'elle…? De ce que nous avons été ? A première vue, une jolie mome pleine aux as un peu paumée. Mais elle est tellement plus que ça. C'était mal parti mais on s'est apprécié. Et je lui ai laissé la possibilité de me revoir. Encore. Encore. Et encore. J'attendais avec impatience les moments où nous retrouvions. On faisait tout et rien. Malgré mes distances, elle a réussit à se faire une place dans mes pensées. Elle veillait sur moi. Je veillais sur elle. Son sourire me faisait du bien. On était plus que des amis, je le savais bien. On peut presque parler d'une histoire d'amour, même si dans les faits, il ne s'est pas passé grand chose. Pas de chance ! Sa vie était toute tracée. Elle était riche et héritière. Moi je n'étais rien. Et elle avait déjà la bague au doigt. Que pouvais-je faire contre ça ? Son fiancé me haissait, il voulait me voir au bagne. Il y a de quoi. Je suis sûr qu'elle m'aimait aussi. Je lui volais ce qu'on lui avais promis. Les derniers mois, notre passion réciproque devenait de plus en plus évidente. Elle m'a mise sous sa protection. Je lui ai prêté allégeance. Je suis devenu son majordome. J'étais à ses côtés. Je pouvais la consoler quand elle faisait des cauchemards. La couvrir quand elle sortait clandestinement. J'étais dans sa vie.
Et puis j'ai eu peur. J'ai eu des opportunités ailleurs. Alors j'ai fui, comme un lâche. Du jour au lendemain, sans un mot. J'ai pris un bateau, ma valise, et j'ai pris le large. J'aurai pu l'emmener avec moi. Et j'ai été tenté. On aurait été deux à Paris. Devenus des n'importe qui. Ensemble. Il se serait peut-être passé quelque chose. Mais je ne suis pas encore assez égoïste pour lui détruite sa vie. Je l'ai laissée. Et c'est cette culpabilité qui me pèse de nouveau sur le coeur. A Paris, j'ai fait de nombreuses conquètes, mais je n'ai jamais eu aucun sentiment. M'amuser, une partie de jambes en l'air… Je pensais de temps en temps à elle. Je la voyais parfois dans les journaux. Alors bêtement, je découpais sa photo et je l'amenai chez moi.
Mais de l'eau a passé sous les ponts. Elle a du me haïr. Elle doit me haïr maintenant. Qu'est elle devenue ? Elle s'est sûrement mariée. Charles-Henri a beau être stupide, il l'aime. Il pourra lui donner l'amour qu'elle mérite s'il a un peu évolué. Elle peut être heureuse maintenant. M'avoir oublié. Avoir des enfants avec elle…Un frisson me parcoure. Non ! Non. Je ne le supporterai pas…Je n'en ai aucun droit pourtant. Quel coeur stupide j'ai là. Je farfouille dans ma valise, jusqu'à dégoter le ruban bleu. Un souvenir d'elle. Je l'accroche autour de mon poignet, avant de monter sur le pont.
L'air frais me fait du bien et je reprends ma contenance. Je m'adosse à un tonneau, face au port, guettant les nouveaux passagers. Je ne devrais pas penser autant à elle. Après tout on ne se reverra jamais. Londres…Ce mot me rend faible. Bientôt, j'aurai quitté le port. Mes pensées pour elle s'évanouiront naturellement. Elle ne redeviendra qu'un souvenir. Je dois me concentrer sur la mission. Je ne peux pas oublier ça maintenant. Derrière moi, le renard astique le sol en chantant une comptine, presque engloutie par le brouhaha du port. Lady Hermine est plus loin, à jouer avec ses boucles blondes. En croisant mon regard, elle me fait un clin d'oeil. Je soupire, irrité. Ce n'est pas le moment.
Je me concentre sur la foule. On s'empresse à monter sur le bateau, tandis que les derniers font leurs adieux. De vieilles femmes à leurs enfants devenus grands, des enfants à leurs fratrie, j'y suis surpris d'y voir un homme d'affaire, très élancé. A ses cotés, une grande blonde recouverte de la tête aux pieds et au visage recouvert par une voilette semble essayer de le réconforter. En effet, l'individu semble désespéré, il s'agite de manière presque démente en direction de l'embarcation sûrement dans l'espoir d'y voir revenir ceux ou celui qui l'a laissé. Je souris. De là où je me trouve, il ressemble un peu à Charles-Henri. Comme quoi tous ces capitalistes sont les mêmes. Peut-être est-il en train de dire adieu à son fils, sa fiancée à son bras ? Peu importe. Une petite fille tend les bras vers le bateau, un peu loin. Sa mère se tient à ses côtés, à renifler dans son mouchoir.
"-Reviens vite grand frère ! Sinon maman va pleurer tout le temps!" S'époumonne la petite.
Tout près, deux amants s'embrassent en larmes. Ils doivent se quitter, mais ni l'un ni l'autre ne le veut. Quelle tragédie, un vrai Roméo et Juliette. La vie est injuste pauvres petits…Vous vous oublirez bien vite. Le port est un véritable théatre humain. Et vraiment déprimant. Je soupire. Londres est bel et bien la ville où j'ai le cafard au final. Je m'impatiente de partir, mon palais semble sec, je ne suis pas très à l'aise. Même ma cabine me semble moins triste. Raah, Sand où es tu ? Je commence à tourner en rond nerveusement sur le pont. Enfin, je l'aperçois.
On me l'avait décrit dans les grandes lignes. Je ne suis pas déçu. Une soixantaine bien entamée, courbé, mais élégant dans son costume, son oeil de verre et ses cheveux longs lui donnent un air redoutable. C'est un homme d'expérience et respecté. Je me demande cependant ce qu'il a qui intéresse Messire L'Etang Menteur. C'est également un individualiste. Il semble aux aguets, presque effrayé. Je fronce les sourcils. Il pose ses yeux sur moi et me montre briévement et discrètement qu'il me reconnait. Il a du avoir mon portrait détaillé. Il s'approche de moi, et fait mine de me bousculer avant de passer son chemin vers sa cabine. Il a évidemment pris soin de glisser un papier dans ma poche de pantalon. Je m'éloigne donc loin des regards pour lire ce message, très bref. Une phrase banale à première vue. Mais elle est codée. De manière primaire, mais suffisante.
"Devons redoubler prudence. Bonne police à bord. Peux compromettre. Derrière moi. Vert."
Je grince des dents. Manquais plus que ça ! Je jette le papier à la mer. Avant de rentrer dans ma cabine, je dois repérer qui sont les individus dangereux. Je retourne donc à mon poste, crispé. Londres…Londres….Quelle poisse. Et puis…Vert ? Quel genre d'indentification est-ce ? Mais c'est quelqu'un de confiance, je dois m'en remettre à lui, je n'ai pas le choix. De nombreux individus passent. Je les analyse faisait mine de flaner. Puis, tout s'éclaire.
Fringuant dans son grand manteau, il évolue à pas sûrs sur le pont, à ses côtés, un jeune garçon aux allures modestes écoutant attentivement ses instructions, presque risible avec ce berêt trop grand et ses bretelles trop serrés. Verts. L'homme à la chevelure entièrement émeraude. C'est donc lui. Je m'approche raisonnablement, pour pouvoir l'observer un peu plus, faisant mine de reconnaitre quelqu'un derrière. Je passe à ses côtés, mais percute l'assistant, qui regardait ailleurs. Je croise son regard un court instant, mais il semble m'avoir devant lui sans me voir.
"-Désolé monsieur ! Je ne faisais pas attention. "
Et ils repartent. Je me retourne sur leur passage. Pourquoi ai-je donc ce sentiment de déjà vu…? Même ce parfum il…Je porte une main à mon front. Le ruban bleu me chatouille le nez. En un instant, tout s'éclaire. Je me précipite vers la rembarde, pendant que les amarres sont rentrées.
Ce jeune homme larmoyant…Il n'était pas que capitaliste. C'était Charles-Henri. Le coeur brisé de voir son aimée partir loin de lui. Je ne le quitte pas du regard, m'assurant de ma théorie. C'est lui, cette fois j'en suis sûr. Mais qui est donc cette douce blonde à son bras ? Je la fixe à son tour. Elle m'est également familière après révision, mais avec la distance, je ne peux rien déduire. Peu importe.
Ces yeux verts, cette fluette silhouette grimée, et ce parfum de lys fâné…
Yume. Yume est sur mon bateau. Et merde.
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| | | Yume
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Sam 3 Déc - 17:26 | |
| - Le Londres d'Après (II):
Quand je me retourne vers elle de nouveau, plus rien. Disparue. …Où-va t'elle ? Je n'en sais rien, sans doutes visiter sa cabine. Elle n'avait pas de bagage, on a du lui porter pour elle, ce qui veut donc dire qu'elle peut être de retour dans les environs très prochainement. Il ne faut pas que je reste là. Avec empressement, je tourne les talons et m'élance à l'opposé du paquebot. Je me serai bien enfermé dans cette boîte miteuse qu'est ma cabine, mais j'ai l'impression d'étouffer. Comme si un homme s'était accroupi sur mes poumons, son regard inquisiteur et moqueur posé sur ma carcasse, se délectant de ma mort prochaine. Ce serait du vol de mode opératoire ! C'est si agréable, pourtant, de voir la lueur de terreur dans les yeux du vulnérable en dessous. Je m'avachis sur un des bancs mal vissé, réservé à la classe économique et soupire.
Elle est là. Et autant dans mes divagations est-elle une figure agréable et réconfortante qui me pince le coeur de regrets, dans ce contexte, à l'instant présent… Je voudrais la voir loin. Très loin ! Le plus loin possible ! J'avais un mauvais pressentiment sur ce voyage mais je ne m'attendais pas à ça…A tout sauf à ça ! Qui l'aurait cru ? Ma plus grande source d'inquiétude est une donzelle qui est généralement étouffée de corsets ! Que feraient mes nouveaux compagnons s'ils me voyaient ? Sans doutes riraient t-ils de moi. Mais ils auraient bien tort.
A l'époque, déjà, Yume ne faisait pas dans la dentelle. Malgré les apparences, elle n'était pas la définition même de la demoiselle raffinée. Cette évidence m'a d'autant plus frappée quand j'ai commencé à côtoyer mes premières françaises. Si précieuses et correctes, soucieuse du moindre détail et craintive de la petite poussière qui pourraient salir leur image immaculée et pure. Ça m'avait bien ennuyé. Les caprices, les manières…Ce blabla inutile. J'étais bien plus à l'aise avec cette petite anglaise. Il n'y avait pas de chichis. A courir dans les champs en criant et à rire à gorge déployée. Quelqu'un de fondamentalement libre dans l'âme, voilà ce qui m'avait plu. Mais ce sont ses chaînes qui m'avaient poussé à l'abandonner. Quelle ironie, je pourrai en rire. Pas encore assez libre pour moi. Je secoue vigoureusement la tête: je m'éloigne du sujet !
Maintenant, deux ans s'étaient écoulés. Deux ans pendant lesquels j'avais changé. Pendant lesquels elle a changé. Comment ? Je ne sais pas, et c'est bien cette ignorance qui me sert l'estomac. S'est-elle mariée ? M'aime t-elle encore avec la même ferveur qu'autrefois, désespérée…? Ou bien le goût de la vengeance l'aurait tentée, et sa passion aurait muée en haine aveugle, la transformant en une véritable furie ? L'un comme l'autre, j'en serai très gêné. Comment réagir face à cela ? Le mieux serait qu'elle m'ait effacé de sa mémoire. Que je sois un étranger. Mais je ne suis pas naïf, seule la magie pourrait avoir un tel effet. A moins que…Stop. Toutes ces spéculations vont me rendre taré. Il faut que je revienne à l'essentiel. Pourquoi va-t-elle en Amérique, surtout sans Charles-Henri ? Non, surtout avec cet homme inconnu ? Il ne faisait pas parti du cercle de ses connaissances quand je suis parti, mais après tout… Je ne suis pas très à jour. Le fait qu'il soit policier est-elle une coïncidence…? Son visage m'est familier, mais pourtant, impossible de mettre un nom dessus. C'est sans importance.
La seule et terrifiante conclusion, c'est que sa présence et celle de Yume mettent gravement en péril notre mission. Il faut donc redoubler de prudence, surtout à l'égard de la demoiselle. Elle connaît mon passé d'assassin. Elle avait fermé les yeux dessus autrefois. Mais à présent, avec cet homme de loi à ses côtés et une possible hargne, elle serait bien tentée de me causer du tort, cette petite peste. Mais avec un voyage aussi long ce sera bien ardu. Traverser l'Atlantique, ça prend du temps ! Il y aura bien un moment où notre confrontation sera inévitable. Je fronce les sourcils. Non. Je dois tout faire pour que ça n'arrive pas. Je me lève, pris d'un frisson. L'air se rafraîchit. Je ne prends pas le temps de me questionner sur mes sentiments pour elle. Mon amour est-il resté le même ou s'est t'il écaillé…? C'est sans doutes mieux de ne pas savoir. De toutes façons, ça ne changera rien. Mon travail avant tout.
Après un dernier soupir, les mains dans les poches, je quitte à pas lents le pont glacé. Le soleil monte peu à peu dans le ciel, mais le brouillard matinal enveloppe encore le paquebot luxueux, tandis que le vent se glisse sous les manteaux des quelques passagers hardis présents si tôt dans la journée. La plupart des passagers sont bien au chaud dans leurs cabines, à dormir paisiblement, à dépaqueter leurs bagages ou tout simplement à attendre que le froid se dissipe. Il vaux mieux pour moi d'en faire de même. Arrivé près de l'escalier s'enfonçant vers la rangée des miséreuses chambres, Je me retourne brièvement. Le Renard est là, toujours a astiquer le sol. Personne n'est dans les environs, mais mieux vaut ne pas parler affaires ici. N'importe qui peut arriver à tout moment. Nous pourrons tous nous retrouver plus tard, quand le temps sera venu. Quoiqu'il en soit, il s'autorise tout de mêmes quelques familiarités. Un rictus malicieux se dessine sur sa frimousse orangée.
"-Tu en fais une de ces têtes camarade ! Tu es pâle…Enfin plus que d'habitude quoi. Tu as vu un fantôme ?"
Je ne réponds pas, si ce n'est par un claquement de langue méprisant. Je ne suis pas d'humeur à répondre à cette moquerie. S'il savait à quel point il avait raison. Au lieu de ricaner, il ferait mieux de se trouver un bel alibi, maintenant que ce poulet est à bord. Mais ça, je ne l'exprimerai pas à haute voix. J'ai accepté de coopérer, mais je ne suis pas une nourrice. Ici, chacun pour sa poire. Je me détourne de lui et descends les marches. Je l'entends se plaindre derrière moi.
"-Eh ! On peut dire que t'es pas du matin toi ! "
Je le laisse à son travail peu amusant et me retrouve de nouveau dans l'espace que je voulais tant fuir il y a peu de temps. Étrangement, l'endroit me semble plus paisible. L'odeur n'est pas si atroce que cela et malgré le parquet peu hygiénique et les quelques secousses, je m'y sens plutôt bien. Je pousse un peu la valise vers le coin de la table pour y faire de la place et ramène la chaise en bois sagement calée près de la porte. Elle semble pouvoir s'effondrer à tout moment, tant elle est usée. Tant pis, je ferai avec. Je m'assois dessus et extirpe de mon bagage différents documents, concernant ma mission, mon alibi et mes coéquipiers. Je m'efforce de me concentrer dessus, mais mon esprit est toujours dérangé par la présence de Yume, pas loin au dessus de moi. Le ruban autour de mon poignet me brûle. J'essaie de ne pas y prêter d'attention.
Andrey Riley Scott, neveu d'avocat et récemment orphelin. A comme objectif de rejoindre son oncle au nouveau monde et de s'y marier. Voilà qui je suis officiellement sur ce navire, et je dois faire attention à bien m'y cantonner. Le moindre faux pas pourrait me coûter très cher. Une fois hors du bateau, je serai Adam Riccoleti, journaliste politique à l'étranger, métier parfait pour me rapprocher de ma première victime, Sénateur. Mes autres couvertures me seront donnés sur place, par Miss Kathy, qui se fera passer pour mon épouse ou ma sœur. Sand, Le Renard et Lady Hermine feront bande à part. Nous nous retrouverons au moment T. L'assassinat !
Après avoir lu et relu la paperasse -ce qui a eu pour effet d'apaiser mon esprit temporairement-, je la trie et la dissimule dans le double fond de ma valise bien au chaud avec mes jouets tranchants et autres instruments. Il ne faudrait pas que des fouineurs tombent dessus ! Quelle heure est-il ? Sans doutes midi passé. En tous les cas, mon estomac crie famine. Il est vrai qu'hier soir j'étais trop occupé pour me préoccuper de me remplir la panse. Si je veux avoir un corps vif, il faudrait peut-être que je revoie mon sens des priorités… Je m'étire. Il est temps d'aller grignoter un petit quelque chose. Sans regrets, je quitte de nouveau mon antre de fortune.
Dehors, l'air est toujours frais, mais cette fois-ci, agréable. Le pont s'est rempli : bourgeois et le petit peuple s'affairent ou se détendent. Je balaie l'espace du regard, aux aguets. Est-ce qu'elle est là ? Je ne veux surtout pas me faire repérer. A première vue, de jolies européennes, mais pas de Yume. Des hommes occupés ou assoupis mais pas de Yume. Je commence donc à évoluer vers la salle de billard. Je l'avais repéré lors du premier jour de ma traversée: elle est constituée d'un bar où des encas sont servis ainsi que d'un espace de jeu. Riches et modestes s'y mélangent et peuvent même y discuter. Elle est ouverte sur plusieurs autres salles, démarquée par des rideaux rouges devant chaque sortie. Une pièce emplie d'échappatoire, mais pas seulement! Dans les coins, des minuscules boudoirs y sont aménagés, dissimulés par des rideaux bleus cette fois. Sans doute pour laisser à ses clients de…l'intimité si nécessaire. C'est le lieu parfait pour moi. Je peux m'y détendre mais me replier si des invités incongrus s'y pointent. Comme pour symboliser le mélange des classes sociales, la salle se trouve au milieu de l'embarcation, formant une limite entre croisière de luxe et trajet peu coûteux.
J'arrive au niveau de la cabine du capitaine, bloc émergé sur la surface plane du pont. Normalement, je n'ai qu'à en faire le tour et je trouverai l'entrée, se situant juste en dessus de la salle de contrôle. Autour de moi, le décor a radicalement changé: des bancs lustrés et bien entretenus, une douce musique et des serveurs attentionnés complaisent la traversée des plus riches aux costumes ou jupons en soie. Il est vrai qu'il s'agit là de la partie idéale du paquebot: Moins sensible aux turbulences et près de la salle des fêtes, ainsi que des canots de secours. Je détourne le regard, un peu méprisant. Je peux entendre des bribes de conversations. Des femmes se plaignent de l'odeur des hommes de la classe économique et conseille en riant de les jeter par dessus bord. Je n'ai pas de temps à accorder à ceux qui piétinent tous les jours des braves gens.
Elle est là. Je retiens mon souffle et me dissimule derrière le mur de la cabine. A pas légers, sans un regard, elle dépasse les autres aristocrates. Certains regards s'attardent sur sa jolie silhouette. Elle a abandonné ses bretelles trop grandes pour une robe blanche simple et sans prétention, qui pour autant ne manque d'élégance. Ses cheveux ont poussés, chatouillant le milieu de son dos, retenus par un volumineux ruban bleu. Sous son bras un cahier ainsi qu'un document ficelé par un noeud. Elle s'arrête devant la rambarde donnant sur l'océan, songeuse. Son immobilité et mon attention me permettent de pouvoir l'observer plus attentivement. Ces deux ans lui ont bien réussi.
Elle a un peu grandi. Des courbes de femme commencent à se deviner, malgré le tissu et son visage s'est affiné, lui attribuant des airs un peu plus adulte, bien que son charme candide soit encore omniprésent, comme une marque de fabrique. Elle est sublime. Mon coeur en manque un battement. Je suis comme figé sur place, dans l'instant, maintenant que je suis confronté à elle. Elle ne bouge pas, si ce n'est qu'elle respire, les yeux perdus dans l'océan. A quoi pense t-elle ? Londres lui manque peut-être. Je me ressaisis. Elle est bien jolie, il est vrai, mais quand je suis loin. Je ferai mieux de ne pas rester là. Elle pourrait remarquer ma présence. Tandis que je me faufile de manière discrète vers mon objectif, j'aperçois le policier à la chevelure émeraude la rejoindre. Elle lui sourit. Je suis à présent si proche que je peux entendre sa voix, qui elle, n'a pas changé:
"-Vous avez failli me faire attendre inspecteur !"
Mon anglaise rit. A son comportement, je vois qu'elle apprécie cet homme. Ça ne me plait pas beaucoup. La porte est à présent à quelques pas, mais je ne quitte pas le duo des yeux. Elle lui remet les documents, qu'il semble éplucher du regard. Puis il lui tend le bras, et tous les deux, s'éloignent vers le côté opposé. Bientôt, je ne les vois plus. La tension se relâche. Je ne sais pas quoi penser de ces derniers instants. Je n'ai pas le temps de réfléchir: mon estomac produit un gargouillis disgracieux. Il faut que je mange. Mon bilan et mes pensées inutiles peuvent attendre. Je m'engouffre alors dans la salle de billard, dont une mélodie de jazz étouffée s'échappe.
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| | | Yume
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Dim 18 Déc - 23:35 | |
| - Le Londres d'Après (III):
Après avoir franchi quelques marches, je pose enfin le pied sur le tapis rouge qui me mène droit à mon repas. Je m'arrête, quelques instants, m'imprégnant de l'atmosphère de la pièce. Les musiciens regroupés dans un coin jouent ensemble leur mélodie, recouverte par un léger brouhaha du aux nombreuses personnes qui discutent. L'odeur forte du tabac mêle à celle de la transpiration et de la viande grillée vient agresser mes navires, contrastant à l'air marin léger que je quittais à l'instant. Étonnamment, je préfère cette ambiance lourde, plus familière. Je redeviens un inconnu parmi tant d'autres. Je me dirige donc vers le bar et m'installe sur un siège libre, pensif. Le barman m'accoste aussitôt et au presque hasard, je lui intime le plat du jour. Satisfait, il me laisse en paix, pour simplement reposer l'assiette fumante, quelques minutes plus tard. J'insère mécaniquement la substance fumante dans ma bouche, analysant la pièce. Je ne dois pas me laisser de répit, je ne veux pas penser à ce que je viens de vivre. Je dois garder tous mes sens et moyens déployés en cas de besoin. Cette magnifique petite idiote a déjà pris assez de mon temps de pensée aujourd'hui. Bien qu'elle soit partie avec le policier dans le sens opposé, je suis tendu. J'ai l'impression stupide qu'ils sont sur le point d'entrer d'une minute à l'autre. Je finis d'avaler en vitesse ce que l'on vient de me servir et me retourne vers la porte. Au moins je serai prêt. Je remarque alors Sand. Il est en compagnie de trois hommes qu'il a sûrement rencontré ici, à jouer au billard. Il sourit malicieusement, le regard malin tourné vers un homme en particulier. Celui-ci se démarque clairement des autres, de par ses parures que par son attitude extravagante. Il attire d'ailleurs de nombreux regards, un peu partout dans la pièce. Vêtu d'un long manteau au col de fourrure, chaussé de grandes bottes noires chatouillant ses genoux et mâchouillant un cigare, le grand inconnu semble provenir d'un milieu aisé. On peut deviner une musculature certaine derrière son épaisse fourrure, mais il boite, comme le laisse présager sa belle canne ouvragée. Il n'est pourtant guère vieux! Il donne une trentaine voire une fraîche quarantaine, et malgré ses oreilles énormes et son long menton, sa mâchoire carrée recouverte d'une barbe de trois jours, sa chevelure brune rabattue sur son crâne et son regard pénétrant dégagent un charme certain. Il a quelque chose d'animal. Je crois presque voir un magnifique grizzli attablé à cette table de billard. Pas étonnant que Sand souhaite se rapprocher de lui. Il ne cotoie que les personnes intéressantes. Je décide donc de me glisser vers eux, de manière discrète et naturelle, pour observer de plus près, Yume envolée de mon esprit. Je peux à présent les entendre. L'inconnu éclatant possède un bel accent russe, mais pas désagréable à entendre, doublé d'un certain talent d'orateur. Quand il s'exprime, tous les regards sont sur lui et je vois qu'il adore ça. Son corps entier est perpétuellement en spectacle: ses mains jouant avec sa canne, sa tête se dodelinant de manière dramatique et ses pas, calculés et boiteaux, pourtant très élégants. Je suis très curieux. Qu'à t-il donc de spécial si ce n'est cette aura spectaculaire ? Sand n'est pas à ses côtés à minauder sans raisons. C'est vrai que je vois briller dans ses yeux une grande intelligence. C'est un individu qui me plait déjà. Mais je n'irai pas lui parler. Pas maintenant en tous cas. Je ne suis pas dans mon meilleur état et je ne veux pas risquer de ruiner les efforts de Sand et de me le mettre sur le dos avec ça. Je me contente donc d'analyser, assis sur une fauteuil rouge, dissimulé par la masse insignifiante. Bientôt, on fait appeler le russe. Lui et sa cour se dirige donc vers un boudoir d'intimité, derrière les rideaux. En chemin, Sand me repère et s'arrête, à ma grande surprise pour s'installer, nonchalamment dans le fauteuil voisin au mien. Il ne me regarde pourtant pas. Je vois. Je peux m'adresser à lui sans éveiller trop de soupçons, étant dans un lieu d'échange libre, mais je dois rester impersonnel et lui aussi. Comme des inconnus qui discutent. Je lui demande donc, prenant une mine impressionnée et admirative: "-Qui était l'homme avec vous ? Il était très charismatique! " Il se retourne vers moi, nos regards se croisent. Si lui aussi devait avoir un nom d'animal, je l'aurai surnommé "le serpent". Et c'est un compliment. "-Il s'appelle Igor Victor Stanislas, mais on l'appelle Monsieur Stanislas. C'est un russe qui vient étendre son affaire vers le nouveau monde. Il est apparemment dans le spectacle. C'est un joueur redoutable ! " Bon, ce n'est pas grand chose, mais c'est déjà ça. J'ai son nom et bien que sa profession soit vaguement donnée -ce qui attise encore plus ma curiosité-, je peux mieux cerner le personnage. Sand se désintéresse de moi, pourtant, je reste à ma place. S'il ne part pas encore, c'est qu'il y a une raison. Est-ce pour ne pas éveiller les soupçons ? Attend-il quelque chose de ma part ? Je ne partirai pas avant lui par prudence. Il s'empare du journal sur la table et le parcoure avec grande attention, annotant parfois quelques éléments intéressants, comme un journaliste. Je comprends alors qu'il souhaite me laisser un message. Une fois celui-ci fini, il me le rend avec un sourire de façade, glacial. "-Je vous conseille de l'emporter avec vous dans votre cabine ! L'article sur l'économie y est magnifiquement écrit !" Et il me laisse, rejoignant Monsieur Stanislas sans se presser. Pour ma part, je quitte l'endroit, le papier sous le bras. Malgré mes craintes, j'avais pu regagner ma chambre sans le moindre soucis, et sans mauvaise rencontre. Renard avait changé de poste. Je n'avais pu apercevoir que la chevelure blonde de Lady Hermine au loin. Pas plus mal. Je me repose donc de nouveau sur la vieille chaise en bois, et je déplie le journal. De nouveau un code, basique, dissimulé derrière quelques commentaires futiles sur l'article. "Regarde dans le manuel des contacts que t'as donné L'Etang Menteur. Post-scriptum: On ne m'avait pas menti, tu as l'air d'avoir un potentiel." Je ne relève pas la remarque et me penche directement dans les documents, plutôt remis dans le double fond de ma valise. Je les épluche rapidement. C'est vrai que mon patron m'avait constitué un manuel de possibles relations et criminels, que j'avais rapidement feuilleté. Il y avait un peu trop de page à mon goût, je m'étais uniquement penché sur mes futurs compagnons ou ceux que je risquais de croiser au nouveau monde. Mon commanditaire était un homme maniaque, il avait classé le tout par ordre alphabétique. Il me fut alors aisé de trouver le nom de Igor Victor Stanislas. Un petit paragraphe lui était consacré, que je m'empressais de lire: "Igor V. Stanislas, fils d'un russe et d'une française immigrée a grandit et vit en Russie. Il a fait de grandes études d'histoire et de commerce, possédant un esprit brillant, mais il les a abandonnées en cours de route, tout cela pour sa passion, le théâtre. Malheureusement, il n'eut aucun succès et finit à la rue, sans aucun diplôme utile. Il passa alors dans le monde du crime. Il organisa des enchères illégales, puis anima des paris. Ses talents d'orateurs et son sens du spectacle lui donna le succès qu'il avait manqué. Il s'enrichit alors et devint alors un célèbre président d'une organisation de combats d'animaux féroces illégaux, qui eurent un succès monstre. Il présida chaque show lui même. Il a une devise: "Le public n'a jamais tort." Rempli d'assurance, il passa à l'échelon supérieur et innova: combats entre humains. Il s'est inspiré du concept des gladiateurs, qu'il a modernisé à sa guise. Il eut de nouveau un succès phénoménal, plus grand encore que les précédents. Il enlève souvent ses victimes dans la rue, sans abris ou âmes perdues. Il parle de nombreuses langues: Russe, Français, et Anglais, et c'est un homme très cultivé. Il vaut mieux l'avoir dans ses amis qu'ennemis. Il boite mais est très dangereux par son talent de manipulation de masse." Je fronce les sourcils. Ce manuel n'est pas très à jour: il ne précise pas ses envies de conquêtes… Cependant, toutes ces informations me sont très utiles et m'éclairent bien des choses… Des combats entre humains. Je me demande à quoi cela ressemble. Je suis très curieux. C'est décidé, ma proie ce sera lui. Je compte bien faire de lui mon camarade et ami. Il pourra m'être très utile. Et je pourrai en savoir davantage sur ses projets et peut-être y prendre part, avec un peu de chance. Cela doit bien payer. Tant que je ne m'éloigne pas de ma mission première, rien de mauvais ne sortira de cet objectif. De plus, je pourrai côtoyer Sand sans éveiller de soupçons. Que de bénéfices. Je me lève et m'allonge quelques instants sur la couchette, et ferme les yeux. J'ai besoin de faire le vide dans mon esprit, et réfléchir à la meilleure manière de pouvoir m'intégrer à ses côtés de manière naturelle et lui donner une bonne impression. Cependant, on ne m'en laisse pas le temps. On frappe à ma porte. Je grogne et me redresse, et me précipite pour ranger les documents à leur place dans la valise. On insiste. Je réponds en grognant. Qui cela peut-il être ? Renard entre en sifflotant. Je soupire, agacé. Que vient-il faire là ? J'espère qu'il a une bonne raison pour venir me déranger. Cet idiot serait capable de venir me parler du travail alors que n'importe qui pourrait nous entendre... Je le fixe, silencieux. "-Nettoyage de chambre ! " il glapit. Je vois. Je m'assied alors sur la chaise, attendant qu'il quitte la cabine. Il nettoie, époussette et frotte. Il prend son rôle très à cœur. La pièce n'est pas grande, alors il ne prend pas longtemps à faire le tour. Avant de partir, il pose en évidence un papier roulé sur une étagère, et s'en va. Un message. Déposé de manière grotesque. Mais cela ira pour cette fois. Je le prends et le déroule. Même pas codé. Je soupire. C'est encore un débutant. "Lady Hermine a trouvé un endroit pour la réunion de ce soir. 19 heures, salle des fêtes. Nous serons seuls. Il faut juste que tu ne te fasses pas repérer sur le chemin et tout ira bien. Bisous ! Renard"
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| | | L'Ecrivain Autorité Suprême
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Jeu 26 Jan - 12:01 | |
| Une promesse est une promesse, hop, lecture !!
Chapitre I :
J'apprécie le début du texte, qui commence plutôt doucement jusqu'à la mention casuelle du meurtre, c'est une bonne chose de surprendre le lecteur d'entrée de jeu : le narrateur est donc un meurtrier, et même un tueur à gage.
Grâcement rémunéré = l'expression populaire est "grassement rémunéré" ! Ou tu peux dire "gracieusement", mais "grâcement" n'existe pas, à ma connaissance ^___^
"Je ne devais de compte à personne, et mon passé de criminel d'Angleterre lavé, je pouvais privilégier du statut d'indépendant de renommé, sans craindre de quelconques représailles d'une organisation dont j'aurai malencontreusement zigouillé le frère…Oups !" => Cette phrase m'a gênée. Comment compte-t-il laver son passé de criminel d'Angleterre ? En se faisant oublier en France, avec un nouveau départ ? Ses mots impliquent autre chose (par exemple, qu'il a été gracié pour ses crimes). Il faudrait plutôt dire "laissé derrière moi" plutôt que "lavé", car son passé criminel ne disparaîtra pas d'Angleterre, c'est bien la raison pour laquelle il veut aller ailleurs pour profiter d'un statut plus professionnel.
Deuxième point de la phrase, une organisation peut être une personne morale au regard du droit, certes, mais cela m'étonnerait qu'il soit possible d'en tuer le frère. Il faut préciser ici quel frère a été tué : le frère du chef de l'organisation, le frère d'un membre éminent de l'organisation, sinon ce n'est pas très français !
Messire de l'Etang Menteur ! Un nom très classe, j'approuve. Cela commence à me rappeler le type d'aventures dont je raffole, avec un mystérieux commanditaire et une équipe de talents tous très différents et chacun avec sa personnalité. La remarque sur l'obsession des français avec les noms d'animaux est amusante !
Abilités = Tu as sûrement été influencée par le mot anglais "abilities", mais ici, c'est "habiletés", ou alors le mot du vieux français "habilités" si tu es attachée à la prononciation.
L'escale à Londes est une parfaite façon d'amener le passé du narrateur sous son nez sans plonger dans un flashback dénué de liens avec l'action. Le cheminement de pensées est donc logique, Londres lui rappelle des souvenirs, avec la mention de Yume, donc, une demoiselle qui a laissé une impression durable et cela donne un joli paragraphe pour décrire qui elle est et leur histoire. "Je la voyais parfois dans les journaux" => Hum, elle est donc plus ou moins célèbre ? Il faudrait que cela reste cohérent par la suite, si jamais elle apparaît dans le récit.
Avoir des enfants avec elle = Je me suis fait le devoir de laisser passer les fautes d'inattentions et de me concentrer uniquement sur les grosses fautes qui pourraient porter préjudice à ton français ou à la compréhension du texte, mais là, je me fais plaisir et je corrige une minuscule faute : ce n'est pas elle, mais lui. Sauf si le narrateur fantasme au fait d'avoir des enfants avec Yume, ce qui n'est pas en accord avec le reste de la phrase !
C'est drôle de constater que pour un tueur professionnel, il est plutôt sentimental.
A ses cotés, une grande blonde recouverte de la tête aux pieds et au visage recouvert par une voilette semble essayer de le réconforter => Ce n'est pas possible dans cette description d'utiliser deux fois "recouvert" alors que tu dis juste avant "recouvert de la tête aux pieds". Et recouverte de quoi, d'ailleurs ? Il faut être plus précis : "Une grande blonde bien couverte, le visage dissimulé par un voile, semble essayer de le réconforter". Car "recouvert" implique de préciser derrière ce qui recouvre, alors que "couvert" est plus neutre et permet simplement de qualifier par exemple une personne chaudement couverte face au vent marin. Si tu veux donner l'idée de quelqu'un qui a quelque-chose a caché, "Une grande blonde dont le moindre centimètre de peau était couvert de vêtements" ? Tu es douée pour les descriptions, n'hésite pas à extrapoler =)
"Vous vous oublierez bien vite" = Ah ! Intéressant. Le narrateur essaie-t-il de se convaincre lui-même, ou a-t-il oublié qu'il est toujours profondément attaché à son amour perdu même après deux ans ? En tout cas, excellente description de l'escale à travers les relations humaines qui s'y déroulent.
Alors, trois choses sur cette fin. Excellente entrée du policier aux cheveux verts (que je sais être Full, évidemment, je te fais confiance pour l'utiliser correctement ^__^) et de Yume, avec cette petite bousculade. Yume l'a-t-elle reconnue, ou était-elle trop absorbée ? Mystère mystère. Deuxième chose, je veux bien que le narrateur soit un tueur intelligent et observateur, mais comment peut-il trouver familière une personne dont la seule caractéristique majeure est la couleur de ses cheveux, et qui est, je cite, "recouverte de la tête aux pieds" ? o_o Surtout que ce détail ne semble pas majeur, l'action est transférée sur le navire et à moins que Charles-Henri et la blonde mystérieuse quitte l'Angleterre par le prochain navire, on ne risque pas de les revoir. Enfin, troisièmement, j'ai failli exploser de rire. "Yume est sur mon bateau". C'est tellement dramatique et comique à la fois, comme déclaration pour clore le chapitre x)
En résumé, un chapitre extrêmement intéressant, qui présage du très bon pour la suite. Je suis curieux de voir les interactions entre les assassins, Yume, et le grain de sable dans les rouages (l'inspecteur jugé assez compétent pour effrayer un "homme d'expérience" criminel). Petit conseil pour la suite, tu as tendance à confondre "à" et "a" du verbe "avoir". Tu ne dois pas faire "L'homme à la chevelure entièrement émeraude", mais "l'homme a la chevelure entièrement émeraude", puisque tu l'entends comme une phrase. Pareil pour "Lady Hermine à tous les charmes pour", c'est "Lady Hermine a tous les charmes pour".
Chapitre II :
On est directement plongé dans la réaction du narrateur face à l'apparition de son ancien presque-amour. Jolie métaphore de l'homme assis sur ses poumons, cela dégage bien l'idée de choc, tout en rappelant que le narrateur est un tueur appréciant la supériorité que cela lui confère. C'est très bien, aussi de faire le point sur ce que cela signifie, d'avoir Yume à bord ! Non seulement sa réaction en voyant le narrateur serait imprévisible, mais elle est une potentielle menace, couplée à l'inspecteur.
"Je ne prends pas le temps de me questionner sur mes sentiments pour elle. Mon amour est-il resté le même ou s'est t'il écaillé…? C'est sans doutes mieux de ne pas savoir. De toutes façons, ça ne changera rien. Mon travail avant tout." = Je trouve cela un peu déconcertant. Le chapitre d'avant démontrait bien que l'affection était toujours là, jusqu'à découper des photos dans un journal et conserver le ruban enroulé autour du poignet. L'homme est un professionnel, cela, c'est cohérent, mais la question n'est pas de savoir si l'amour est resté le même, c'est de savoir si Yume est toujours celle que le narrateur est venue à aimer.
Première intéraction avec le Renard, qui montre son caractère juvénile et le fait que ce soit le benjamin de l'équipe. Et cela donne aussi un point de vue intéressant sur le narrateur, dont on ne connait pas le visage : il est pâle d'ordinaire, mais la situation le fait blêmir davantage. Même si il est concentré sur sa mission, il ne peut pas empêcher la présence de Yume de l'affecter. C'est encore appuyé plus tard par la "brûlure" du ruban et la difficulté qu'il a à se recentrer sur son travail. Bien !
Sauf que ce n'est pas très professionnel de trimbaler des documents papiers à propos d'une mission criminelle. Pour quelqu'un d'expérimenté, c'est là une très grosse erreur. Les documents auraient dû être mémorisés puis brûlés aussitôt appris par coeur. Ah, j'ai parlé trop vite, il y a un double-fond dans sa valise. Hum. Pas sûr que cela soit très malin tout de même. De même pour les outils et les armes. Cela aurait été moins risqué de se les procurer une fois sur place. Surtout que Miss Kathy, membre de l'équipe, est sur place et aurait pu s'occuper de la logistique ! Enfin, je chipote pour pas grand chose ^__^
Je n'ai pas de temps à accorder à ceux qui piétinent tous les jours des braves gens. => C'est une remarque un peu hypocrite de la part d'un tueur qui apprécie le sentiment de vulnérabilité chez ses victimes. Va-t-on apprendre qu'il ne vise que les gens désagréables ? ^__^
La description de Yume est bien maîtrisée, très belle et élégante. Tu es décidément adroite pour ce qui est de décrire une scène ! Cela montre que le narrateur est toujours sensible à ses charmes, voir même davantage maintenant qu'elle a grandie, mais qu'il reste prudent et garde ses distances. La jalousie palpable qui vient ensuite est logique. Maintenant, d'autres questions se posent ! Que font Yume et l'inspecteur sur ce navire ? Ont-ils eu vent de la mission des assassins ? Comment vont réagir ces derniers ? Puisque le narrateur se dirige vers la salle de billards où se mêlent les riches et les pauvres, peut-être rencontra-t-il un autre de ses camarades. Je pense surtout à Lord Sand, dont le titre n'est sûrement pas accessoire, et en tant que membre de la classe "mondaine", il devrait être là à se socialiser. Une discussion avec lui à propos de l'inspecteur aux cheveux verts serait la bienvenue, dans une alcôve, à l'abri des oreilles indiscrètes.
C'est bien, tu prends ton temps et cela donne encore plus envie de lire la suite ! Et tu t'améliores au niveau des fautes, je n'en ai pas détecté ! La clé est de se relire attentivement !
Chapitre III :
L'entrée dans la salle de billards est chouette, avec une ambiance auditive et olfactive immédiate ! Après, cela se voit que tu as écris ce passage assez rapidement, ce qui contribue à la force de la description (une inspiration puissante donne un écoulement fluide des mots), mais génère des petites fautes d'inattentions, notamment "mes navires" au lieu de "mes narines" et la répétition de l'adjectif "fumant" en ce qui concerne l'assiette et son contenu. Le narrateur a déjà dit que l'assiette était fumante, il n'y a pas lieu de préciser à nouveau que le contenu qu'il enfourne fume !
Cette magnifique petite idiote => Le narrateur est à la fois agacé et charmé, bonne idée de l'exprimer ainsi ! Il a envie d'arrêter d'y penser, mais il y pense quand même.
Encore une fois, petite répétition un peu lourde par rapport au sourire et au regard de Sand. Il sourit malicieusement et a le regard malin. Peut-être remplacer par un synonyme serait plus digestif, comme "roublard" ^__^ Via Sand, on est directement happé par la présentation d'un nouveau personnage, un personnage que l'on présage important puisque Sand, coéquipier expérimenté du narrateur, semble s'y intéresser. Et on a encore le droit à une superbe description, très méthodique puisque le narrateur est dans un rôle d'observateur, de guetteur à l'affût de tout ce qui pourrait compliquer ou faciliter sa mission.
Le serpent => Le thème animal devient de plus en plus présent, après le renard, l'hermine, le grizzli, voilà le serpent. C'est adéquat par rapport à l'initiale de Sand et surtout son oeil de verre, que j'imagine lui conférer un regard plutôt reptilien. Après, la qualification semble aussi flatter l'intelligence du Lord. Hum. En parlant de cela, je trouve cela assez ingénieux de rappeler la présence de Lady Hermine par l'éclat de ses cheveux blonds que l'on aperçoit de temps à autre.
Messire de l'Etang Menteur est donc un maniaque absolument préparé à tout. Associé à son sobriquet, cela ne me dit rien qui vaille. Peut-être a-t-il prévu des machinations complexes pour e débarrasser de ses employés, une fois le travail accompli.
Voilà que se superpose un nouvel objectif, par-delà la mission première qui demeure nimbée de mystères et le fait de ne pas se faire repérer par Yume : faire copain-copain avec Igor Stanislas, dont l'historique indique que c'est un homme de poids et redoutable. Du point de vue du narrateur, c'est logique, s'associer avec les forts pour se ménager des offres d'embauches à l'avenir. C'est un peu comme déposer son CV ! Après, il faut qu'il soit en accord avec son identité du moment, à savoir un neveu d'avocat cherchant à se marier dans le Nouveau Monde.
La scène du nettoyage appuie encore plus l'idée que Renard est jeune, nouveau et surtout moins adroit que ses collègues. En comparaison avec Lord Sand, il est peu discret, en plus de se montrer un tantinet arrogant. J'aime cette continuité ! Et avec l'annonce de cette rencontre entre les assassins, cela permettra de découvrir un peu plus la personnalité de Lady Hermine, la seule que le narrateur n'a pas encore personnellement fréquenté. Miss Kathy, elle, est réservée pour l'arrivée au Nouveau Monde. Je suis curieux de voir comment les événements vont se dérouler. Les assassins vont forcément aborder le sujet de l'inspecteur aux cheveux verts. Vont-ils agir ?
Je t'encourage à continuer ton récit, il est prometteur ! =) | |
| | | Yume
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Mar 4 Avr - 21:11 | |
| - Le Londres d'Après (IV):
Je fronce les sourcils et laisse échapper un lourd soupir. Celui-là alors… On a beau m'avoir chanté ses louanges, il commence à m'agacer sérieusement. Ses enfantillages auraient pu m'amuser -à un autre moment sans doutes- , mais dans une telle situation.. je ne suis pas d'humeur. Heureusement pour moi, tous mes collaborateurs ne sont pas tous comme lui. Au moins, a t-il le mérite de cacher bien son jeu ! A le regarder, qui pourrait se douter un seul instant du danger qu'il représente ? Bien qu'il soit débutant et qu'il ne fasse le poids devant aucun d'entre nous, il reste une aide utile… pour le moment du moins. A vrai dire, j'ai la crainte que son manque d'expérience et de discrétion ne nous compromette, d'une façon ou d'une autre … J'espère que son attitude changera après la réunion de ce soir.
Je retourne m'assoir sur le lit de fortune, la tête dans les mains. J'ai hâte d'y être. Maintenant que nous sommes presque au complet, nous allons enfin pouvoir échanger librement. La mission, nos objectifs… Et de notre nouveau problème. La traversée semblait si tranquille sur le papier ! Voire même barbante. Mais voilà que cet espèce… d'étalon avec son long manteau débarque. Pire encore : Yume. Elle qui me revient dans la figure comme une gifle, me troubler et potentiellement me mener à ma perte. C'était de loin la pire union possible, ces deux là. Que font ils ici, ensemble ? Est-ce que nous aurions été compromis, d'une manière ou d'une autre…? Se serait elle dévouée pour l'assister et me reconnaitre, à charge de revanche..? Non. Non, je refuse d'y croire. Pas Yume. Ce n'est pas son genre. Du moins…Ce ne l'était pas.
Le bateau tangue, me ramenant à la raison. Y penser maintenant est inutile, je n'ai aucune information tangible. Je ne fais que perdre mon temps à cause de ces spéculations ridicules… De toutes façons, tout s'éclaircira bien assez tôt. Je dois seulement m'assurer qu'elle ne croise pas ma route et tout ira bien. Il est également hors de question que mes compagnons apprennent le lien qui nous unit… qui nous a autrefois unis. Ils ne me feraient plus confiance, me penseraient capable de les trahir. Ils pourraient essayer de se débarasser de moi. Et malgré mon talent de débrouillard… Tenir contre trois assassins ligués ensemble, de méthodes toutes différentes me parait bien compliqué. Je ne la laisserai pas tout gâcher.
Il est midi passé, sûrement dans les alentours de treize heures. Autant dire que j'ai de longues heures à assassiner sans pitié avant nos retrouvailles. Habituellement, je me promène sur le pont, y fait une sieste ou erre au hasard, épiant les gens. Cependant, je ne peux pas me permettre ce genre de fantaisies désormais. Chacun de mes déplacements est un risque: non que je doute en mes capacitiés de discrétion, mais Yume pourrait être n'importe où. Il me faut une bonne raison pour quitter ma tanière. Jusqu'aux dernières nouvelles, je suis donc assigné ici, seul avec moi même et j'ai, dans les dernières heures, constaté que ce n'est pas une bonne chose. Je pourrais baisser les yeux par ennui, poser de nouveau poser mon regard sur ce ruban bleu -pourquoi je ne l'enlève pas d'ailleurs ?- et sombrer dans le tourbillon des souvenirs brulants, des sentiments qui devraient être futiles. Tout ça ne m'apporterait qu'un terrible mal de tête et une confusion bien plus profonde que je ne pourrai me le permettre. C'est déjà assez agacant comme ça…
Non, je sais ce qu'il me faut. J'ai besoin d'être tenu occupé. Que mon esprit, mon attention soit capturé par quelque autre affaire. Avoir un objectif, savoir où aller. Que faisais-je avant que Renard ne fasse irruption…? Ah, ça me revient. Igor Stanislas et ses spectacles d'humains. Voilà un spéciment qui mérite toute mon attention. Une raison pour quitter cette boîte au doux parfum de homard pour le grand air. D'après ce que j'ai pu lire et observer sur son compte, c'est un homme de scène, cherchant perpétuellement à se mettre en spectacle mais également un public pour l'admirer. Il doit logiquement fréquenter les lieux chics et bondés, là où des spectateurs de choix n'attendent qu'à être distraits. Et heureusement, je me souviens savoir que Yume déteste ce genre de lieux. Fréquenter les snobs l'ennuie et leurs conventions l'étouffent. J'ai donc peu de chance de la croiser là-bas. Cependant restons prudents: je ne connais pas son chapperon. Même si ma demoiselle déteste se faire marcher sur les pieds, il se peut qu'elle se rende là bas pour lui faire plaisir, ou simplement pour servir leurs interêts mystérieux. Je dois donc pouvoir me replier à leur vue.
Je sais où le trouver, très bien. Mais comment l'approcher ? Il est un aimant à attention, inutile d'espérer le trouver seul. Il faut que je puisse m'imiscer naturellement dans son cercle de fidèle, à sa cour personnelle. Qu'une heureuse coïencidence nous réunisse, que j'ai l'opportunité de le charmer afin qu'il me tolère et m'estime suffisamment. Certes. Mais ce plan ne peut pas être monté maintenant. Je manque de matière. Je dois de nouveau le voir en action avant d'entreprendre quoique ce soit. Je dois aller sur le terrain malgré les risques. Sans cela, impossible d'avancer. Qui sait ? Il se peut qu'une opportunité s'offre à moi. Que le destin me fasse un cadeau, histoire de se faire pardonner. Dans ce cas… J'improviserai. C'est ce que j'ai toujours su faire après tout.
Malgré ma prudence, je ne devrais pas trop tarder. Si je n'agis pas, d'autres se feront un plaisir de le faire, me fermant cette porte pour le moment grande ouverte. Je me relève. Oui, allons-y tout de suite. Ne laissons pas mes pensées me rattraper et profitons de la possibilité que nos invités surprises puissent manger ou encore déballer leurs affaires. C'est le moment. Je me lève, mais ne quitte pas tout de suite la chambre. Je ne suis qu'un pouilleux brusquement sorti du lit. Pour un homme de marque, autant mettre toutes les chances de mon côté et de me rendre présentable. Je fouillais donc le semblant d'étagère bancal présent dans ma cabine: Je suis certain d'y avoir vu un miroir à barbe quelque part… Enfin, je le repère coincé dans l'un des tiroirs. Il est crasseux et un peu fêlé, mais je ne m'en soucie guère. Je rencontre un instant mon reflet. Mes yeux bruns paraissent vides. Sans doutes à cause des cernes. Je suis décoiffé tel un sauvageon, je m'occupe alors d'arranger ce désastre. Ma chevelure est légèrement sale, mais heureusement, sa couleur ébène rend cet effet moins visible et me permet d'apparaître correct. Je repasse rapidement les plis sur ma chemise du plat de la main pour ne pas paraître négliglé. Hum, ce n'est toujours pas très convaincant… Je me retourne de nouveau vers la valise et en sort ma redingote que je revêts après l'avoir époussetée. Me voilà prêt à affronter le monde… du moins, je suis certain de ne pas me faire jeter dehors si j'entre dans la salle des fêtes. Le but n'est pas d'être rayonnant. Je ne voudrais pas me faire remarquer. M'attirer les foudres de Stanislas pour lui voler la vedette ? Mettre Yume et son… Délicieux ami sur ma trace ? Je m'en passerais volontiers, merci. Monsieur tout le monde, c'est un rôle qui me va comme un gant.
Après avoir passé-juste au cas ou- ma langue sur mes dents, j'abandonne ma cabine pour remonter sur le pont, toujours dans la prudence. Pas la moindre trace de Yume, ni la moindre odeur qui puisse me l'évoquer un instant. Simplement l'océan à l'état pur. Pendant quelques secondes, je pourrais même m'interroger: ne l'aurai-je pas rêvée ? Bien sûr que non. J'inspire un instant l'air marin, si frais. Autant en profiter, il y a des probabilités que je reste enfermé comme un rat pour une grande partie de ma traversée. J'espère que non. La salle des fêtes est à l'opposé du bateau, logique c'est un lieu principalement fréquenté pour la riche clientèle, la première classe. Avec ma tenue, je pourrai cependant m'y intégrer sans problème. C'est dans cette direction que Yume et son policier sont partis tout à l'heure, je dois donc être vigilant. J'y arrive pourtant sans problèmes, et comme prévu, mes cheveux difficilement plaqués et ma redingote m'intégrent parfaitement dans le paysage qui change doucement pour se raffiner. Un sol plus propre. Des violons. Un personnel d'un seul coup présent et des passagers parfumés. Oh, j'espère d'ailleurs que je ne sens pas le poisson à cause de cette stupide cabine. Ce petit détail pourrait bien me compliquer la tâche. Je descends de nouveau des escaliers, qui me mènent cette fois dans un long couloir verni, aux murs d'un doré délavé. Un peu plus loin, deux portes massives et closes, d'où s'échappe une mélodie si sage qu'elle en est ennuyeuse. Ce doit être là. Au delà, le couloir tourne à gauche, donnant sûrement sur la cuisine et des salles dont disposait le personnel. Sans interêt pour l'instant, mais je jeterai un coup d'oeil en partant.
Je pousse les portes qui s'ouvrent sans effort. Aussitôt, un brouhaha contenu parvient à mes oreilles. D'un regard rapide, j'embrase l'immense endroit. Il est décoré avec beaucoup de goût, quoiqu'un peu d'arrogance. Toutes ces dorures et ces raffinements, ça en deviendrait presque indigeste. Mais j'imagine que c'est pour le bon plaisir de ces snobs de première. Ils sont éparpillés de part et d'autre dans la salle, regroupés en petits comités, sur des divans ou debout en cercle fermés, sûrement absorbés dans un quelconque débat qu'ils pensent brillant et qu'ils utilisent pour se jeter des fleurs. Ca me rappellerait presque les vieux amis de mon paternel. Les souvenirs sont vagues, presque effacés. J'essaie de repérer ma proie, mais la salle est trop bondée pour que je puisse l'apercevoir. Il est sûrement plus au fond s'il est vraiment ici. Il est peut-être resté à la salle de billard…? Ca m'étonnerait. Il avait l'air d'avoir été sollicité ailleurs. Je progresse dans la foule d'un pas assuré mais nochalant, essayant de percevoir des bribes de conversations. Dans le milieu du crime, c'est une faculté qu'il faut immédiatemment acquérir si on veut aller loin. Je doute cependant que Renard l'ait réalisé pour l'instant. Il a encore beaucoup à apprendre, et sa jeunesse ne l'excuse en rien. A son âge, j'étais déjà plus discret. Mais j'imagine qu'il n'a pas été choisi pour rien. J'attends qu'il fasse ses preuves.
"…-A mon humble, avis, il ne s'agirait que d'une secte ridicule. Ils ne feront pas long feu…"
"…-Ma chère, ces perles mettent votre gorge parfaitement en valeur, c'est exquis…!"
"…-Saviez vous qu'à l'époque, aucun journal n'acceptait de le publier..? Quelle ironie…"
"…-Combien je l'ai payé..? Voyons, probablement plus cher que l'intégralité de votre toilette .."
"…-Vraiment…? Noon. Je n'y crois pas..! Vous en êtes sûre ? Yume Wilson est bien sur le même navire que nous..?"
Je m'arrête soudainement, interessé par la conversation de deux lady d'âge moyens, à quelques pas de moi. Elles ne parlent pas de n'importe qui. Je ne devrais pas être surpris. Le nom des Wilson n'est plus inconnu à personne, encore moins en Angleterre. Sa famille possède l'entreprise d'export de marchandise la plus influente et étendue de ce monde, en découle donc une fortune considérable. Et alors ? La richesse ne fait pas le succès, bien que le succès lui, apporte souvent la richesse. Non, il se trouve que cette famille a attiré l'attention initialement lors de la séparation de l'entreprise à la naissance des jumeaux, respectivement père et oncle de Yume, la question de cet héritage avait fait débat. Puis l'interêt avait pris une autre tournure quand les parents de mon anglaise s'étaient rencontrés. D'après ce que j'ai compris, sa mère n'était pas d'un milieu très fortuné et leurs fiancailles avaient fait scandale. Et l'attention était resté suite à la naissance des enfants, puis du destin tragique de la famille, blablabla… Ils étaient donc devenus des personnages publics et populaires, un peu comme la Reine- mais pas à aussi grande échelle évidemment-. C'est amusant d'ailleurs comment l'image est différente de la réalité, pour avoir pu les cotoyer au quotidien, c'est plus que flagrant ! Je m'approche donc discrétement des colporteuses, faisant mine de désirer un petit four proposé sur une table à côté. Je tends l'oreille tout en enfournant l'amuse-bouche -qui est d'ailleurs très bon-.
"-Si, je vous assure ! Je l'avais entendu plus tôt, et pour ne pas vous mentir, j'étais aussi septique que vous ! Mais voyez vous, il se trouve que je l'ai aperçue sur le pont il y a quelques heures ! Je vous assure que c'est bien elle ! Il ne peut pas y avoir d'erreur ! " "-Mais que fait-elle sur ce navire ? A ce que je sache, rien ne lui appartient ou ne l'attend au Nouveau-Monde !" "-J'aimerai bien savoir aussi ! Ah, si j'avais eu le temps d'acheter le journal ce matin, avant d'embarquer… J'aurais sûrement pu vous en dire davantage ! C'était sûrement précisé…" "-Imaginez, la croiser ici… "
J'arrête d'écouter, un peu déçu. Elles ne savent rien de plus que moi. C'était une pure perte de temps. Peut-être que Lady Hermine ou Sand en aura plus. Ils auront bien cotoyé quelqu'un qui aura lu le journal… Avec de la chance. Il est temps de me remettre en route, et de me remémorer de mon objectif principal: Stanislas. J'espère que ces deux pipelettes ne m'ont pas gâché ma chance ! Je continue d'écumer la salle, le regard vif.
Après en avoir fait le tour, j'aperçois finalement son col de fourrure au loin. Bingo ! Il semble être étrangment en retrait, isolés avec quelques hommes. Ai-je manqué sa parade..? Ou peut-être prépare t-il quelque chose. Je m'approche raisonnablement. Ce n'était pas prévu. Comment l'approcher…? Dans un groupe aussi restreint, je ne peux pas prétendre n'être que de passage et m'immiscer naturellement dans le débat dans cette situation… Je sens la frustration monter. Stupide que je suis ! Je n'ai pas de plan B… J'ai été trop sûr de moi. Quelle erreur de débutant…
Je me retrouve soudainement démuni. Bon, je ne suis pas sorti pour rien. Je m'approche furtivement pour mieux observer la scène. Je pourrais au moins en tirer quelque chose. Retenir les visages qui l'entourent et avec adresse, percevoir des bribes de conversations qui me serviraient plus tard. Je ne compte pas rentrer les mains vides !
Sand semble s'être retiré : il n'est nulle part dans les environs. Etrange, lui qui s'était tant intéressé en cet energumène ! Peut-être a t'il affaire plus importante, ou prépare t-il la réunion de ce soir…? Après tout, l'Etang Menteur doit rester notre première priorité, et personne ne doit perdre cette vérité de vue. C'est dommage, je suis certain que sa présence à la table de Stanislas m'aurait été très bénéfique. Tant pis. Je resterai solitaire, comme je l'ai toujours fait. Ca ne devrait pas me poser trop de difficultés. Première chose qui saute aux yeux: Stanislas ne bénéficie que de compagnie masculine. En y repensant, que ce soit ici où à la salle de billard, jamais je n'ai aperçu une figure de femme à ses côtés. Serait-il de cette majorité maschiste appartenant à notre société ? Etant l'Etoile Montante du Crime en Russie, il devrait pourtant avoir revu ses préjugés. Cependant, j'ai l'impression d'avoir visé juste. Du moins, cette hypothèse correspond au profil. Il est trop tôt pour affirmer quoique ce soit.
…Où allait-il tout à l'heure ? Il semblait avoir été appellé par quelqu'un. Si cela se trouve, il s'agit d'une femme et mes spéculations sont donc erronnées. Je peux peut-être saisir des bribes d'informations à ce propos ! C'était il n'y pas si longtemps… Je me concentre donc, me donnant une contenance tout en tendant l'oreille. Je peux en entendre une bonne partie cependant…
Il ne s'agit de rien de bien intéressant. Amusant à ecouter certes, mais qui ne m'avance en rien. Ils observent les petits groupes entre lesquels j'avais navigué pour les rejoindre, donnent leurs avis, les analysent et le commentent. Comme quoi, même les pires criminels sont de veritables commères -à moins qu'il n'aiguise ses capacités d'observation-. Je sens la déception aussi légère qu'une enclume abaisser mes epaules. Tout ça pour rien... J'avais beau être méfiant et prévoyant, je vois bien que ce n'est pas du tout suffisant. Je suis entré dans la cour des grands, et mon instinct seul combiné à mon expérience ne me mèneront pas loin. Je me sens bien idiot.
Bien que mes précédentes missions aient été grassement rémunérées, elles n'avaient jamais été d'une telle importance. A y réfléchir, c'était du travail facile. Il n'y avait aucun réel danger, ou obstacle. Il suffisait d'être adroit, propre, créatif et discret. Pour cela, j'étais tres fort. Au fur et à mesure que j'avancais, la prime gagnait en valeur. Pourquoi ? Simplement que les gens a assassiner étaient plus riches ...pas plus durs à tuer. Chaque meurtre est une oeuvre d'art unique, mais je ne faisais pas vraiment de distinction. Je sais pourquoi à présent.
J'étais et je reste un éternel égocentrique arrogant. Pour passer à l'échelon supérieur, tout ceci doit changer. Je ne vaux pas mieux que Renard.... Oh, si quand même, n'exagérons rien. J'espère au moins que chacune de nos défaillances sera comblée par un autre membre de notre escadron.... C'est a ça que sert le travail d'équipe...? En théorie.
Je sors brusquement de ma réflexion comme de l'eau froide. Stanislas se lève, suivi de ses fidèles. Je soupire faiblement. Un échec, un... ! J'ai beau savoir que notre périple sera long, et que mes chances de l'aborder ne sont pas anéanties… Je suis quelque peu démoralisé. La réunion n'est que dans quelques heures, et la stratégie de groupe sera imposée. Il y a peut-être affaires à régler. Non. Il y aura affaire à régler. Surtout avec la présence de la police à bord. Circuler ne sera sans doute pas aussi aisé. C'était ma chance…
Je serre le poing et saisit par inadvertance le ruban bleu qui y pendait. Je l'avais presque oublié celui-là. La douceur du satin et de son souvenir apporte un peu de douceur à mon coeur glacé. Certes. Mais une douceur empoisonnée. Je tourne un peu trop vivement les talons. Je n'ai plus rien à faire ici.
Cependant, un main puissante manque de me broyer l'épaule droite. Pris de court par la douleur, je porte par réflexe main à ma ceinture, pour agripper le manche de mon arme blanche du jour. Je brasse le vide. Je n'ai rien. J'entends alors un rire bien que retenu, tonitruant. Il m'est familier.
"-Aussi tendu qu'un tigre, dis moi !"
…C'est quoi cette comparaison douteuse…?
"-Tu es Andrew n'est ce pas…? Ton ami m'a soufflé mot à ton sujet, tout à l'heure ! "
Je pose alors mon regard sur mon interlocuteur, un sourire naissant sur les lèvres: Stanislas ! Je bénis alors ma chance, aussi nommée Sand. Il me sauve la mise. Je n'aime pas être redevable, mais je fais l'impasse pour cette fois: Je n'ai pas interêt à tout rater maintenant ! J'ai réussi à me débrouiller pour apparaitre comme un potentiel allié au yeux de ce criminel expérimenté, ce serait mal de le décevoir, n'est ce pas ?
"-Oui, c'est bien moi. On m'a également chanté vos louanges, mais vous sembliez accaparé. Heureux de pouvoir tout de même confirmer ces propos ! "
La flatterie, voilà l'idéal pour commencer. Je n'ai pas de débat offert dans lequel briller. Il a eu vent d'un bruit, je réhausse son ego. Il m'intègre donc par la suite, de manière éphémère pour en entendre plus. A ce moment là, il faut s'imposer. Je ne compte pas rester sur une défaite. Si je réussis maintenant, le reste m'est assuré !
Et en effet, mes mots semblent lui plaire. Son sourire s'agrandit et sa prise se resserre.
"-Le moins que l'on puisse dire, c'est que tu es habile avec les mots, mon garçon ! Ecoute, je dois y aller tout de suite. Mais je serai ravi de discuter d'avantage plus tard ! Passe me voir à l'occasion ! "
Enfin, il lâche mon épaule endolorie et après avoir saisi vivement ma main ballante pour la serrer avec la même …-fougue..?-, il s'éloigne avec une oeillade faussement complice.
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| | | Yume
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Mar 11 Juil - 0:45 | |
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Dernière édition par Yume le Jeu 22 Mar - 22:21, édité 1 fois | |
| | | Yume
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Sam 14 Oct - 17:05 | |
| - Le Londres d'Après (V):
...Bon. J'imagine que cette excursion risquée valait le déplacement en fin de compte ! Malgré la brièveté de cette entrevue, j'ai quelque part garanti ma place à la table du grand Stanislas...! Maintenant faut il la garder et mieux encore, lui donner l'envie de me placer juste à ses côtés. J'ai retrouvé mon assurance: Avec l'aide de Sand -sauf si ce dernier se retourne contre moi, mais il n'y pas presque pas de raisons- j'ai un clair avantage. Je tiens cependant à garder les pieds sur terre: Pas question de reproduire une telle maladresse. Je me suis embarassé sans gêne exterieure, c'est impardonnable. Cette mission est d'un autre niveau, je ne dois plus l'oublier. Afin d'être à la hauteur, il me faudra me débarrasser des tracas superflus et élaborer bien plus que de vagues stratégies basées sur l'improvisation. Je soupire tandis que je me faufile habilement vers la sortie. Vivement que la réunion arrive.. ! Le fait de savoir comment gérer la menace de Yume et de son étalon déguisé en pelouse me rassurera assurément. Bien que je n'aime pas faire partie d'une équipe, mettre les choses au clair avec des informations complémentaires ne serait pas de refus. Une fois avoir vérifié la sûreté du couloir avec un rapide coup d'oeil. Je m'y engage: Avant de rentrer, je me souviens avoir voulu jeter un coup d'oeil aux cuisines et aux salles pour le personnel en profitant que celui-ci soit occupé. Je pourrai toujours y trouver quelque chose d'utile. De plus, un assassin digne de ce nom connait son environnement: Un monte charge pour s'y cacher ou s'échapper, un uniforme pour l'espionniage. Une idée me vient en pensant à cette initiative. Je pourrais me grimer en homme de chambre et venir fouiner du côté de Yume et de son ami. Repérer leurs chambres sur les registres et chercher quelconque indice sur leur présence ici. Je me ravise cependant: C'est bien trop risqué sans préparation. Si Yume me reconnaît ou que le poulet me grille, je suis fini. Renard pourrait le faire pour moi, mais pas question de lui demander: C'est un bleu et il pourrait ne pas me dire toute la vérité. Je garde cependant l'idée dans un coin de ma tête: Si notre groupe est en danger de quelconque façon ou que la stratégie s'oriente dans cette direction, ce sera à reconsidérer. Tout ce que j'ai à faire d'intelligent pour l'instant c'est tâter prudemment le terrain et attendre. J'atteins donc l'intersection sans problèmes. Cependant, si près du but, j'aperçois une silhouette familière se diriger dans ma direction. C'est lui. Le policier. Il est visiblement seul: Yume manque à l'appel, mais n'est probablement pas très loin. Je me tends immédiatement, malgré moi. Je m'efforce pourtant de rester impassible, tandis que je passe mon chemin. Les comportements anormaux attirent la suspicion, en toute logique. Cependant.. Il y a encore tant de choses que j'ignore. Les forces de police de Londres n'avaient jamais pu découvrir mon identité grâce à ma discrétion et la protection de Yume, mais à présent... Elle n'est sûrement pas de mon côté. Elle aurait pu lui livrer ma description physique...Peut-être même jouait-elle la comédie sur le pont, à mimer les filles absentes et l'a prévenu de ma présence à bord... Ma panique intérieure grandit mais je ne bronche toujours pas. Il faudrait que je me débarrasse de lui... Que l'un de nous le fasse. D'une manière ou d'une autre. Malgré mon apprehension, il ne se détourne pas de sa trajectoire initiale. Il se contente de me dépasser, me saluant poliment en croisant mon regard. Et disparaît. Je continue d'avancer. Il sait un peu, beaucoup, passionnément, à la folie... Pas du tout. Cette incertitude me serre l'estomac. En d'autres circonstances, la présence policière ne m'aurait pas inquieté outre mesure, mais l'espace clos qui nous emprisonnera pendant de longues semaines et l'identité de sa chère coéquipière me donne des sueurs froides. Il est dans le secteur. Pas question alors, de revenir sur mes pas et m'attarder en cuisines. J'aurai de nombreuses occasions de fouiner de nouveau, même si cela signifie de reprendre des risques. Je préfère me savoir seul. Ce soir est une bonne opportunité: La réunion se déroulera dans la salle fortement bondée dont je sors, les cuisines sont à quelques pas. Il faudra simplement s'assurer qu'elles ne seront pas occupées... J'arrive sur le pont, ayant franchi la dernière marche. L'air est frais, peut-être un peu plus que la derniere fois. Il va me falloir m'habituer aux changements brutaux de température, nous sommes à présent loin des côtes. Je regarde autour de moi, ayant redoublé de prudence. Est ce que Yume serait ici ? Pas étonnant qu'elle soit dans les environs de son nouveau chevalier servant... Après un rapide coup d'oeil, je ne la vois pourtant pas. J'avance, alerte. Elle n'est certes pas dans ma champ de vision, mais je ne dois pas relâcher ma vigilance pour autant. Elle peut être derrière une cabine... Arriver à tout instant. La silhouette de Renard se détache peu à peu du léger brouillard du pont. Je ne suis plus très loin, et n'ai pas été alerté une seule fois. C'est aussi arrangeant qu'inquiétant. Qu'est ce qu'elle mijote de son côté..? J'accélère le pas. Non, je ne retomberai pas dans ce piège... Ruminer pour des peut-être déduits de douces oeillades à présent fânées. Ce qui va suivre demande mon entière concentration et objectivité. Je descends les escaliers, atteinds rapidement ma chambre et ferme doucement la porte derrière moi. Ma valise repose sur la table, parmi la poussière. Je l'ouvre aussitôt, en quête de son contenu secret. Tandis que j'accède aux documents empilés sur les lames propres, je tique: Cette cachette est elle suffisante ? Certainement pas. Qui veut chercher trouvera sans problèmes... La cabine n'est pas grande et n'a que peu de planques potentielles... Je n'avais pas prévu la situation et ai encore pris la mission à la légère. Je souffle. Je trouverai autre chose avant de subir la moindre fouille. Un lieu entièrement sûr, neutre ou mieux ! Qui porteraient les soupçons sur quelqu'un d'autre. Ces jouets aiguisés m'appartiennent, mais n'ont rien de spécial. Je ne suis pas de ceux qui laissent leur marque sur leurs outils par style ou attachement. Ces paons perdent leur prestance quand ils s'en retrouvent inculpés. Je saisis l'une de piles des feuilles jaunies par l'humidité de mon trou. Heureusement, le centre est encore intact. Les lèvres pincées, je feuillette. Mon commanditaire n'a pas été tendre avec moi. Je n'ai peut-être pas l'allure d'un prince, mais je méritais un repère plus soigné. Lady Hermine doit se rouler comme un gros chat dans des draps de soie... Meme Renard doit avoir une couchette plus hygiénique par son statut de domestique ! Je ne suis décidément pas son favori. Du moins pour l'instant... ce n'est que ma première mission à son service. Si une nouvelle opportunité se propose à moi, je n'aurai certainement pas réellement mon mot à dire. Enfin ! Pas que je sois difficile. Mais mon matériel est détérioré dans cette cale et les secousses n'aident pas au sommeil...aussi peu que j'en ai. J'aurai du prétexter la claustrophobie. Tout en posant mon derrière sur la chaise bancale, j'étale les quatres dossiers sur la longueur de la table, balayant du regard les letrres d'imprimerie formant les noms de mes coéquipiers. Ce soir, j'entrerai réellement dans les entrailles du mal. Autrefois, je n'étais que le plus habile des chiens galeux. Les êtres qui m'entourent -et m'entoureront dans le futur, n'oublions pas Miss Kathy- sont pour certains activement recherchés par les polices de nombreux pays, ont sûrement participé à de grandes conspirations dont j'ignore tout... Peuvent en un regard penser à de multitude façons de m'éliminer puis de faire disparaître mon cadavre. Même Renard. Il m'apparaît comme un poltron...mais si c'était sa force ? Je lui ris au nez mais qui sait, il peut être le plus prompt à m'égorger. Pour avoir le privilège de siéger à la table des prédateurs, je suis sûrement quelque part aussi capable qu'eux, mais autant sommes nous embarqués dans une entreprise d'équipe... autant ne suis je reellement seul contre tous. Cet antécédent fâcheux, aux tâches de rousseurs effacées et au mètre soixante se promène librement sur cette frégate. Au moindre mot de travers... je serai le faux frère. Je dois être prêt même à la plus tragique des éventualités. J'avais été, avant l'embarquement, trop paresseux pour apprendre à connaitre mes camarades au delà de leurs apparences physiques et de la première ligne du rapport écrit. Lire c'est barbant. Mais avec de tels enjeux, pour avoir la moindre chance de m'en tirer... Il me fallait au moins décortiquer ces dossiers. Je n'en sais que très vaguement sur Renard. Des autres j'ignore les spécialités. Je ne dois pas non plus paraître être né de la dernière pluie devant eux, lorsqu'ils aborderont certains sujets. De plus... j'ai encore quelques heures à tuer, et pas question de ressortir le nez dehors. Je craque toutes mes articulations une à une, désordonne mes cheveux d'un geste, puis me penche en avant d'un geste ridiculement théâtral. À nous deux, paperasse de malheur ! ***
Je bondis, émergeant violemment du sommeil. Les ongles plongés dans le dur matelas, je tente de reprendre mon souffle, les gouttes de ma sueur dégoulinant sur ma nuque. M'étant autorisé un repos bien mérité une fois ma tâche accomplie, je n'avais pourtant pas craint de manquer le rendez-vous pour cette raison. Les cauchemars. Chaque fois que la vie et ses revers m'accorde le moindre instant pour récupérer, ils arrivent au galop. Depuis des années déjà, ils me pourchassent sans relâche. Par chance, l'habitude ou la pitié du monde ne m'en laisse que rarement souvenir, seulement cette impression de terreur au réveil, qui me colle à la peau. J'ai tout essayé, et malgré les nombreux échecs pour m'en débarrasser définitivement, j'ai finalement mis en place quelques techniques. Je ne dors que par tranches de deux heures, pour me rendormir aussitôt conscient. Toute médecine a pourtant ses limites: malgré l'efficacité de ces techniques, celles ci présentent quelques failles et sacrifices. Même si la plupart des cauchemars ne se manifestent qu'une fois le sommeil profond atteint, certains ne se font pas attendre...tout comme celui de l'instant. Ce sont les pires. Les sensations et images restent et apparaissent peu de temps précédant le réveil. Je me mets sur mes pieds, encore gauche. J'ai la chair de poule, je me sens sale, poisseux, de la tête aux pieds. Quelle heure est-il ?J'atteins en deux pas hésitants la table devant moi. Malgré mes yeux encore collants, je repère ma montre à gousset, délaissée avec le veston que j'avais plus tôt ôté, avant mon roupillon. Je la prends, l'ouvre en un mouvement sec. Dix huit heures passées d'une vingtaine de minutes. J'ai le temps de me débarbouiller…. J'en ai bien besoin. Tout en me dirigeant vers la porte, je passe une main dans mes cheveux de nouveau en bataille, pendant qu'un soupir franchit -un peu malgré moi- la commissure de mes lèvres. Aussitôt, je grimace. Ma tignasse est devenue poisseuse, avec la sueur et mon précédent bain de foule. Or, je me dois d'être un minimum présentable lors de mon entrevue prochaine -première impression oblige-… Meh. Je passerai de l'eau dessus. Sans plus de cérémonies, je m'engage dans le couloir. Mes sens s'affolent encore, comme si je fuyais une menace invisible. Je tente de faire abstraction de mes muscles noueux et tendus, de ma respiration saccadée, par habitude. Je devrai me dépêcher. S'il y a encore du monde sur le pont, atteindre la salle des fêtes -normalement fermée- sans attirer la suspicion ne sera pas si aisé… Après quelques grandes enjambées, je me poste devant le tonneau rempli d'eau, attribué à mon couloir et lui lance un regard rempli de dédain, que je croise dans le reflet de ce liquide qui commence à prendre des teintes légèrement maronnâtes. Un molard encore frais y flotte à la surface. Je plisse le nez. Je n'ai pas évolué dans des jupons de soie, certes, mais il y a une limite. Je ne vais pas me débarbouiller là dedans. Je m'éloigne donc en grognant. Oui, la prochaine fois, j'aurai une petite suite. Je ne me suis pas tourné dans le crime pour me laver le visage avec une eau changée toutes les six heures et partagées avec des individus douteux… Je ne peux pas non plus m'infiltrer dans les salles de bain des première classe… Techniquement, ce serait tout à fait réalisable, mais j'ai mis un point d'honneur à ne pas prendre de risques inutiles. Une idée me vient soudain, émergeant de mes pensées encore brumeuses. Je me mets alors en route, le pas rapide. Je traverse des couloirs, prends quelques virages… En vérifiant inutilement mes arrières et arrive enfin à destination. Au haut de ce qui est le plus bas, le petit couloir, terminant en cul de sac, moins sale et mieux éclairé que les autres, était assurément celui qui hébergeait les places les plus couteuses de la classe économique. Place d'ailleurs limités: Je n'y vois que quatre chambres -peut-être un peu plus grandes-. J'étais rapidement passé devant à mon arrivée, où j'avais fait le tour de mon nid de paradis. Je m'avance, devant le tonneau, appuyé contre le mur. L'eau vient sûrement d'être changée: Celle-ci est presque totalement pure. Sans aucun scrupule, je m'y rince le visage, le coup et rapidement les cheveux. Dans la cabine la plus proche, j'entends un rire enfantin. Je me retourne un instant les mains encore dans le tonneau, et me plais rapidement à imaginer la vie de ce bambin, au(x) parent(s) sûrement aimant(s). Ceux que je n'ai sûrement jamais eu. Je grimace. J'ai du salir l'eau, celle-ci me semble à présent poisseuse. J'espère quand même pouvoir boire un peu dedans. Je repose mes yeux fatigué sur l'onde. Puis aussitôt, bondis en arrière d'effroi. Je cligne, recligne des yeux. Sang. Du sang. Encore du sang. "-Ce n'est qu'un rêve." Je souffle, mon cœur battant de nouveau à toute allure. Je le sais pertinemment, pourtant je reste paralysé. Mes mains en tremblent presque… Elles aussi tachées de rouge. "Tu devrais avoir l'habitude à force… Ce n'est pas comme si ce n'était pas arrivé." Cette fois ci pourtant, c'est différent. Ce qui m'est habituellement indifférent en devient un supplice. Quelque chose ne tourne pas rond. Je ferme les yeux, me retourne. Les visions sont éphémères. En effet, quand j'ouvre de nouveau les yeux, mes mains sont de nouveau d'une pâleur cadavérique, parsemée de perles d'eau. Je serre les dents, irrité. Ça suffit. Je me mets en route pour le rendez vous, consultant de nouveau ma montre. Plus de dix-huit heures et demi. J'ai traîné, décidément. Je parcours les couloirs, le regard perçant, l'oreille tendue. Avec un peu de chance -si on peut dire cela-, je pourrai croiser Renard et nous finirons le reste du chemin à deux. Il est vraiment agaçant et me ferait sûrement remarque désobligeante sur remarque désobligeante, mais au moins, son être détestable me fera oublier cette hallucination pénible, et me constituera une ancre solide à la réaliser. Oui, vraiment, je déteste les cauchemars.Pourtant, pas de Renard à l'horizon. Je considère rapidement la possibilité qu'il soit déjà sur place, puis me ravise. Ca m'étonnerait vraiment. Un gros retard, voire même une absence, voilà ce qu'il m'inspire. Une panne de réveil ? Cette pensée m'arracherait presque un sourire. Je pourrai faire un détour pour m'en assurer… Si j'étais assez gentil pour me retarder. De plus, je ne sais pas où il dort… Et je n'ai pas vraiment envie de le découvrir. J'arrive devant l'escalier. Tant pis… Non. Tant mieux. Une compagnie féminine me serait plus appréciable, de toutes façons. "-Attends !" Un cri aigu, d'une sonorité bien trop familière déchire le silence, juste derrière moi. Ma respiration se bloque. Quand je parlais de compagnie féminine, ce n'est pas ce que j'avais en tête… !Je l'entends respirer, tremblante, juste derrière moi. Je ne veux pas me retourner. Mon poignet me brûle, mon cœur se serre. L'envie de prendre mes jambes à mon cou n'a jamais été aussi grande. Pourtant… "S'il te plait…" Une nouvelle plainte. Je pivote. C'est bien elle, à deux pas de moi. Elle a gardé sa robe blanche, et ce ruban bleu maintenant légèrement défait. Ses mains minuscules sont serrées. Sa bouche presque vermeil, entrouverte, figée; ses yeux verts grands ouverts. Frappée, hésitante… Perdue. Yume.
Je déglutis face à elle, ne sachant sur quel pied me mettre. J'essaie de ne pas penser ce à quoi ça signifie. Je. Suis. Foutu. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de la regarder. Elle non plus d'ailleurs. Elle ne bouge plus, sûrement bien plus secouée que moi. Je vais devoir user d'extrême diplomatie. Je brise d'abord notre regard, me forçant à regarder le sol. Ne fais rien de stupide. Je passe mes mains sur mon visage. Pourquoi maintenant ? "-Ecoute… Je… " J'entends soudainement un gargouillis. Encore un. Je lève de nouveau les yeux vers elle. Ses yeux encore plus grands me supplient. Un spasme la secoue. Nouveau gargouillis. Un filament carmin coule le long de ses lèvres, dégoulinant sur son menton. Ses lèvres sont barbouillées. Ses si petites mains, crispées, sur sa robe blanche où la tache sur son ventre ne cesse de s'élargir. Non. Ce n'est que le cauchemar qui se poursuit. Pourtant, lorsqu'elle bascule en arrière, je m'élance de toutes mes forces pour la rattraper. C'est à ce moment que je me fige. Mes mains sont encore rouges. Ce moment. Le cauchemar s'éclaire enfin. C'est moi.Le sang que j'ai sur les mains. C'est le sien.C'est moi.J'ai tué Yume.
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| | | Yume
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Mer 8 Nov - 15:00 | |
| - Londres d'Après annonce::
Pour AK, s'il te plaît, regarde ta toute première boîte mail, j'ai besoin d'un de tes textes que tu as écris, sur Yume et AK (leurs retrouvailles dans le jardin Wilson deux ans après, tu te souviens sûrement de quoi je parle.), si tu l'as encore. Je pense que tu as tous les moyens possible pour me joindre, mais au cas où tu ne trouves rien et que tu ais effacé mon mail, tu n'as qu'à mettre: mon prénom et nom de famille collés en minuscule, @ yahoo.fr. Ce me serait très utile pour le développement du protagoniste, merci d'avance de ta coopération !
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| | | Yume
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Sam 24 Mar - 1:15 | |
| - Le Londres d'Après (VI) -Partie I-:
Je soupire, et tout en reposant mon corps nu et encore mouillé sur le carrelage froid du mur, je contemple avec tranquillité la bassine à quelques mètres de moi, où trempe mon précédent costume. Tout le sang qui l'imbibe s'est maintenant répandu dans l'onde, offrant, rien que pour mes yeux, un ballet lent et sensuel entre le liquide carmin et la substance savonneuse. Presque inconsciemment je souris. Toute une famille s'agite dans la bassine de ma salle de bain. Tout ce qui reste d'eux. N'est ce pas sublime ? N'est ce pas cruel ? Je me relève avec flegme. Le temps s'était rafraîchi. En arrivant ici, le soleil venait tout juste de se coucher; A présent le ciel doit m'afficher son plus voluptueux minois, le plus sombre, son masque d'encre. Je me lève, jetant un dernier regard à la cuve. Désolé de n'en avoir rien eu à faire du début à la fin. De vous avoir massacré jusqu'au dernier avec la plus méchante des indifférences. De penser que vous n'êtes qu'une tâche sur ma veste. De vous abandonner là un moment, mais vous comprendrez: J'ai un nouveau salaire à dépenser. Je sors de la pièce en un pas, retrouvant ma petite chambre sous les combles du manoir Wilson. Elle sent un peu le vieux bois, mais je l'aime bien. Après tout, ne suis-je pas le mieux loti de tous les serviteurs ? Profitant du plus injuste des favoritisme, j'ai pu m'accaparer de la plus grande et la mieux chauffée de toutes. Je n'ai pas à me plaindre, de toutes façons, vu le peu de temps que j'y passe. Car, c'est quand le soleil se couche que ma vie commence. Mon travail enfin terminé, je peux m'accorder quelques heures de détente, la bourse pleine et le cerveau vide. Je me poste devant le petit placard grossièrement sculpté dans le bois, et l'ouvre d'un geste sec. Je rencontre mon reflet, sur le grand miroir fixé sur le dos de la porte. Je toise mon corps blanc et dénudé un instant, m'assurant que je sois bel et bien lavé du précédent drame que j'avais causé. Rien. Sans plus de manière, je revêts mon uniforme et m'admire de nouveau. Pas un pli, pas une tâche, une poussière. Tellement adapté à mes mesures, si parfait que l'habit de majordome me donnerait des airs de prince. Je souris en coin. Je dis bien cela parce que je n'en ai jamais vu un. Les lattes de bois craquent sous mon poids, tandis que mes pas rapides me rapprochent de l'escalier. Tout le personnel est endormi ou parti. Que vais-je faire de ma soirée ? Londres ne fait que se réveiller ! Je pourrai amener le sourire chez une jolie blonde, ou bien.. Je viens de me rappeler que mon pub préféré vient de finir ses rénovations: je vais aller m'enfiler quelques pintes à l'œil. Uniquement éclairé par les grandes fenêtres, je m'aventure dans la partie occupée du grand manoir, pour atteindre la sortie dérobée des serviteurs, derrière la cuisine. Même si mes heures de service sont dépassées depuis un moment, je ne devrais pas avoir de soucis. Je regarde au loin et aperçois de la lumière s'échapper sous le rai de la porte du bureau de Charles-Henri. Il doit encore travailler tard. Je continue mon chemin et descends d'un étage, celui-ci plus éclairé. Je ne suis pas loin du grand escalier. Pourtant, je vois, à l'autre bout du couloir, une lumière tamisée s'approcher. Je m'immobilise aussitôt. Qui est encore debout à une telle heure ? Paméla s'échappe-t-elle encore en douce pour embrasser son boulanger marié ? Isabelle craque peut-être et va dérober les croissants de demain matin. Dommage, son régime commençait tout juste à servir à quelque chose… Et non ! C'est une petite souris que je vois s'approcher, un chandelier à la main. La maîtresse de maison aux boucles défaites ne semble pas disposée à s'incliner devant le sommeil. Ce n'est guère étonnant: Yume et moi, nous sommes découverts de nombreux points communs, et les cauchemars en font malheureusement parti. Ce qui m'interroge, en revanche, c'est la raison de sa présence dans les couloirs: Elle profite normalement de ses nuits pour prendre la poudre d'escampette et mener sa petite vie secrète dont je ne connais que des bruits. Pourquoi perd t-elle son temps entre ces murs qu'elle ne connaît que trop bien, à partager le même oxygène de son charmant fiancé obsessionnel ? Elle m'aperçoit bien vite, et vient s'arrêter tout près de moi. Je l'observe un instant, à la lueur de la bougie. Elle porte l'une de ses longues chemises de nuit qui lui donnent ces airs de charmante apparition, et je recèle de la fatigue -ainsi qu'une pointe d'amusement- dans ses prunelles claires. Elle me sourit doucement et m'interroge d'une petite voix: "-Qu'est ce que tu fais ici à une telle heure..?" "-Je te retourne la question. Je te pensais loin d'ici ou bien au chaud dans ton lit. Tu n'arrives pas à dormir ?"
Un discret soupir franchit ses lèvres. "-Tu sais bien que non… Charles-Henri avait l'air assez tendu aujourd'hui, j'ai encore assez de cœur pour lui éviter de courir dans tout Londres à ma recherche. Non, je pensais aller lire dans la bibliothèque… Mais je viens de me rendre compte que je n'en ai plus envie."Elle ne me regarde plus, seulement le vide, de cette mélancolie mystérieuse qui la prend parfois, mais que je n'avais pas vue depuis un long moment. Je la fixe un instant, comme pour discerner ses peines les plus profondes. Je reconnais n'avoir pas été très présent ces derniers jours, à cause de quelques missions intéressantes. Se serait t-elle sentie seule sans moi ? Je soupire alors d'une résignation fictive. "-Je ne savais pas que tu obéissais à ton cousin. C'est bête, moi qui allais te proposer de m'accompagner dans un de mes repères vraiment secrets… Tant pis.. !"Je prends une mine déçue et fais volte face, comme pour m'éloigner. Le résultat est immédiat. Aussitôt, je sens sa poigne retenir mon bras, me stoppant dans mon élan. Je souris. "-J'ai changé d'avis."Je ris doucement et me retourne. "-Je veux bien t'attendre… Peut-être. Mais dépêche toi un peu. Ah et… peut-être enfile quelque chose d'autre… pas que ce ne soit pas à mon goût maiiis…"
Elle me met son chandelier dans les mains, et retourne vers sa chambre en trombe, me plantant, moi et ma phrase inachevée. Une vraie tornade. Je m'approche un peu, aussi nonchalant qu'amusé par ce petit brin de femme. L'intéressée en question passe d'ailleurs de nouveau sa tête dans l'encadrement de la porte. Je la coupe avant qu'elle n'ouvre la bouche.
"-Mets la verte, elle me semble très bien." Un hochement de tête et elle disparaît de nouveau. Je n'ai pas à attendre longtemps. Elle vient se planter devant moi, parfaitement apprêtée. J'avais profité de ces quelques minutes pour me débarrasser du chandelier et lui attraper son manteau.
"-Alors, ce repère vraiment secret ?"Je m'incline, d'humeur joueuse et lui tend théâtralement ma main. "-Si mademoiselle veut bien me suivre…"A mon grand étonnement, elle la saisit. Sa paume m'est trop brûlante pour être agréable et la mienne, sûrement trop glacée pourtant, aucun de nous deux n'ose se détacher. *** Je fuis. Je fuis lâchement, mortifié par cette vision cauchemardesque. Jamais je n'aurai imaginé des joues si roses prendre un jour les teintes de la mort. Mon oeuvre. Ma faute. J’avais pris tant de vies avec le sourire, tout cela pour la gloire et l'argent. Une bourse pour un massacre Deux pour l'hécatombe. Malgré cela... Je sens que je ne pourrai jamais supporter sa disparition. Pas elle.Je voulais tant la fuir, l'éviter à tout prix. Mais maintenant...? Tous mes instincts poussaient la même plainte; Je dois la voir. La toucher, la palper; Simplement m'assurer que son cœur bat dans sa poitrine. Tout pour effacer cette image qui ne quitte pas ma tête. Cependant, je n'en ferai rien. Je me contrôle encore suffisamment pour ne pas céder aux élans des sentiments. Ce n’est qu’un cauchemar. La demoiselle est enroulée dans ses draps,dévore sous la flamme d’une bougie n’importe quel roman stupide. Il serait aussi bien trop égoïste de ma part de revenir sur une telle décision. Je l’avais laissée derrière pour son bien. Mon retour dans sa vie serait détruire tout ce que mon absence a pu apporter. Il est trop tard. Je me persuade, j'essaie de m'apaiser. Pourtant je tremble encore. L’image ne quitte pas ma tête. Je traverse le pont trop rapidement pour paraître serein. Ça n'a pas d'importance, celui-ci est désert. J'ai besoin de souffler. Je regarde ma montre un nouvelle fois. Il me reste vingt minutes tout rond. Je sais que je ne dois rester dehors trop longtemps, afin de réduire mes chances d'être reconnu, mais j'ai besoin d'air marin. De me vider la tête. Inspirer. Expirer. Le regard dans le grand bleu, je m’efforce de me vider de toute pensée encombrante. Je me sens déjà plus léger, mais la vision persiste encore, effleurant ma peau de frissons. Semblable à un mauvais présage. Je jure entre mes dents. Cervelet à la noix. Tu t’en donnes à coeur joie pour me faire défaut, mais dès que j’ai besoin de tes facultés auto destructrices, tu ne m’offres que caprice ! Sans l’avoir remarqué, je m’étais appuyé à la rambarde, les yeux perdus dans les abysses marines. Sand. Hermine. Renard. Plus que jamais, j’ai besoin de leur cruauté pour rester moi-même. Libre. Je dois alors être brillant, indispensable. Oui, indispensable. Voilà qui m’éviterait toutes sortes d’ennui. En dévoiler juste assez. Percer à jour sans être démasqué. Le mot “allié” me parait bien trop chaleureux pour la position dans laquelle je me trouve. Je me contenterai de “collègue”. Coup d’oeil machinal à ma montre. Dix minutes. Je fais volte-face et laisse les mystères de l’océan à n’importe quel esprit rêveur. Il est l’heure. Je me hâte de rejoindre la partie mondaine du bateau, gardant encore l’espoir d’être en avance. Je n’ai par chance, croisé personne, si ce n’est l’ombre d’un comptable éméché, déversant sa peine salée au large. A présent, seules de légères bougies vacillantes éclairent le couloir. Je m’étais immobilisé à deux pas, approchant mon oreille de l’embrasure des portes fermées. Étrange. Pas le moindre éclat de voix. Pas même un chuchotis. Seul le silence. Un silence de mort. Je n’entends que les battements de mon cœur, qui à cette constatation, redoublent d’intensité. Je recule d’un pas, pris d’une soudaine suspicion. Et si cette réunion n’était qu’un piège..? L'intérêt qu’avait soudain pris mon employeur en un assassin privé…. N’était ce pas simplement une manigance pour se débarrasser d’un concurrent pouvant dans le futur devenir gênant..? Ce pouvait être le plan parfait. Un bâteau. L’anonymat. Personne ne serait alarmé de ma disparition. Personne ne la verrait. Un guet apens à la tombée du soir, un cadavre balancé par dessus bord… Et dire que j’ai eu la naïveté de venir sans arme ! ... Les souvenirs me ramollissent. Me rendent faible. Yume, à cause de toi, j’ai failli y passer. Encore une erreur. Mais celle-ci n’est pas irréversible. Lentement, les sens aux aguets, je me glisse vers la cuisine, que j’avais repérée plus tôt dans la journée, au bout du couloir. La porte n’est pas fermée, sans doute par négligence ou gain de temps en cas d’imprévu. La salle est sombre et vide; Les allumettes sur le plan de travail. Avec maladresse, j’allume une bougie. Je ne perds pas de temps; Renard disait que la voie est libre, mais je ne peux m’autoriser à croire personne. J’ouvre les tiroirs, un à un. Rien, rien, rien… Je tique soudain devant le contenu de l’un d’eux. Des clefs par centaines; juste des clefs. La même clef. Une clef à l’infini. Tout cela pique ma curiosité. Qu’est ce que qu’elles peuvent bien ouvrir ? Une pièce pour les domestiques sûrement, elles ne seraient pas dans une cachette si facile d’accès dans le cas contraire. Qu’importe. Ca pourra toujours me servir. Sans réfléchir davantage, je glisse l’une d’entre elle dans la poche de mon veston. J’avance rapidement à l’aide de la flamme jusqu’au fond de la cuisine; Je trouve quelques couteaux à viandes alignés sagement dans le bloc à coutellerie. Je choisis le plus discret que j’aiguise et accroche à l’arrière de ma ceinture. Enfin, je repère un monte charge sur le mur du fond. Je souris. Voilà qui est intéressant… Une cachette parfaite, un échappatoire pour les cas d’urgences. J’ouvre la trappe et me faufile à l’intérieur du petit espace, non sans avoir de nouveau vérifié mes arrières. Je lève la tête. Une légère musique s’échappe au dessus; Sûrement une salle plus grande où les plus fortunés se restaurent. … Utile. Je n’oublierai pas cet endroit. Mais j’y ai déjà passé trop de temps. Je souffle la bougie après avoir regardé ma montre et sans plus de cérémonies, je quitte la cuisine. Je me plante de nouveaux face aux portes avec un peu plus d’assurance, mais pas moins de prudence. Main derrière le dos, je garde mes doigts contre le manche de l’arme que je peux maintenant saisir dans l’instant. Qu’importe ce qui m’attend derrière; Je serai prêt. J’inspire et doucement, j’entre.
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| | | L'Ecrivain Autorité Suprême
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Dim 25 Mar - 15:53 | |
| Chapitre IV :
"le lien qui nous unit… qui nous a autrefois unis" => C'est très bien de rappeler à quel point le protagoniste n'est toujours pas passé à autre chose et oscille entre ce qui a été et ce qui est désormais.
On se retrouve donc avec un enjeu triple très intéressant sur ce lieu clos qu'est le navire :
1 - Esquiver Yume. Un objectif qui ne sera, je pense, pas atteint ! D'un point de vue romanesque, ce serait dommage que l'élément perturbateur (Yume et le policier) ne soit pas utilisé plus qu'en tant que simple background/tension. Il faudra bien qu'ils se recroisent à nouveau, non ?
2 - Ne pas laisser ses coéquipiers savoir qu'il a eu une liaison avec elle. Ce qui à mon sens est un peu paranoïaque de la part du tueur, après tout, en quoi cela serait réellement un signe qu'il n'est pas digne de confiance ? Yume en elle-même, bien qu'apparemment une célébrité, n'est pas une ennemie du groupe ou une cible stratégique. Ils pourraient à la rigueur trouver cela inconvénient de prendre le risque qu'une ancienne connaissance fasse tomber sa couverture, un danger que bon nombre d'espions infiltrés doivent éviter comme la peste. Et là, ce serait Yume qui serait potentiellement visée par le groupe d'assassins pour empêcher que la mission soit mise en péril. Donc le narrateur, ici, ne craint pas pour sa vie, non, il ne veut pas se l'avouer mais il a peur que ses associés s'attaquent à Yume. Il n'aurait ainsi pas d'autres choix que de la protéger, à un contre trois.
3 - Arriver en Amérique et accomplir la mission de Messire de l’Étang Menteur. Cet enjeu est N°3 parce qu'on sent clairement que le narrateur change doucement de priorités au fur et à mesure que son passé le rattrape.
"non que je doute en mes capacitiés de discrétion" : Non que je doute de mes capacités de discrétion ! "Douter de" est plus adéquat ici. "Leurs conventions l'étouffent" : l'étouffe ! "Chapperon" : Chaperon !
Le narrateur est prudent et logique dans ses déductions, j'apprécie qu'il pense à toutes les éventualités. Direction Igor Stanislas !
"Coïencidence" : Coïncidence (Je te conseille chaudement de relire et de corriger tous tes chapitres pour éliminer les fautes de frappes !)
"Mes yeux bruns paraissent vides. Sans doutes à cause des cernes" => Ou peut-être parce que tu es un meurtrier sans remords ? x)
La salle des fêtes, donc, le lieu où les assassins se sont donnés rendez-vous pour 19h. J'ai beaucoup de mal à croire qu'un lieu aussi bondé aux alentours de 13h/14h soit déserté vers 19h, mais passons. Si cela se trouve, elle ferme à une heure précise, ou alors tout le monde sera ailleurs pour dîner.
Oh, voilà donc la raison de la célébrité de Yume, elle appartient à une famille fortunée et puissante dans le monde des affaires. "La richesse ne fait pas le succès, bien que le succès lui, apporte souvent la richesse." => Bon dicton, bien trouvé !
"et de me remémorer de mon objectif principal" : Il y a un "de" de trop ! "Me remémorer mon objectif principal" est suffisant, je pense, cela fait plus fluide ! "Étrange, lui qui s'était tant intéressé en cet energumène !" : tant intéressé à ! "Maschiste" : Machiste
"aussi légère qu'une enclume" => Bien, très très bien ! L'utilisation du mot "léger" plutôt que "lourd" est originale et valide, cela enrichit ton texte ce genre de pirouette littéraire.
Le narrateur commence à comprendre le bénéfice du travail d'équipe, lui qui était plutôt mécontent de cette particularité de la mission, au début de la traversée. C'est bien de le faire descendre de son piédestal d'arrogance !
"Je sors brusquement de ma réflexion comme de l'eau froide" => Je vois ce que tu as voulu faire ici, mais cela ne fonctionne pas pour moi. La comparaison est bancale, on se retrouve à comparer le narrateur avec de "l'eau froide", au lieu de comprendre le sens "sortir d'une réflexion tout comme émerger d'une eau froide". C'est délicat. Après... Je chipote. Cela peut convenir. Mais alors il faut dire "comme d'une eau froide" plutôt que "comme de l'eau froide".
"mon coeur glacé" => Un coeur d'autant plus froid que plongé dans une réflexion comparée à une eau froide ! (Oui, je fais des amalgames qui n'ont probablement pas été prévus xD)
Andrew ou Andrey ? Tu as utilisé un orthographe différent au chapitre II.
Bien, bien, un chapitre de transition qui suit le précédent dans sa lancée, l'affaire Igor Stanislas est bien engagée et on a toujours la menace Yume/Policier qui pends au-dessus du crâne du narrateur. Je lirais bientôt le suivant !
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| | | Yume
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Dim 1 Avr - 19:34 | |
| - Le Londres d'Après (IV) -Partie II:
L’impression que cette grande pièce, encore cet après-midi noire de monde m’avait faite, était à l’image de la société mondaine que j’avais fuie; Trop dorée pour être belle, trop sage pour être appréciable et bien trop fausse pour la naissance de n’importe quel sentiment. Cependant, tandis que j’analyse les potentiels dangers de la salle, c’est à peine si je la reconnais. Les tables à buffets sont à présent rangées contre les murs, les unes sur les autres, l’insupportable mélange du brouhaha et de la musique n’est remplacé que par un silence serein. Au centre, où se tenaient, affalés sur des sofas ou debouts, une foule trop parfumée, ne surplombe qu’une grande table, éclairée faiblement par un chandelier.
Je m’approche, relâchant légèrement ma vigilance. A mon grand soulagement, Lord Sand, raide dans son fauteuil lit le journal et Lady Hermine qui se prélassait sur une méridienne, se redresse quelque peu à ma vue. Seul Renard manque à l’appel. Ce qui ne m’étonne pas le moins du monde. Lorsque je prends une chaise, la dame m'arrête en claquant sa langue sur son palais. Je lève les yeux. Son regard noisette me transperce et un rictus se forme au coin de ses lèvres roses.
“-Allons. Ce n’est pas parce que tu es le petit nouveau que l’on va te manger ! Assieds toi donc à côté de moi, il y a de la place ! “
Afin d’appuyer ses dires, elle tapote le sofa sur lequel elle est à présent assise. Malgré ses battements de cils et son sourire affable, je reste tendu; Autant de sympathie pourrait cacher quelque chose. De plus, je ressens… Une drôle de tension dans l’air.
“-Inutile, madame. C’est très aimable à vous, mais Andrew allait s’assoir à mes côtés. Viens mon garçon. “
D’une voix forte et sûre, Sand lève le nez de son journal et me tire une chaise. Déjà plus convaincu de la bienveillance que cet aîné me porte, et pour le succès de mes prochaines entreprises, je ne me fais pas prier. Je me souviens clairement avoir lu sur le dossier d’Hermine qu’elle utilisait ses atours pour des entreprises bien funestes. Celle-ci lance d’ailleurs un regard orageux à l’ancien.
“-C’est mademoiselle pour toi, vieille branche.”
Je grince des dents. Je comprends bien mieux le silence précédant mon arrivée, à présent. Respirer le même air que l’autre a l’air d’être un supplice pour mes deux collègues. Comme quoi partenariat n’est pas toujours synonyme de bonne entente ! Le dandy à mes côtés n’est sûrement pas insensible à ce pique, mais ne répond rien d’autre qu’une œillade médisante. Le silence retombe. Si je m’attendais à un tel accueil.. ! Je pensais être l’arriviste dans une escouade soudée, mais finalement, ils ne me sont pas différents; Des individualistes aigris d’être associés à une autre force que la leur.
Assez gêné, je jette de nouveau un coup d’oeil autour de moi. Non loin, Hermine m’analyse du coin de l’oeil sans se départir de son malin sourire. Près de moi, Sand est retourné à son journal. Le Times. Je souris. Il peut donc en savoir plus que moi sur la présence des intrus à notre bord ! Après tout, il avait conscience dès son embarquement qu’il n’était pas seul. L’homme est un professionnel… Mais guère causant. L’absence de bruit qui ne m’est que bénédiction en temps normal, commence à me déranger. J’en voudrais presque que Renard arrive plus vite. Il n’est peut-être pas le plus fûté, mais au moins son attitude enfantine pourra peut-être dissiper cette atmosphère si pesante. Je me risque à ouvrir la bouche.
“-Ne pouvons nous pas commencer sans lui ?”
La lady réplique immédiatement, comme si elle désirait devancer quoique notre camarade avait à dire.
“-Patience. Il va venir, faites moi confiance.“
Un ricanement fuse à ma droite. Elle l’ignore, gardant son flegme olympien. Je l’observe; Elle paraît plus jeune de près. Un petit museau fortement retroussé se distingue de son visage fardé. Ses boucles d’or paraissent ambrées à la lumière de la flamme, et de longs cils épousent ses grandes pupilles pétillantes. Cette femme possède sans le moindre doute, un charme certain; Elle le travaille, l'entretient, l’utilise: Sa toilette offre une aperçu délicieux sur sa gorge, dans une limite de décence encore floue. Elle voit que je l’étudie; Son sourire s’agrandit davantage.
“Par ailleurs, tant mieux ! Qu’il prenne son temps. Avant de commencer, je voulais apprendre à mieux cerner mon nouveau coéquipier. Nous n’avons encore jamais eu de face à face, je me trompe ? ~”
Je secoue simplement la tête. Je sens le regard de Sand sur moi, prévenant. J’ai compris le message; Je serai sur mes gardes.
“-Pas très causant, hm ? Ca me va. Dis moi simplement… Comment doit-on t’appeller ? Ton dossier n’avait qu’une affreuse bande noire à la place de ton pseudonyme. L’autre vieux assume toujours tout, mais tu ne resteras pas Andrew bien longtemps. “
Je tique. C’est vrai. J’ai des informations à leur sujet, il est donc naturel que mes compagnons en possèdent la pareille. Cependant, il s’agit de mon premier travail dans cette organisation prometteuse. Je me demande jusqu’où l’Etang Menteur s’était renseigné sur mon compte. Mon petit secret est sûrement à l’abri, mais… Qui sait..? Je suis aussi curieux qu’inquiet.
“-Hmm. Mon dossier dit quelque chose d’autre d’aussi intéressant?”
Elle rit avec retenue.
“-Bien essayé, mais crois moi, tu n’auras rien de nous à ce sujet. Réponds simplement à la question.”
Qui tente rien n’a rien ! Je garde tout de même cette information dans un coin de ma tête, en espérant de pas l’oublier. Je pourrai toujours trouver une opportunité pour fouiller. Je sens le regard de la blonde me transpercer de toutes parts. Je suis pris de court par une telle question; Pour aussi longtemps que mes souvenirs sont clairs, je me suis souvent nommé selon le bon vouloir des autres, et ça ne me dérange pas plus qu’au premier jour. Le nom qui me plaît…? Qu’importe. Je ne devrai pas réfléchir trop longtemps. C’est pourquoi j’ouvre la bouche et…
“-Ange.”
Je me sens étrange. J’ai parlé sans même avoir à réfléchir un instant. Ce nom… C’est celui que… Qu’importe, j’ai dit! Au moins, cela est fait. Immédiatement, un rire franc me tire de ma réflexion. Je tourne la tête; Sand avait fermé son journal et se décrispe pour la première fois sous mes yeux, pour un court instant. Le serpent peut donc montrer ses émotions ! Intriguant.
“-Pas mal ! Pas mal du tout… “
J’ose un discret rictus et dirige de nouveau mon regard vers Hermine. Elle ne sourit plus. Son regard insolent s’est évanoui, laissant place à un trouble indescriptible. Elle répond doucement.
“-Ne l’écoute pas. Je trouve ça très joli.”
La porte s’ouvre soudainement, brisant la confusion étrange présente dans cet échange silencieux. Le retardataire ferme nonchalamment la porte et se dirige vers notre table en toute sérénité.
“-Vous êtes au retard, monsieur le goupil.” Sand a vite retrouvé son regard venimeux.
Mais le jeunot l’ignore, cherchant plutôt notre coéquipière du regard. Elle le fixait déjà un sourire sincère derrière l’éventail. Il porte une main sur mon coeur, d’un air faussement théâtral.
“-Oh ma mie, je me suis tant langui de vous ! ~”
Elle laisse échapper un petit rire amusé, alors que le sexagénaire soupire lourdement. Je n’en reviens pas. Ils… Non…. Si? Sand crache à mi-voix.
“-Guignols..”
Renard ne l’écoute cependant pas -il le prétend, du moins-. Sans nous adresser un regard, il contourne la table pour faire un baise-main à la dame, agrémenté d’une courbette exagérée. Je tombe des nues. Comment -diable- une précieuse de son genre ne pourrait-elle pas en être offusquée ? Mais ses manières grossières et clownesques ne lui inspirent qu’une lorgnade tendre.
“-Aussi fraîche et piquante qu’une rose à ce que je vois ! ‘“
Alors qu’il surenchérit, Hermine roule des yeux, sans cependant afficher la moindre irritation. Elle tapote ensuite sa méridienne, complice.
“-...Et le plus charmant des chafouins ! Je t’ai gardé une place à mes côtés! ~ “
Je me garde bien d’ajouter qu’il y a à peine quelques minutes, elle me la cédait entre deux battements de cil. Je les contemple donc nous ignorer, ne me remettant pas de ma surprise. Les informations sur l’aristocrate indiquaient une expérience conséquente, des méthodes nécessitant sang-froid et raffinement. Pourtant, l’attachement qu’elle porte pour ce comparse maladroit semble dénué de toute hypocrisie. Alors comment..? Le benjamin a bien dû faire quelque chose pour se retrouver dans les bonnes grâces d’un agent si compétent ! ...C’est une histoire que je n’entendrai sûrement jamais.
Quelques minutes passent encore. Les inséparables murmurent secrètement sur le sofa et Sand continue de s’obstiner à lire le même paragraphe en continu. Je ne peux que dessiner mentalement les dorures des murs sombres, tout en glissant le ruban bleu entre mes doigts. Finalement, l’aîné ferme la gazette et la replace devant lui. Il frappe ensuite sa chevalière à trois reprises sur le plat de la table. Le silence est immédiat. J’en frissonne.
Je jauge une dernière fois l’assemblée. Les badineries futiles furent avortés d’une seconde à l’autre. Le sérieux était tombé; Même Renard affiche à présent une mine concentrée. Dans leurs yeux, ne brille qu’un éclat nouveau. Une hargne, ce que les autres appellent Le Mal.
Lord Sand, visiblement le maître de l’étrange cérémonie qui vient de débuter, se racle la gorge. Il pose ses deux mains sur la première page du papier froissé.
“-La réunion peut donc commencer.”
Il marque une pause distincte, nous considérant individuellement.
“-Chers collègues, changements de plan. Nous avons de la compagnie.”
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| | | Yume
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Jeu 6 Déc - 22:24 | |
| Je sens que je rouille en écriture et je bloque sur mon récit principal, alors j'ai décidé d'écrire une nouvelle en parallèle ! ...Qui sera plutôt longue x_x - Les Enquêtes de May l'Epouse, Volume I, Partie I: :
Mon amie la plus chère était éternelle. C’était une situation dont je m’étais toujours vanté dans mon for intérieur: Alors que le commun des mortels récitaient leurs psaumes chaque soir au coucher et se levaient au crépuscule tous les dimanche dans la crainte de l’au-delà, moi-même, May Wilson, Vicomtesse et épouse, je profitais de soirées délicieuses en compagnie d’une créature de la nuit, preuve approximativement vivante d’une alternative à la fatalité de l’humanité. Je craignais en vérité davantage la mort de l’âme que celle du corps. Dès ma naissance, cette dernière m’avait accompagnée, suivie de près alors que je grandissais. Proches disparus, tentatives d’assassinats…Amitié cadavérique. Mon existence mortelle n’était qu’une lente préparation au sort qui m’était destiné. Sort que je sentais de plus en plus imminent. J’avais évidemment gardé cette réflexion pour moi. Une telle constatation me laissait d’une indifférence surprenante. Arrivera ce qui arrivera !
Je vivais chacun de mes jours avec passion, comptant bien ne pas gâcher la moindre minute de mon temps. Je n’aspirais pas être de ces démunies, attendant nuit et jour le retour de leurs maris, subissant cette douloureuse attente aux côtés de leurs semblables, qu’elles détestaient pourtant de tout leur être. J’étais bien plus que cela. J’étais une véritable épouse. L’essence même -que dis-je? La figure même- de la femme mariée, emblème de d’indépendance et de puissance. Je ne me lassais pas de mon titre. Depuis le mois à présent si loin de mes épousailles, je traversais les foules en reine. Dès l’instant où mes lèvres avaient rencontrées celles de Charles-Henri, je m’étais transformée, m’arrachant à la chrysalide de l’enfance et de la candeur. Au yeux du monde, du moins, c’en était certain.
Je l’avais aussitôt remarqué lors de la fête suivant la cérémonie. Habituée aux railleries peu discrètes ou à l’ignorance totale, j’avais été frappée par ce nouvel éclat dans les yeux de chacun..et de chacune. Une profonde admiration, un respect indiscutable, souvent suivis d’une jalouse envie. Tous semblaient rêver de me posséder ou d’être moi. A croire que je portais le Messie en mon sein ! Cette sensation me grisait plus que je ne voulais l’admettre.
J’avais alors, dans les vestiges de mon bon sens décidé de m’effacer de la vie mondaine. Peut-être était la raison de la persistance de ce sentiment de fierté chaque fois que je sortais. La perfection se trouvait dans la mesure. Je n’avais pas eu à me battre pour me convaincre. Si ce n’était pour me lancer des fleurs, le cercle aristocrate n’avait toujours guère grand intérêt. Toujours les même histoires, encore et encore. Chacun voulait se présenter en modèle, sans cependant tromper personne.. ce qui devait également être mon cas. Je préférais ne pas y penser.
Mon amie la plus chère était éternelle. Ce qui avait certes un grand nombre d’avantages. Après quelques temps, cependant, les inconvénients m’étaient apparus clairement. Sa malédiction était impressionnante et magistrale. Guère pratique, en contrepartie ! Si je désirais me promener sous un beau soleil d’été, je devais marcher seule. Si par la suite, sous ce même soleil, je décidai de faire quelques achats, au détour d’une rue commerçante.. Ce serait par moi-même et dans le silence que je m'exécuterai. Je pensais toujours à Emily dans ces moments là. Sans aucun doute lui prendrais-je quelque soierie ou curiosité que je penserai à son goût. Mais elle ne serait pas à mes côtés. Si à l’heure du goûter, étais-je toujours dehors… Je grignoterai, retirée dans un coin discret, ignorant les regards curieux dans les salons de thé. Je n’avais pas d’autres amis. Rectification. Je n’en avais plus. L’absence d’AK de mon quotidien m’avait laissé un vide immense, longtemps après son départ. Je n’avais jamais été douée pour me lier des amitiés: j’avais passé toute mon enfance éloignée des autres enfants. Dans le monde dans lequel j’évoluais adulte, je n’aimais pas les autres. Ils leurs manquaient une authenticité et un sens de l’aventure qui me les rendaient insupportables dès que je désirais gratter la surface. Ils me le rendaient bien. Malgré leurs sourires, je percevais leur malaise face à moi. Trop extravagante. Honnête. Expansive. J’étais trop et eux pas assez. Qui avait besoin d’autres amis après tout ? Mon amie la plus chère était éternelle, et bien plus intéressante que tous ces individus réunis.
J’avais fini par m’habituer à ce mode de vie. Je passais parfois à l’appartement d’Emily en journée. Elle m'accueillait toujours dans son antre avec plaisir, à défaut de pouvoir en sortir. Je ramenais des pâtisseries à manger au soir, et nous discutions de tout et de rien. Je ne m’ennuyais jamais en sa compagnie. Nous décortiquions parfois des enquêtes à travers les journaux, élaborant nos propres théories, ou quand l’inspiration nous venait, nous passions des après-midi à expérimenter nos fibres artistiques. J’avais pris pour mauvaise habitude de ramasser tout le bric à brac que je trouvais pour l’emmener à son appartement. Au moins, cela m’occupait ! Malgré tout, nous nous retrouvions plus généralement à la tombée de la nuit, quand son apparence le lui permettait; Nous nous promenions en ville ou allions au manoir, où nous dinions en compagnie de Charles-Hen...Mon mari. Plus rarement, je prolongeais mes après-midis dans son appartement et y dormais comme je pouvais.
Cependant, Emily était une nature solitaire. Je l’avais tout de suite compris. Je savais que lui laisser de l’espace, pour qu’elle profite de ce temps seule était essentiel. Parfois des semaines passaient sans que je n’initie un contact. Il fallait après tout que j’ai des choses à raconter, dans l’existence solitaire que je menais à présent. Je m’occupais du mieux possible. La journée, je restais au manoir à dormir, lire, m’instruire, dessiner et à m’entraîner au combat avec les moyens du bord. Seule. La nuit, je sortais déguisée ramasser des objets abandonnés et flâner ça et là, espérant attraper quelque chose d’intéressant dans un bar ou dans les rues. Je liais parfois une camaraderie avec un oiseau de nuit de passage, que je ne revoyais jamais. Je n’étais pas malheureuse. J’aimais ma vie ainsi.
Charles-Henri et moi faisions… Charles-Henri, mon mari et moi...sa femme faisions chambre à part la plupart du temps. Nous nous étions attachés l’un à l’autre avec le temps, et il ne désirait plus m’imposer le moindre devoir conjugal s’il n’avait pas mon accord. J’étais chanceuse pour cela. Cependant tous les jeudis, d’un commun accord, nous nous retrouvions dans la même chambre à coucher. Je faisais en sorte de ne pas sortir ces soirs-là pour lui tenir compagnie. Son quotidien, bien qu’il soit apprécié et possède un travail l’occupant à plein temps, était également solitaire. Nous profitions de ces soirées pour nous retrouver et discuter, comme nous ne nous croisions que peu au sien du manoir. Il rentrait et je sortais. Quand certaines nuits, nous nous sentions tous deux abandonnés ou chagrinés, je le prenais dans mes bras et je caressais ses cheveux, jusqu’à ce que l’un de nous s’endorme. Cela ne me dérangeait pas. J’en éprouvais un certain réconfort.
Au détour de l’une de ces soirées, Charles-Henri m’avait communiqué son inquiétude. Il comprenait et respectait comment je fonctionnais. Mais il n’aimait pas que je passe mes journées seule dans le manoir, attendant la nuit. Il avait toujours eu de l’affection pour Emily et n’avait rien contre notre amitié. Il remarquait cependant que je sortais de moins en moins, si ce n’était pour lui rendre visite. Il craignait que cet isolement ne me rende trop mélancolique. Mélancolique, moi ? Pfff..
Je réfléchis, et dus reconnaître qu’Il n’avait pas tort sur sa première remarque. Je limitais à présent mes sorties en journée à des achats occasionnels et à mes rendez-vous avec Emily. La solitude était pesante dehors, sous le regard des autres. J’avais tendance à me perdre dans mes souvenirs. Mais peut-être manquai-je une partie de la vie que je m’étais promis de mener ? Avec un peu de chance, pourrai-je entendre des choses intéressantes parmi les passants. Je lui promis alors de faire des efforts. Je me forçais à sortir plusieurs après-midis par semaine. Cela ne pouvait pas me faire trop de mal ! Notre mariage était passé depuis un moment. L’attention Londonienne était portée sur d’autres affaires, comme notre vie n’était pas palpitante. Cela m’arrangeait. Je n’étais que rarement dérangée par des passants ou les journalistes. Les paparazzis, quant à eux, étaient trop occupés à traquer la Marquise Ciannur, dont les différentes adultères venaient d’être percées à jour. Pour passer le temps, je lisais à présent le journal tous les matins. J’y collectionnais les ragots des plus curieux.
Je sortais d’une librairie, un exemplaire du Times sous le bras et avec un calepin adorable sur lequel j’avais craqué. Celui-ci était à peine plus grand que ma main, d’un bleu roi, un lierre se détachant en relief. Je m’assis sur un banc, parcourant les pages du petit calepin, puis dépliant le journal sur mes genoux. J’amorçai ma lecture, me plongeant dans ma bulle, à l’abri des sons de la rue. Encore un exploit de Full Saber ! Cet homme ne prenait jamais de vacance ? Son visage fait de nouveau la une. Voilà qui allait faire plaisir à Emily. Je souris, rêveuse.
Sans crier gare, une lumière vive passa devant mes yeux, m'éblouissant. Une douleur aigue me prit le crâne et je portai une main à mon front, relevant aussitôt mon regard vers la rue. Je n’y vis rien de spécial. Je laissais échapper un soupir, me recentrant sur ma lecture. J’avais peu dormi ces derniers jours. Sans doutes un effet de la fatigue.
***
Je sortis une seconde fois cette semaine. J’étais d’une humeur particulièrement légère. J’avais montré ma dernière acquisition à Emily la veille. Elle m’avait incité à y noter tout ce que je trouvais qui semblait sortir de l’ordinaire. Je savais qu’elle me disait sûrement ça pour m’aider à m’occuper, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’ouvrir l’oeil. Full Saber qui ? Je me sentais petite inspectrice en herbe ! Je n’avais pourtant rien noté pour l’instant. J’avais beau scruter des petits groupes, espionner leurs conversations, il fallait croire que leur vie était aussi intéressante que la mienne ! En revanche, et ce depuis plusieurs minutes déjà, un certain malaise commençait à s’insinuer en moi, sans que je ne puisse l’expliquer. Je tentais de l’ignorer d’abord, mais celui-ci ne disparaissait pas. Je changeai soudainement de rue, accélérant le pas. L’impression me suivit, remontant le long de ma colonne vertébrale pour se planter dans ma nuque. Ma respiration s'accélera légèrement, alors que je fis un tour sur moi-même. Je me sentais ...observée. Comme si quelque part, l’on me fixait avec insistance. La rue n’était pas bondée, et les quelques passants étaient trop occupés ou pressés pour m’accorder plus qu’un regard surpris à ma vue. Rien d’alarmant. Rien d’inhabituel. Pourtant, après seulement quelques minutes, je décidai de rentrer.
***
Une fois chez moi, encore prise par l’agitation du moment, je notai ce que je venais de vivre, comme pour me rassurer. Le lendemain, j’oubliai le calepin sur ma table de chevet.
***
Une autre semaine s’était écoulée, et reprenant mon quotidien, j’oubliais quelque peu cette histoire. Je retrouvai mon carnet le dimanche soir et relus naturellement mes notes, qui me firent doucement sourire. Quoique ça ait pu être, c’était à présent derrière moi. J’étais sortie de nouveau, de jour comme de nuit. Rien du tout ! Si ce n’était pas mon imagination qui m’avait joué un tour, il s’agissait sûrement d’un individu éméché... ou qui n’avait pas toute sa tête . Tout le monde n’était pas sain d’esprit, dans la grande ville de Londres ! Je grimaçai. A cause de ce stupide incident, j’avais gâché de la place dans mon si beau calepin.. J’hésitai à arracher la page, mais la laissai tel quel après réflexion. Je n’avais pas tant écrit que ça. Il ne fallait pas gâcher le papier !
***
Encore une semaine derrière moi, alors que l'arrivée de l’automne se faisait enfin ressentir: je commençais à sortir quelques toilettes un peu plus chaudes. Je descendis de mon cab, rejoignant l’artère principale de Piccadilly. Je refermais mon manteau en avançant dans la bise de cette fin d’après-midi, qui tentait de s’infiltrer dans mes vêtements. Je n’avais pas grand chose à faire, si ce n’était profiter de l’air frais. Je regardai les pavés irréguliers de la chaussée en avançant et frissonnais. Quel temps, décidément ! Si Emily ne m’avait pas invitée chez elle à deux reprises, je serai restée au manoir à lire du Alexandre Dumas toute la semaine. Elle et moi étions assez inspirées; j’avais ramassé quelques feuilles mortes et des pièces de monnaie sur le chemin. Notre composition en fut belle, mais les feuilles avaient fini par s’émietter sur le parquet de son appartement. J’espérais que ça ne poserait pas de problème avec sa locataire; Elle n’avait pas de domestique et...mon amie n’était pas des plus maniaque. Celle-ci m’avait également demandé avec malice comment mes enquêtes avançaient. Un peu honteuse de ce que j’avais écrit dans mon calepin, je lui dis que celui-ci était encore vierge, et que je n’avais pas encore trouvé un mystère digne de notre intérêt. Ce qui n’était pas faux, en soi… Je remarquai un fleuriste à la sauvette, s’étant installé un peu plus loin. Ce qui me rappelait que cela faisait une éternité que je n’étais pas allée visiter la tombe de maman. Plus le temps passait, moins j’avais l’impression de la connaître. Peut-être était-elle en fin de compte une de ces femme au foyer que je déteste tant.. Je m’approchai du petit stand et échangeai quelques pièces contre un bouquet de tulipes. Le cimetière était à une vingtaine de minutes d’ici. Je décidai de ne pas prendre de cab. La circulation était de toutes manières ralentie dans un quartier si commercial. J’entrepris mon chemin, serrant le bouquet contre moi et humant ses effluves. Un homme pressé me bouscula, me forçant à m’arrêter pour ne pas m’écraser contre les dalles sales. Malpoli… Alors que j’époussetais ma robe d’un geste contrarié, je remarquai un mésange d’un bleu éclatant, picorant à l’écart, sous le porche d’un grand magasin. Je m’approchai curieuse; ces petites bêtes évitaient les zones urbaines d’ordinaire; je n’en avais vu que lors de mes séjours à la campagne.
“-Qu’est ce que tu fais là, mon bonhomme ?”
Je me penchai pour observer ses plumes de plus près, quand un flash de lumière vint me brûler la rétine. Le bruit qui l’accompagnait fit s’envoler le mésange. Je reculai, aveuglée, portant une main sur mes yeux. Je lâchai les tulipes.
“-Eh!!”
Quand j’ouvrai les yeux, j’eus à peine le temps d’observer une silhouette s’effacer derrière le mur de l’intersection la plus proche. Je ramassai le bouquet, encore ahurie et confuse des derniers événements. Certains passants s’étaient retournés vers moi d’un air curieux. Je clignai des yeux, tentant d’apaiser la douleur et fis quelques pas, alors je sentais la colère monter en moi. Qui qu’il soit, ce paparazzi allait entendre parler de moi !!
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| | | Yume
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Mar 18 Déc - 19:19 | |
| Répertoire personnages: (Mis à jour régulièrement)
Famille Wilson: Branche May:Maggie Bennet (décédée) -Bourgeoise Lily Wilson, ex-Bennet (décédée) -Bourgeoise Stanley Wilson -Vicomte May Wilson -Vicomtesse Nicholas Wilson/Daman-?? Branche CH:
Ana Cole -ex Walsh -Bourgeoise Mildred Turner -ex Walsh(décédée) -Bourgeoise Vivian Wilson-ex Walsh -Bourgeoise Hector Wilson (décès post mariage) -Vicomte Charles-Henri Wilson -Vicomte Entourage mondain: -Mathilda Parker-Baronne (née bourgeoise) -Enoch Wood -Comte -Edouard Frey -Vicomte Criminels: -AK -L'invisible -Assassin au Camélia (nom provisoire) -Bartholomew Bingley -C. -Bella Donne -Gideon Lock -L'Antiquaire -Eldon Sand -Spleen - le Cardinal -Julius Collectifs;-Enchanted Needle/L'Aiguille Enchantée -Bryone -FABLE Criminels français; -La Mante -Etang Menteur (Nom provisoire) -Lully -Molière -Hermine -Renard Criminels étrangers:- Kat (Amérique) -Victor I. Stanislas (Russie) | |
| | | Yume
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Mer 20 Mar - 22:59 | |
| Bonsoir aux peu qui me lisent ! J'ai écrit ça il y a un peu plus d'un an, non seulement en travail scolaire mais aussi en challenge; Je le partage aujourd'hui parce que je l'aime toujours autant, et j'espère que vous serez indulgents des quelques maladresses: - Extrait du journal de "l'Assassin au Camélia" -nom donné par la police-:
Ce soir encore, C’est vers la Femme que m’a poussé le Hasard. Noyé dans la flamme de son regard, La pensée m’a pris : Que le Monde a tort !
Tyran, d’une seule voix tu dresses Les ronces d’une injustice éternelle Obstruant, à sa plus grande détresse, Le mouvement de ses ailes, Annihilant sa juste apothéose.
Odieuse grimace, impose, Lourdes chaînes enserrant ses si doux poignets, Tourments maquillés ; Pères, Frères et Maris, Plaintes captives de ses lèvres scellées, Asservie, Ce soir encore.
Une peau de lait, toutes si jeunes dans l’air du soir, La Femme sous toutes ses formes, souillée, abîmée, Pour un gagne pain pourtant si dérisoire.
Monde, vois ce que tu infliges ! Une muse de beauté, si tôt dépravée; Egoïste, au hasard, Du paradis tu la prives !
Non. Je ne suis plus le rat laissant la divinité se damner ; Je suis le justicier, Qui de son scalpel purifie les abysses des âmes pourtant réputées sans fond. Il est de mon devoir de la libérer.
Elle sait. Malgré son destin doux amer, elle me suit sans obtempérer. Ses doigts gracieux dans leurs usures tentent de me procurer cette nuit quelques bienfaits. Je me dois de lui refuser ; Ma mission est de la respecter.
Un sourire jaune, je la fais valser Dans la Tamise je lui propose de se baigner Un rire, un instant pour se dénuder Son corps elle m’offre, mes yeux s’en détournent d’émoi Douce Ophélia, contemple les étoiles Pendant que tu te noies.
« Le vent baise ses seins et déploie en corolle Ses grands voiles bercés mollement par les eaux; Les saules frissonnants pleurent sur son épaule, Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux. » [¹]
Rimbaud, tu as pour moi le fin mot, Quand j’admire son visage se figer sous les flots. Ses cheveux blonds, bruns, roux, Ondulent gracieusement, épousant les remous.
Hattie, pardonne moi donc t’ignorer tes cris, J’essaie de rapidement taire ta douleur. Ta beauté n’en ayant que davantage fleuri, Apporte à mon vieux coeur un peu de douceur.
Ton corps émergé, Frissonnant de la bise glacée, Un linceul blanc, toge des reines. Bonifié, Je laisse dans ces eaux troubles le fantôme de ma peine.
M’éloignant des ombres lubriques des Docks[²] Nos ombres glissant le long des murs obscurs, je me mens Je signerai de ma main cet accomplissement, La fin d’une époque.
Les lampadaires sales inondent d’une apaisante lumière, Un des bancs de Trinity Square. [³] La nuit est calme; Pas un chat, moi seul, et cette dame !
Solennellement, Prenant soin de ne pas perturber la si farouche Myrtle, Une inspiration, Je retire pour un instant le linceul.
Un corps divin dans son imparfait, De sa dernière baignade encore frissonnant, Je ne me daigne de le regarder; A présent, une toute autre tâche m’attend.
Assuré, empoignant le scalpel brillant, En un battement de cils,de ces quelques mouvements, L’organe infecté y est enfin isolé. Permelia, en es-tu soulagée ?
Loin de toi, je le pose. Au matin, il sera tas de cendres. Aucune sève n’entachera ta peau rose; Une dernière consécration pour toi, ma tendre.
Du camélia blanc semble émaner une lueur; Ode à ta perfection et l’excellence, Ici bas, un présent de ton adorateur, Emplit le vide jadis souillé dans une harmonieuse quintessence.
Te voilà de nouveau recouverte. Hélène, maintenant plus pure que le nouveau né; Si paisible et légère sous tes paupières inertes, Je t’ai cette nuit délivrée.
"N’ont qu’un espoir, étrange et sombre Capitole! C’est que la Mort, planant comme un soleil nouveau, Fera s’épanouir les fleurs de leur cerveau! - Baudelaire"
Jack L'Eventreur, était évidemment la base de ce personnage; Une suite n'est pas prévue. | |
| | | L'Ecrivain Autorité Suprême
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Lun 22 Avr - 20:25 | |
| Le Londres d'après V : ANALYSEEt on reprends donc là où on avait laissé notre tueur, juste après sa rencontre avec Stanislas. Sa frustration vis à vis de cette rencontre un peu impromptue souligne avec brio que le protagoniste déteste l'improvisation et préfère avoir une longueur d'avance. C'est quelqu'un qui aime l'organisation, et cela se sent ! "Son étalon déguisé en pelouse" => Jolie pique xD rassurera assurément => "rassurera sûrement" ou "rassurera forcément" est mieux substitué ici, pour plus de fluidité ! "Une fois avoir vérifié la sûreté du couloir avec un rapide coup d'oeil. Je m'y engage:" => Je te conseille de bien te relire pour que tes phrases soient bien élaborées, ici, le point devrait être une virgule ! Première rencontre officielle avec le policier verdoyant ; Paranoïa et tension très bien écrite ! Le problème devient de plus en plus pressant. Peut-être un sujet à aborder pendant la réunion ? jaunies par l'humidité de mon trou => Je trouve cela très bien que tu prennes en compte l'environnement, déjà tout à l'heure tu faisais référence à la température, maintenant tu te calque aussi sur l'humidité. Cela favorise l'immersion ! Le cauchemaaar. Que dire, que dire, c'est tellement bien raconté que je ne peux pas trop soulever de critiques. Evidemment que c'est un cauchemar, parce que je ne pense pas que le protagoniste soit réellement capable de tuer Yume, pas après avoir plongé dans sa psyché où elle semble omniprésente et pas alors qu'il lui voue visiblement encore un attachement profond. Et quand bien même il le faisait, ce ne serait pas avant d'avoir pesé le pour et le contre pendant des jours, vu son caractère perfectionniste ! Mais bon, il y a toujours l'hypothèse de la folie ou du somnambulisme. Ce qui transformerait la mission en guêpier sans nom : une décédée à bord du navire, qui plus est une célébrité ? Avec un inspecteur renommé à proximité, connaissant la victime ? Ce serait presque impossible pour l'équipe de l'Etang Menteur de ne pas se faire pincer. Le Londres d'Après VI Partie 1 : ANALYSE Toute une famille s'agite dans la bassine de ma salle de bain. => Excellente figure de style. C'est évidemment immoral de trouver de la beauté dans le sang versé d'une famille sans doute innocente, mais cela reste fin ! Et le protagoniste d'asséner à quel point il s'en bats les steaks. Au moins, on sait que tout ce qui l'intéresse dans ses assassinats, au-delà du fait que ce soit sublime, c'est l'argent au bout du tunnel. Peut-être une séquelle d'avoir été dans le besoin quand il était tout petit ? Le manoir Wilson, donc. Un flashback ! C'est bienvenue, considérant que le passé entre Yume et le protagoniste est encore un peu flou. On sait qu'il a été à un moment son majordome, qu'ils ont partagé une relation fusionnelle, et qu'il s'est finalement enfui pour continuer sa carrière de criminel. Et qu'ils n'ont pas vraiment pu vivre leur amour, du fait de leurs circonstances sociales. Bon, en fait, on en sait pas mal dès le premier chapitre, je n'ai rien dit xD Le narrateur tuait donc même en étant au service de Yume. Le savais-t-elle ? En tout cas, ils sont adorables ensemble ^__^ Sa paume m'est trop brûlante pour être agréable et la mienne, sûrement trop glacée pourtant, aucun de nous deux n'ose se détacher. => Oui, je vais me faire un devoir de te pointer du doigt toutes les phrases que je trouve géniales et dignes d'être conservées si jamais tu fais une réécriture ! C'est la parfaite union entre le soleil et la lune, le feu et la glace. Malgré l'inconfort que peut leur causer certaines parts de l'autre, ils s'accrochent, et c'est mignon. Pas elle. => Ah oui ? Même pas pour une fortune ? Parce que toute une famille innocente, tu t'en tamponnes le ciboulot tant que tu as ta petite bourse, mais dès que Yume se fait égorger, c'est une autre histoire. C'est hypocrite, mais d'une manière compréhensible. C'est donc bel et bien une hallucination. D'ailleurs, d'où viennent-t-elles ? La concentration de tellement d'éléments stressants sur ce navire a-t-elle fini par le faire craquer ? AAAH. Intéressant. Pour le narrateur, sa nature criminelle équivaut à sa liberté. Être lui-même, c'est être un prédateur, comme ses collègues, dans lesquels il veut puiser sa résolution à rester un tueur, un assassin. Il ne veut pas céder à la tentation de retrouver Yume et risquer de perdre cette part sombre de son âme. C'est pour cela qu'il a fuit, au fond, non ? Pour ne pas rester au piège de l'amour et de la vie tranquille qu'il aurait avec Yume, tuant définitivement sa carrière de criminel abject. L'hypothèse de l'embuscade n'est pas idiote. Après tout, le narrateur ne sait rien de cet Etang Menteur, tout ceci pourrait être un plan pour se débarrasser de lui de manière certaine. Mais pourquoi Sand aurait perdu son temps à le soutenir avec Stanislas, dans ce cas-là ? Pour gagner sa confiance et lui planter un surin dans la gorge ? On en revient quand même à Yume = faiblesse, le protagoniste est vraiment aux prises avec ses deux coeurs, celui de prédateur, et celui d'amant rêveur. La cuisine mentionnée plus tôt joue un rôle, c'est un excellent exemple de mention d'un élément qui se retrouve utile plus tard. Les bouquins sont bâtis sur ces petits détails, alors je trouve cela bien que tu t'y appliques ! Notre narrateur est paré, couteau, porte de sortie, méfiance, dossiers épluchés, clef mystérieuse. Let's go ! Le Londres d'après VI Partie 2 : ANALYSE L’impression que cette grande pièce, encore cet après-midi noire de monde m’avait faite, était à l’image de la société mondaine que j’avais fuie; => Attention à bien placer tes virgules !! Le narrateur semble convaincu ici que c'est la société mondaine qu'il a fui, et lui attribue le fait qu'aucun sentiment n'aurait pu naître entre lui et Yume. Ou peut-être fait-il ici référence à la relation entre Yume et son fiancé. Quoi qu'il en soit, je ne crois pas que ce soit la véritable raison de sa fuite. Comme je l'ai dit plus haut, c'est davantage la peur de perdre sa liberté que celle d'appartenir à ce monde trop doré, trop sage et trop faux. Hermine se confirme comme un "honey trap", une séductrice déterminée à utiliser de ses atouts pour réussir. A l'inverse, Sand continue à être en mode "mentor bienveillant" avec le narrateur. D'abord la faveur avec Stanislas, puis maintenant l'offre d'alliance sous-jacente (oui, parce que le choix d'où s'asseoir semble être une métaphore du choix d'à qui se fier parmi ses collègues assassins). Surtout que ces deux-là n'ont pas l'air de s'apprécier assez pour bosser ensemble sans accrocs. ce pique = cette pique ! On rebats les cartes. Avant, on était dans l'impression que c'était le narrateur VS l'équipe, maintenant, on retombe dans un dynamique individualiste, avec narrateur VS Sand VS Hermine VS Renard, avec des échanges positifs ou négatifs entre chaque personnalité. Clairement, ces dissensions devront être résolue avant l'arrivée aux USA. Le meeting se transforme en une passe d'arme psychologique contre Hermine, avec Sand en soutien. Ange ? Un surnom donné par Yume ? Le manque de réflexion fait que la réponse paraît instinctive, comme connectée à toutes ces émotions qui s'enchaînent dans le crâne du narrateur depuis son arrivée sur le navire. C'est forcément en rapport avec Yume. Wah, mais cela les a fait réagir à ce point ? La connotation du mot "ange" semble les perturber l'un comme l'autre (si Sand est amusé et brise sa carapace, c'est que cela a dû grandement résonner). Le lien biblique, peut-être ? Ou plus simplement le fait que le protagoniste soit un "ange de la mort" ? sur mon coeur = sur son coeur, non ? Aussi surprenant que puisse paraître l'affinité entre Hermine et Renard, je trouve cela logique. L'opposition entre Sand/Ange et Hermine/Renard fait sens, deux tueurs au sang froid (Sand étant comparé à un serpent et Ange se rapprochant souvent du champs lexical du froid et de l'eau) face à deux assassins au sang chaud (Hermine et Renard étant comparé à des mammifères, et étant tous deux plus expressifs que leurs comparses, l'une brûlante de séduction et l'autre cuisant d'humour). C'est une différence frappante ! Dans leurs yeux, ne brille qu’un éclat nouveau. Une hargne, ce que les autres appellent Le Mal. => Phrase très puissante qui résume brillamment ce que sont les tueurs, avec une référence à autrui soulignant que si pour eux, ce sont des démons, ils ne se considèrent pas comme tels. Sand, du fait de son droit d'aînesse et de son expérience évidente, est de facto le leader de l'assemblée du soir, mais cela m'étonnerait que ce soit si simple. ... /// ... /// En résumé, ces trois derniers chapitres sont extrêmement bien écrits, tu multiplie les traits d'esprits et parvient à esquiver les maladresses. Pour preuve, je n'ai quasiment soulevé aucune erreur de style ! Je suis vraiment plongé dans l'ambiance de ce huis-clos, le point de vue intense et à la fois détaché du narrateur (Ange), et la description adroite des personnages. Le rythme pourrait paraître lent, mais c'est parfait pour une narration aussi émotive et introspective. Je ne peux que te conseiller vivement de reprendre l'écriture de ce texte et de nous livrer d'autres chapitres d'une telle qualité ! Je veux le fin de mot de cette histoire, et tu ne peux pas nous laisser dans un tel suspense ! Courage pour la suite ^___^ | |
| | | Yume
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| Sujet: Re: Welcome in my mad word ! Jeu 25 Avr - 13:03 | |
| - Le Londres d'Après (VII):
S’écoulent quelques secondes, qui me paraissent durer une éternité. Chacun jauge ses camarades, dans l’anticipation d’une réaction aux mots de Sand. Il n’y eut qu’un silence. Alors que notre meneur s’apprête à continuer dans sa lancée, Hermine le coupe, laissant le son mourir dans sa gorge. “-Avant toute chose… J’ai ce qu’il faut.”L’ancien soupire silencieusement, alors que la jeune femme se penche pour extirper de sous sa méridienne une mallette élégante semblable à celle de médecins militaires. Celle-ci avait échappé à ma vigilance dans l’ombre de la pièce, caché derrière la chute de satin ocre du jupon de notre collègue. La blonde farfouille un instant pour finalement disposer de feuilles vierges et d’un ensemble d’écriture. Sous notre regard attentif, elle rejoint méticuleusement le papier ensemble et trempe la plume dans l’encrier qu’elle venait d’ouvrir. Elle lève ensuite les yeux vers le maître de l’assemblée. “-Reprenons.” Sand pianote nerveusement sa chevalière sur le bois de la table. Puis grogne. “-Tout ceci est ridicule… Nous sommes au beau-milieu de l’océan, avec un détective à bord. Consigner nos faits et gestes ainsi serait…” “-Quoiqu’il se passe, personne ne dévie de la procédure. “Le ton soudainement sec de la jeune femme brusque son interlocuteur, qui, à ma grande surprise manque de répartie. Renard prend sa suite, s’attelant à apaiser la tension qui émerge de nouveau. “-Ne vous inquiétez pas; Le compte-rendu ne sera plus sur ce bateau demain matin. Nous avons nos moyens.”Je jette un coup d’oeil incrédule à mon voisin, mais celui-ci ne me rend pas mon regard. Je suis le seul à me poser des questions. Après ma précédente lecture, j’ai pu découvrir malgré une censure omniprésente le parcours de mes collègues. Sand a déjà travaillé au compte de l’Etang Menteur, il y a de cela quelques années. J’ai pour ma part, malgré mon goût pour l’indépendance, déjà servi pour des organisations criminelles londoniennes. Je n’en garde pas le meilleur des souvenirs. En arrivant à Paris, j’avais abandonné cette idée. Jusqu’à ce que je me retrouve dos au mur. Même si je ne suis pas là par plaisir, je commence à ne pas regretter le voyage. Les conditions de la traversée ne pourraient être plus désastreuses mais… Je suis intrigué. L’Etang Menteur et ses sous-fifres sont décidément à part. Je ressens déjà une différence dans cette entreprise; J’ai après tout affaire à un maniaque qui répertorie les criminels par ordre alphabétique ! Cependant, prudence est mère de survie et cette procédure étrange risquerait, entre de mauvaises mains, de tous nous faire plonger. Je rejoins l’avis de Sand, mais n’oppose pourtant pas résistance. Je reconnais une bataille perdue d’avance quand j’en vois une. Seul contre tous, mon voisin plie rapidement, à contre-coeur. “Je vous laisse vous occuper de la forme dans ce cas.. Madame.”“Mademoiselle. “ Elle pince les lèvres, s’appliquant à former de jolies lettres sur le papier. “Nouveau-Monde. Rapport second. Première réunion. FABLE…” FABLE. Un nom des plus fantasques, rappelant plus une enfance savante qu’un bain de sang. Entre cela et les noms d’animaux… Les français sont si... précieux.“… Second-Cercle. Supérieur Lully.”Elle lève les yeux, invitant poliment le plus expérimenté à s’exprimer de nouveau, non sans une pointe de provocation. “Comme je le disais.. Notre traversée est compromise.” Le son de la plume glissant sur le papier accompagne ses mots. “Lors de notre escale à Londres ce matin...du 19 février, l’inspecteur Full Saber est monté à bord de l’Evasion. “Full Saber. Une consonance familière, mais encore floue. J’entends Sand soupirer. Agacé, il décide d’abandonner son discours formel, laissant Hermine se débrouiller avec la rédaction. “Il n’est pas n’importe qui. Vous le savez peut-être pas, les grenouilles, mais l’inspecteur Saber est le symbole vivant de la Justice londonienne. Depuis son entrée à Scotland Yard, la vie criminelle se fait bien plus difficile et mouvementée. C’est un forcené du travail, un dingue de la loi, personne ne l’a jamais vu se reposer. Croyez moi quand je vous assure que les prisons sont toujours pleines à craquer. S’il quitte le pays, ce n’est pas pour prendre des vacances.” Je vois vaguement qui il est à présent. Je n’avais jamais eu affaire à lui directement, mais sans arrêts, mon entourage se plaignait de lui. Je ne les écoutais que d’une oreille. S’ils n’étaient pas assez bons pour mettre les autorités en déroute, tant pis pour eux ! Ça n’avait jamais été mon problème. Cependant, avec du recul, je réalise que je dois énormément à la famille Wilson. Ce qui m’avait après tout poussé à entrer au service de May, sentiments mis à part, était l'immunité judiciaire. Protégé par les meilleurs avocats de Londres, j’étais payé, nourri, blanchi pour faire tout de dont j’avais l’habitude. Qui refuserait une telle offre ? “-Et c’est ce qui devrait nous alarmer. Pour qu’il laisse Londres à d’autres mains que les siennes, l’affaire ne doit pas être insignifiante. Nous devons redoubler de prudence, bien que je pense pas qu’il soit là pour nous. Qu’il le désire ou non, ce qui se passe en France est hors de sa juridiction, sauf exception.” “-En attendant, il se dirige vers l’Amérique. Je crois que l’on peut la nommer, l’exception.” relève Renard, déjà avachi sur la table. Les lèvres ridées de Sand se pincent. Bien que je comprenne la frustration d’être interrompu, Renard n’a pas tord. “J’allais y venir, pensez-vous. Je reste cependant convaincu que nous ne sommes pas dans son viseur, bien que le risque zéro n’existe pas. Nos échanges ont été brefs et sous-haute sécurité, j’envisage mal le fait que quiconque ait pu les intercepter. Quand bien même. Lui et moi n’en sommes pas à notre première danse. Il n’a jamais pu me coffrer, faute de preuves. S’il avait eu le moindre petit élément contre moi, il ne se serait pas prié.”Eldon Sand. Criminel depuis déjà plus de trente ans, doyen de l’assassinat. Bien que son nom soit respecté dans le monde du Crime, l’homme avait toujours été très discret et solitaire, ce qui rendait son identification épineuse. Tous connaissaient sa marque, mais celui-ci se mêlait rarement à ses semblables. Ses services n’en restaient pas moins accessibles pour autant. Le beau mystère ! Dans la lumière, il n’était qu’un bourgeois austère, vivant d’un commerce florissant, dévot et éternel célibataire. Pas le genre d’individu dont on appréciait la compagnie. Son dossier était le moins fourni de tous. J’avais été déçu de ne rien trouver concernant la perte de son oeil ou des raisons de son affiliation avec FABLE. Cependant, le fait que l’Etang Menteur ait déjà pu en rassembler autant était déjà un exploit en soi. Il est si secret et méticuleux qu’entrevoir sa vie de civil a dû coûter beaucoup d’efforts. Ses méthodes, contrairement à son apparence raffinée sont des plus violentes et physiques. Strangulation, noyade, empalement .. C’est du moins ce que l’on rapporte. Les témoignages sont la seule preuve tangible de ses méfaits. Personne n’a jamais retrouvé une seule de ses victimes. Pas même un morceau ! Sans lien à ses victimes ou cadavre à examiner, les enquêtes sont sûrement classées sans lendemain. Ce qu’il affirme ne fait alors aucun doute et me soulage d’un certain poids. Cependant, d’autres questions font forcément place. Que fait Full Saber sur l’Evasion ? Quelle mission poursuit-il donc ? C’est sans doutes ce que nous allons nous efforcer de découvrir, avant de tenter quoique ce soit de risqué. Je sais la présence de documents à bord. Je suis sûrement le seul. C’est un avantage que je garde à l’abri, jusqu’à ce que je le juge nécessaire. S’il n’est pas après nous, tant mieux. Ce n’est pas ma priorité du moment. Ce n’est pas lui qui m’inquiète le plus. Renard prend de nouveau la parole. “-Tout ce petit exposé est bien mignon, mais s’il est en mission, pourquoi il viendrait avec la demoiselle ?”Hermine fronce soudainement les sourcils. N’est-elle pas tenue des dernières nouvelles ? Cet après-midi, pourtant, j’entendais déjà jacasser à ce sujet. Je vois mal une lady si avenante et voluptueuse s’enfermer dans ses appartements pour la journée. Renard, remarquant son désarroi, s’applique à lui expliquer la situation… À sa manière. “- Petite. Cheveux soyeux. Rouquine, comme moi ! Et vraiment très loin d’être laide, si tu vois ce que je veux dire..!” “Loin d’être laide”? Je réprime un sourire. Je ne suis pas certain que la demoiselle en question aurait apprécié une telle tournure de phrase. Ça ne lui rendait pas justice ! Je sors de mon mutisme et viens à la rescousse de mon camarade. “-C’est de l’héritière de Wilson Corporation… en tous cas de sa fortune. May Wilson. Elle fait parler d’elle à la capitale.”A mes côtés, l’on opine du chef. Hermine s’applique à consigner ces nouvelles informations dans le rapport puis reporte son attention sur moi. Ses prunelles noisettes brillent d’un éclat amusé. “-Qui aurait cru que le si discret Ange avait un pêché mignon pour les potins?”J’ouvre la bouche, prêt à riposter, mais rien ne me vient. Je referme doucement mon clapet. J’ai perdu l’habitude de ce genre de batailles. Je détourne les yeux tout en me raclant la gorge, embarrassé...d’être embarrassé. Je m’entends grommeler dans ma barbe. “-J’ai vécu à Londres un certain temps, difficile de passer à côté.”Sand percute sa chevalière sur la table, ce qui suffit à nous recentrer. “-Il s’agit en effet de la vicomtesse May Wilson. Ce n’est pas la première fois qu’ils sont vus ensemble. Il était présent à son mariage notamment.”Sand effleure distraitement le Times du jour du bout des doigts. Toutes ses informations doivent venir de là. “-J’ai été absent de Londres six mois, pour une de mes affaires, mais de ce que j’en sais, ce n’est pas non plus la première fois qu’elle fourre son nez dans les affaires de la police.”
Mon coeur manque un battement. Elle s’intéressait déjà aux faits-divers dans les journaux à l’époque, mais n’était jamais allée aussi loin… Respire. Pas de raison de paniquer. Elle a toujours été un peu fouineuse. Tout ne tourne pas autour de moi. Pour cette fois au moins, je l’espère. “- “Le petit roquet de Scotland Yard”, c’est ainsi que certains l’appellent. A mon avis, elle ne représente pas une menace. Une jeune fille de bonne famille en quête du grand frisson, ce ne serait pas une première. Saber doit l’autoriser à l’accompagner pour lui faire plaisir. Et là est son erreur.”Il lisse le papier froissé de ses doigts osseux. “-Cette petite nous rend service, si je vois clair dans cette affaire. Elle est sa faiblesse, son talon d’Achille. Et nous devrions nous tâcher de l’exploiter. Il faudrait pouvoir la jauger et déterminer si elle a connaissance de la mission de son partenaire. Saber est loin d’être bête et doit sûrement garder ça pour lui, mais on est tous humains. Quelques détails intéressants pourraient lui avoir échappé. Je mets l'emphase sur la prudence, chers collègues. Il doit avoir conscience de sa vulnérabilité et la garder bien à l’oeil. Il va falloir la jouer fine pour avoir un coup d’avance sur lui.”Je sens poindre en moins un soupçon d’angoisse. Ce que je craignais s’est produit. La voilà proie, pire ! Notre proie. Moi qui désire l’éviter plus que tout, sa surveillance rapprochée compromet tous mes plans. Et s’ils me désignaient pour gagner sa confiance ? Et si quelque chose tournait mal ? Rah, May, pour une fois dans ta vie, ne peux-tu pas te tenir tranquille ?! “-Preums !” L’assemblée se retourne vers Renard avec lassitude. Je serre les dents. Ce n’est pas de la jalousie. J’ai simplement ... des principes. Renard et May ? Pas question. Il lui faudrait passer sur mon cadavre avant. Je ricane. “-Toi ? Tu crois avoir ta chance avec elle ? Pas sûr qu’une femme aussi distinguée veuille d’un gamin galeux qui empeste la crevette.”Elle pourrait bien le prendre sous son aile, cette idiote. Elle aime tout le monde ! “-Ange a raison, chéri.” Hermine, une moue charmante aux lèvres, pose une main sympathique sur l’épaule de son voisin. “Je ne pense pas que tu fasses le poids face au bel inspecteur.”“-Quoi, tu penses qu’ils sont ensemble ?” Renard fronce les sourcils. Sand secoue la tête. “-Mariée.”“-Et ? Justement. La croisière est un cadre parfait pour un peu d’intimité avec son amant.” Hermine pose sa plume pour croiser les bras. Je n’y crois pas, pourtant, je sens mon estomac se tordre. Ce ne serait pas logique. J’ai remarqué qu’elle l’appréciait.. certes. Mais elle avait saisi son bras avec désinvolture, elle ne s’y était pas accroché non plus ! Elle n’est pas du genre à cacher son affection. Je touche du doigt ce qui me dérange. Je n’avais jamais considéré le fait qu’elle ait pu se trouver quelqu’un d’autre. Ou j’avais évité d’y penser. Je ne devrais même pas m’en offusquer. Elle ne me doit rien, après tout. “-Impossible. Il est grand ami avec son mari. Leur départ est public, dans les journaux. Si quoique ce soit se passait réellement entre-eux, tu penses qu’ils n’essaieraient pas de le cacher ? Ils ne sont pas bêtes. Et comme je vous l’ai dit, Saber est un forcené du travail. Il n’a pas le temps pour une romance de pacotille avec une gamine mariée. Je doute même qu’il ait le moindre intérêt pour la gente féminine. Et c’est justement pour cette raison que je considérais qu’Hermine serait la plus à même d’accomplir cette mission. Je ne pense pas qu’il se méfierait si la vicomtesse se faisait une amie. De plus, elle a bien plus d’occasion que nous tous de l’approcher.”La dame reprend sa plume, griffonne quelque peu, puis se prononce. “-C’est tout à fait dans mes cordes. Mais je te préviens l’ancien, je ferai les choses à ma manière.”Celui-ci roule des ye...de l’oeil. “-...Evidemment.”La réunion s’enchaîne avec beaucoup plus de fluidité et moins de tensions une fois le sujet de May adressé. Les tâches se partagent naturellement. Non sans résistance, Sand laisse Renard se charger de la surveillance de l’inspecteur Saber. Cependant, celui-ci exige que le benjamin soit épaulé. “-Je pensais qu’Ange pourrait l’assister.” Il se retourne vers moi. “ Si cela te convient, bien évidemment.”Je me retiens de grimacer. Bien que jouer les nounous pour cet insolent n’est pas une perspective des plus réjouissantes, je me vois mal refuser. Je peux me fondre aisément dans la foule, mais que faire si ma si charmante amie reste dans ses pattes ? Malheureusement, c’est un argument que je dois de garder secret. Je me fais à l’idée. Pourquoi pas après tout ? Ce serait une chance de découvrir ce qu’ils mijotent… et éviter que le rouquin n’en fasse qu’à sa tête. “-Pourquoi pas.”
“-Et bien, voilà ça de régl..”Hermine se racle la gorge. Quand je lève les yeux, celle-ci me tend une liasse de papiers recouverts de jolis cursives, jusque là bien au chaud dans sa mallette. Je la saisis et fais mine de la consulter. Encore de la paperasse. ..Super. Le regard de Sand est perçant par dessus mon épaule. “-Je pensais plutôt qu’il pourrait s’occuper de ça.”Je sens mon voisin se raidir, sans cependant l’interrompre. “-Tu n’es pas le seul à avoir fait tes petites recherches. Dès mon embarquement j’ai préparé le terrain, au cas où un cas comme celui-ci se présente.”Minutieux. Trop maniaque. Je reconnais là la griffe de l’Etang Menteur. A moins que ces recherches servent un autre but que j’ignore. “-Je vais essayer de faire parler la fille, mais rien ne dit que ça donnera quoi que ce soit. Pareil pour Saber. Je conseille plutôt de revenir à des méthodes...classiques.”Sand se penche en avant. Même s’il ne la porte pas dans son coeur, son attitude reste d’un professionnalisme sans égal. “-Je vous écoute.” “-J’ai sondé l’équipage, les grosses têtes en quête d’une faille, et je l’ai trouvée. Thomas Gordon. Quarante-deux ans. Il s’occupe de l’administration de l’Evasion. C’est un grand solitaire. Ennuyeux. Ennuyé. Morose. Il méprise les femmes, évidemment. Je l’ai étudié sous toutes les coutures, mais j’en ai conclu qu’il ne désirerait jamais communiquer avec moi. “ “-Et c’est là que j’entre en scène ?” Je m’efforce de parcourir les lignes des notes d’Hermine. Tout cela devient intéressant. “-Ce n’est pas si simple. Il possède toutes les informations pratiques de la traversée, ce qui nous serait plus qu’utile. Renard ne sert pas dans cette partie du bateau, et même en parvenant à s’introduire dans sa cabine, il ne saurait pas… fouiller dans ses effets personnels sans éveiller ses soupçons. S’il n’a ne serait-ce que l’ombre d’un doute, notre tranquillité serait compromise.” Je souris au petit dernier. “-Je pensais que ta spécialité, c’était justement le vol et l’infiltration ?”Il se renfrogne. “-Ca va ! M’infiltrer, être discret, pas de soucis…! Mais quand je vole...C’est pour voler, pas remettre à sa place !” “-Il est extrêmement méticuleux. Je ne suis pas sûre d’être capable de le faire non plus.”Renard est après tout notre benjamin et le moins expérimenté d’entre nous. Je crois même avoir lu qu’il s’agit de sa première mission d’assassinat d’aussi grande envergure. Le meurtre n’est pas sa principale activité, mais heureusement pour lui, bénéficie-t-il d’une alliée de taille. “-Qu’est-ce que tu attends de moi ? Qu’est ce que je cherche ?” “-On t’appelle l’Invisible dans le milieu. Je veux que tu l’observes d’abord pour parvenir à entrer dans sa cabine sans éveiller le moindre soupçon. Il faut savoir où est son registre. Il contient non seulement la carte du navire, mais les numéros de chambre de nos nouveaux amis ainsi que ceux de leurs bagages secrets qui d’après mes sources, n’ont pas quitté la soute. Tu auras toute notre aide sur ce coup-là.”Je me demande qui sont ces fameuses sources. J’ai du mal à déterminer si elle bluffe. “-Je peux le tuer ?”
“-Tu as carte blanche, tant que ça paraît accidentel ou naturel.”
Je souris de contentement. Parfait. Quoi de mieux qu’un joli assassinat pour relâcher toute cette horrible pression ? “-Si tu trouves une meilleure alternative, c’est non. Notre discrétion avant tout.”..Sand peut être d’un rabat joie. Mais je sais qu’il a raison. “-Je m’en occupe.”L’aîné pousse un long soupir. “-Alors je me charge de superviser Renard dans son observation, dans l'ombre. Je vais également poursuivre les recherches d’Hermine, celles d’éventuelles failles au sein de l’Evasion.”Nous concluons ainsi la fin de la réunion en fixant un prochain rendez-vous, ainsi qu’en rappelant les moyens de communiquer sans laisser la moindre trace. “-Oh, il faudrait trouver une planque pour mes armes.”J’adresse le problème alors que chacun se lève. “-Je pense pouvoir te trouver ça. N’hésite pas à passer me voir d’ici quelques jours, au cas où j’oublie.” Hermine me lance un clin d’oeil. Je n’arrive pas à déterminer s’il est malicieux ou enjôleur. Renard file sans demander son reste ni nous souhaiter une bonne nuit. Sand le regarde disparaître, repliant son journal, le regard mauvais. Je souffle les bougies du chandelier. Hermine m’indique de ne pas m’occuper des tables. Nous passons la porte tous ensemble. Je sens le métal froid du couteau percuter ma cuisse dans le mouvement. Il me faudrait le remettre vite à sa place avant de rejoindre ma cabine. “-Je ne sais pas ce que FABLE mijote, à envoyer une recrue si jeune pour une telle mission. Il n’y a pas de place pour l’erreur ici.” Le vieil homme peste tout bas, sans doutes pour lui même. Hermine, après un instant, se penche vers lui. J’entrevois un rictus cruel déformer ses lèvres roses. Elle lui murmure à l’oreille. “-Ne t’en fais pas l’ancien. Je l’ai à l’oeil.”
Une rage sourde semble le prendre aux tripes. Celui-ci tourne vivement les talons et s’enfonce dans le couloir, nous saluant dans sa hâte. La jeune femme glisse sa mallette sous un bras. Nous échangeons un regard. Elle bat des cils. “-A très bientôt j’espère. Passe une bonne nuit, Ange ~.”Hermine s’échappe à son tour, dans la direction opposée, le pas léger. Je suis seul dans le noir à présent. Direction les cuisines! *** Je replace la lame dans son étui, empli d’une sérénité étrange. J’ai de quoi me maintenir occupé un certain temps, loin de May, qui plus est. Je me considère plutôt chanceux. Je fais volte-face pour aussitôt bondir en arrière. Sand s’appuie dans l’encadrement de la porte. Son oeil de verre luit dans l’obscurité. Je ne l’avais pas entendu arriver. “-Je vous pensais parti.” “-Tu n’as pas encore mangé, n’est-ce pas ? Que dirais-tu de te joindre à moi ? Il y a certaines choses dont j’aimerai m’entretenir avec toi...En toute discrétion.”
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