Burtonmania
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Forum d'écriture et de graphisme
 
AccueilPortailRechercherMembresS'enregistrerConnexion
-23%
Le deal à ne pas rater :
EVGA SuperNOVA 650 G6 – Alimentation PC 100% modulaire 650W, 80+ ...
77.91 € 100.91 €
Voir le deal

 

 Affaires de Femmes (Holly)

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Yume

Yume


Messages : 794
Date d'inscription : 18/01/2014
Age : 22
Localisation : Près du bar

Feuille de personnage
Points de folie: 228
Démence:
Affaires de Femmes (Holly) Left_bar_bleue1/7Affaires de Femmes (Holly) Empty_bar_bleue  (1/7)
Expérience:
Affaires de Femmes (Holly) Left_bar_bleue150/1000Affaires de Femmes (Holly) Empty_bar_bleue  (150/1000)

Affaires de Femmes (Holly) Empty
MessageSujet: Affaires de Femmes (Holly)   Affaires de Femmes (Holly) EmptyJeu 15 Aoû - 13:21

Pour la première fois dans ma vie, je rêvais de calme. La pensée m'avait accueillie au réveil, alors que mon attendue gueule de bois me percuta, dès l'instant où j'avais repris conscience. J'étais restée longtemps enroulée dans les draps du lit démesurément grand, le regard accroché à la place vide à mes côtés. Je savais bien que Charles-Henri travaillait aujourd'hui, mais j'avais espéré que les conséquences de notre beuverie nocturne de la veille le détourneraient de ses responsabilités, et qu'il procrastinerait, juste une matinée. J'aurai voulu qu'il reste avec moi. Se sentir misérable par soi-même n'était pas drôle du tout. J'avais passé le bout de mes doigts sur sa partie du matelas, et la fraîcheur du drap m'avait indiqué qu'il avait sans doutes quitté notre nid il y a quelques heures déjà. Je frottais désespérément ma langue à mon palais, dans l'espoir que cette impression pâteuse l'abandonne. Mon homme était comme toujours une véritable horloge vivante, suivant ses devoirs qu'il pleuve ou qu'il vente, et ce, gueule de bois ou pas. Il n'y avait, au sens commun -et je ne pouvais rien en dire cette fois- rien de plus admirable dans un tel comportement. Pour ma part, la migraine était si insupportable que je comptais bien rester la tête dans l'oreiller jusqu'à l'heure du goûter. Mes plans furent malheureusement contrariés par mes domestiques, qui en plus d'avoir l'audace de tirer les rideaux pour que les rayons agressifs du soleil fassent les restes de mes pauvres yeux empâtés, me tirèrent de force du lit pour me placer sur un des sièges de la salle à manger, elle aussi inondée de lumière. Je jetai un coup d’œil distrait vers la table basse, juste devant l'âtre. Sans surprise, plus la moindre trace des deux -trois ?- bouteilles de vins vidées à sec ni de tous les dommages potentiels que je ne pourrai restituer. J'eus cependant le droit à une œillade entendue au goût d'une sévère réprimande de la domestique qui déposa les nombreux scones tout juste sortis du four devant moi. Déjà plus original que le goût vomi qui me collait aux papilles. Je contemplais mon petit déjeuner avec dégoût tout en réprimant une nausée. Je n'avais pas faim du tout. Putain, je n'aurai pas du boire autant. Je me massais la tempe tout en attrapant ma tasse de thé, alors que la voix nasillarde de la domestique prenait d'assaut mes tympans délicats.

"-J'imagine que vous n'aurez pas faim pour midi. Je me suis permise de faire à préparer des sandwiches, que vous pourrez grignoter à votre guise sur le chemin."


"-..Le chemin? Le chemin. Quel chemin? Je vais quelque part? Depuis quand ? Quelle heure est-il ?"
Je maugréais entre deux gorgées.

"-Il est déjà onze-heures trente passées, Madame. A quatorze heures.."


"-Parlez un peu moins fort, s'il vous plaît."


"-A quatorze heures, vous devez vous rendre à l’Hôpital Saint-Thomas."


"-On est déjà jeudi..."


"-Oui Madame."


Je poussai un long soupir tout en reposant un regard dédaigneux sur mes scones qui commençaient à perdre de leur splendeur.

"-En soi...Je ne dois pas vraiment y aller. "
Je remarquais du coin de l'oeil Mildred afficher une mine exaspérée. Depuis quand avait-t-elle cette attitude insolente ? "Je veux dire... Je pourrais très bien rester ici, à lire dans mon lit."

"-Vous pourriez, Madame. Mais tout le monde s'est habitué à vos visites bénévoles hebdomadaires. Leur faire faux bond leur causerait une grande inquiétude."


"-Je pourrai dire que je suis malade."
Je m'avachis dans le siège et gémis de douleur pour mon pauvre crâne. "Ce ne serait pas vraiment un mensonge... "

La domestique me servit et me tendit un verre d'eau, que je bus sans rechigner. J'eus le droit à un sourire de pitié, pour couronner le tout.

"-Certes. Mais cela décalerait tout votre emploi du temps d'au moins une journée. Tout réorganiser n'arrangera pas votre migraine."


Je fis la moue.

"-Mon emploi du temps....Ah ! Qui a eu cette idée merdique ?"


"-Vous, madame."


..Touchée.

En considérant les faits comme ils étaient, en tant qu'épouse, je n'avais aucune autre obligation que celle de satisfaire mon cher et tendre -et encore, personne ne m'avait jamais demandé de rapport d'efficacité-. Cependant. Cependant, je n'étais pas de ces femmes-là, qui n'avaient comme seule préoccupation que la bonne tenue de leur foyer. J'étais, comme le disait si bien Emily "Une Femme Moderne". Et en femme moderne, je me devais de prendre des initiatives. Dès que j'avais découvert comment tuer mes journées efficacement et vivre une existence bien remplie, il ne semblait plus avoir de place pour la paresse. Avec un peu d'aide, j'avais su découper mes semaines entre mes différentes activités. Le lundi et le samedi, je m'occupais au bon développement de ma force physique. Je m'entraînais seule, ou avec l'aide d'Emily et me laissais le reste de la semaine pour récupérer des courbatures, tout en restant active. Enquêtes personnelles, recherches intellectuelles et visites culturelles, bénévolat...
Sans parler du fait que ces visites dans les hôpitaux et orphelinats amélioraient mon image mondaine qui avait en avait gravement pâti, celles-ci m'étaient de plus d'une utilité. Je me rendais utile tout en gardant les pieds sur terre. Il était aisé d'oublier ceux qui souffraient quand on vivait dans un luxe indécent depuis toujours. De plus, je faisais face à des situations difficiles. L'abandon, la souffrance, la mort, la maladie... "Ça me forgeait le caractère." Mes proches m'avaient soutenue malgré les premiers retours méprisants du monde... même si Charles-Henri refusait de m'approcher de trop près à mes premières sorties de l'hôpital. Il n'y avait pas à dire, il me soutenait, mais lui et moi, étions très différents sur de nombreux points!

Ce train train me ravissait à mes meilleurs jours. Cependant, aujourd'hui, mes sens me suppliaient de céder à mes pulsions égoïstes et à laisser les miséreux et les orphelins se languir de moi, pendant que je reprenais des forces. La vie mouvementée était tout ce qui m'avait toujours attirée. Même cette gueule de bois mise à part, je me sentais pourtant de plus en plus fatiguée et dépassée. J'avais envie...Non ! Besoin de ne rien faire, même si ce n'était que pour quelques jours. Était-ce donc ça, devenir vieille? Je soupirais et soufflai, pour moi-même.

"-Je crois que j'ai besoin de vacances.."


"-Et moi donc !"


Je lançais un regard noir à Mildred qui ravala sa langue.

"-Si j'en prends, cela ira de même pour toi, le personnel est réduit lorsque nous sommes absents."


Charles-Henri ! Lui aussi avait besoin de se reposer, et bien plus que moi. Je ne me voyais de toutes façons pas partir sans lui.

"-Si Madame ne veut pas de ses scones, je l'inviterai à se diriger vers la salle de bain pour faire sa toilette. Nous préparerons vos tenues pendant ce temps. Quatorze heures va arriver plus vite que vous ne le pensez."

***                                                
Je franchis le portail en fer forgé de ma résidence, que l'on vint aussitôt refermer derrière moi. Par miracle, une bonne toilette, de nombreux verres d'eaux et un maquillage de surface avaient permis de me donner une mine plus fraîche que la rosée du matin, alors que je mourrai encore à l'intérieur. Mon panier à la main et avec empressement, je grimpai dans la voiture qui n'attendait que moi pour démarrer. L'on referma ma portière et aussitôt, le carrosse se retrouva ballotté de droite à gauche, alors que je m'affairai déjà. Après avoir griffonné dans mon carnet de poche et en avoir arraché la page, je hélai mon cocher de s'arrêter pour ensuite lui transmettre ma note, à faire remettre de toute urgence. Il fronça les sourcils quand je lui en précisais le destinataire.

"'L'hôpital Saint-Thomas? Je pensais que c'était là où nous allions."


"-Contre-temps de dernière minute, je leur transmets mes excuses pour mon absence impromptue. Une fois la note délivrée, je voudrai que vous m'emmeniez au Centre d'Affaires Wilson."


"-Bien Madame. Patientez un petit instant alors."


Je me renfonçais dans la banquette, attendant qu'un coursier improvisé morde à l'hameçon d'un butin alléchant. Il ne se passa pas quelques minutes avant que la calèche ne redémarre. Pour combler ce moment de vide, j'avais ouvert mon panier et contemplé la bouteille de champagne chapardée du cellier, tout en me félicitant de mon plan tout bonnement parfait.

***

Je franchis le palier de l'imposant bâtiment, mes talons claquant bruyamment sur les pavés de marbre impeccables de la réception. La tête haute et le sourire au lèvres, je faisais mon chemin vers le comptoir de l'accueil; je n'eus pas le temps de l'atteindre qu'on remarqua ma présence.

"-Bonjour, en quoi puis-je vous aid.." Le visage du réceptionniste se déforma dès qu'il me reconnut. "Madame Wilson ! Quelle merveilleuse surprise ! ~" Sa voix avait glissée vers les aigus et son sourire était un brin trop crispé pour être totalement sincère.

"-Bien le bonjour monsieur. "
Je franchis la distance qui nous séparait tranquillement. Ses yeux se posèrent sur mon panier.

"-Si vous cherchez Monsieur, il est au dernier étage, dans son bureau. Je suis certain qu'il appréciera l'attention!"

Je le remerciais et lui souhaitais une bonne journée, avant de me diriger vers l'ascenseur: j'étais bien trop fatiguée pour envisager monter les vingt-étages à pieds. Dommage que la descente n'était pas assurée par cette machine du progrès... J'espérais que ce détail serait vite réglé d'ici les prochaines années. En vue des nombreux inventeurs de génie qui fourmillaient dans Londres, je n'en doutais pas un seul instant ! Alors que je traçais ma route, les nombreux gentlemen de l'étage, dont mon dernier échange n'était pas resté inaperçu, vinrent tour à tour me soulever leur chapeau et me présenter leurs hommages. Je souris poliment en me hâtant vers l'ascenseur. Les flatteries étaient toujours agréables, mais difficile de ne pas en apercevoir les motifs sous-jacents. J'étais la reine de ce royaume, et un bon mot de ma part pourrait faire décoller plus d'une carrière. Je n'avais pas le temps pour ça.
Les portes de la machine se refermèrent derrière moi, alors que j'entamais mon ascension solitaire. Je laissais enfin tomber mon masque d'aisance pour m'accrocher avec empressement à la première prise que je trouvais. Je n'en menais pas large. Les nombreux spasmes de la boîte vrombissante me retournaient l'estomac. J'aurai peut-être dû emprunter l'escalier, en fin de compte...

Au troisième étage, j'eus le droit à un répit de courte durée, alors qu'un jeune fonctionnaire me rejoignit dans la cabine de l'enfer. Celui-ci, tout en regardant ses pieds me bafouilla ses respects. Je l'écoutais d'une oreille, tout en m’efforçant de me tenir droite et d'apparaître indifférente à la torture qui reprenait de plus belle. Un silence s'installa pour quelques instants, mais sans doutes poussé par une gêne que je ne ressentais pas, mon nouveau compagnon se se sentit obligé de me faire la conversation.

"-Euh...Qu'est-ce qui vous amène ici, Madame Wilson..?"

"-Je viens rendre visite à mon mari."

"-Aha...!! Oui...Evidemment..Pour quoi d'autre...? E-enfin, je n'en sais rien moi.."


Je lui accordais une œillade surprise. Le pauvre garçon semblait se liquéfier dans ses souliers, triturant sa cravate dans une démangeaison nerveuse. Je souris discrètement. Il était plutôt mignon.

"-Vous risquez de ne plus le voir pour les jours qui viennent, d'ailleurs."

"-Ah oui?"

"-Je viens le convaincre de partir en vacances avec moi. Nous avons une résidence de campagne à quelques lieues d'ici. Et je crois que nous avons tous les deux besoin de repos."


Le jeune homme eut un petit rire.

"-Et vous pensez réussir ?"


"-A ?"


"-Le convaincre."


"-Oh, croyez moi, il dira oui. Il a beau être une vraie tête de mule concernant le travail, il n'arrive jamais à me dire non. Je gagne toujours."


Personne ne put rien ajouter avant que la cloche ne retentisse.

"-Ah, c'est mon étage..."


Le fonctionnaire sortit à reculons, me faisant face avec un sourire ressemblant plus à une grimace. Je souris à mon tour, lui signant au revoir de la main. Alors que les portes se refermaient sur le quatorzième étage, il fut pris d'un élan soudain.

"-Le bureau de votre mari est au fond à droite !!! Ah, mais vous le saviez sûrement déj-"

Ding.


Je finis par émerger de l'ascenseur et m’autorisais quelques secondes de repos contre un mur, afin de me remettre de ce voyage turbulent. Je remarquais alors une pendule à quelques pas de moi, m'indiquant que les quatorze heures approchaient. Mon état était moins pire qu'au réveil, et je sentais même un petit creux pointer le bout de son nez. Cela tombait bien, j'étais presque arrivée ! En quelques instants, je débouchais sur un bureau élégant, où un homme âgé, à la moustache aussi impressionnante qu'effrayante se leva à mon arrivée. Son sourire était sincère.

"-Mis-Madame Wilson ! Quel plaisir de vous revoir ! "


"-Le plaisir est partagé, Alford."
Je m'approchais de son bureau.

Alford était le secrétaire de Charles-Henri, fidèle compagnon d'affaires de notre famille depuis de nombreuses années. Le défunt-père de mon cousin lui avait recommandé ses services, afin qu'il s'entoure de gens de confiance à ses débuts dans l'entreprise. J'étais assez satisfaite d'un tel choix. Le vieil homme était d'une grande gentillesse, et cela m'arrangeait de ne pas avoir affaire à une minette un peu trop obéissante chaque fois que je décidais de rendre visite à mon compagnon.

"-J'apporte le déjeuner ! Je sais qu'il est tard, mais..."


"-Vous le connaissez, il n'a pas encore mangé. Vous voir lui fera plaisir, il semble assez dépassé depuis ce matin."

Tu m'étonnes
. Charles-Henri était plein de ressources, mais pas surhumain. Personne ne sortait d'une soirée comme la nôtre sans lourdes conséquences. Il avait dû en baver bien plus que moi.

"-J'ai également besoin de lui parler. C'est assez urgent."


Le visage ridé d'Alford se déforma en grimace. Je sus immédiatement que mon déjeuner allait devoir attendre.

"-Il est en plein milieu d'une entrevue assez importante, je le crains... Je ferai cependant de mon mieux pour ne pas qu'elle s'éternise. Vous passez évidemment juste après ! "


Je soupirai.

"-Je vous fais confiance."


"-Vous pouvez rester ici si vous le souhaitez, mais la salle d'attente vous reste ouverte si vous désirez vous reposer. Je viendrai vous chercher dès que celle-ci sera terminée. Je peux également vous apporter quelques rafraîchissements ou quelque chose à grignoter."


"-Non, merci. Je vais me diriger vers la salle d'attente, je crois.."


Ma migraine était revenue me piquer brutalement. Il valait mieux m'asseoir un moment.
Je n'eus aucun mal à trouver ce que je cherchais; Aucun son ne s'échappait de la petite pièce, je crus donc pouvoir profiter de ma solitude pour me reposer les yeux. Cependant, alors que je glissais sans un bruit vers la porte, je distinguais une figure seule et triste se détacher de l'îlot de sièges vides. La femme -car c'en était une- semblait perdue dans ses pensées, son regard fixé sur la flamme d'un briquet qu'elle ne cessait d'allumer. Elle se tourna un instant pour placer les feuilles reposant sur ses genoux sur le fauteuil voisin; Je reconnus son visage. Aussitôt, un sourire de malice étira le coin de mes lèvres. J'avais peut-être perdu mon droit de sieste, mais j'avais de quoi me divertir. J'entrai dans le boudoir, l'épaisse moquette satinant le bruit de mes pas. Je me plaçais juste derrière elle, alors qu'elle reprenait son inspection de briquet, et pris un malin plaisir à la faire bondir de son siège:

"-Holly, bonjour ! Vous ne vouliez pas mettre le feu à la moquette, quand même ? ~"


Le briquet avait presque glissé de ses mains. Je me mordis l'intérieur de la joue, tout en continuant de sourire. Je ne souhaitais tout de même pas causer un accident..! La jeune brune ravala fièrement sa mine terrorisée. Je pris place avec nonchalance juste à côté des papiers, laissant ainsi un siège entre nous, déposant le panier à mes pieds. Je continuais rapidement mon discours, ne lui laissant pas l'opportunité d'échapper à la conversation.

"-Cela faisait un moment que nous ne nous étions pas croisées, vous et moi, n'est-ce pas ?"


Holly Udson et moi nous connaissions, il était vrai. Mais je ne l'appellerai pas mon amie, même à mes meilleurs jours. J'avais pourtant, à notre première rencontre, vu en elle une potentielle acolyte. Elle était la fille des avocats de notre famille, et nous étions d'un âge proche. Je crus que cela suffirait à nous lier; j'en fus bien déçue. Nos échanges ne se résumèrent qu'à des politesses. Il fut très vite clair qu'elle ne me portait pas dans son cœur. Je ne m'en fâchais même pas. Son dédain n'était à mon sens, qu'une façade cachant une flagrante jalousie. Holly était... Fade. Vide. Sans le moindre intérêt. Elle ne semblait n'avoir comme passion que de satisfaire ses parents. Je ne l'avais pas une fois sourire sincèrement à qui que ce soit. Elle était le genre d'individu à porter du noir alors que personne n'était mort. Il fut donc tout à fait naturel, que je la méprise à mon tour.
Je continuais cependant à la fréquenter de temps à autres, comme les intérêts de nos familles s'accordaient. Merde, j'avais même été obligée de l'inviter, avec ses parents, à mon mariage. A mon propre mariage ! Et elle n'était même pas venue, cette grognasse !! Non qu'elle m'avait manqué. Mais quel culot !

"-Je ne vous ai d'ailleurs pas vue à mon mariage. Étiez-vous souffrante ?"


Je la regardais bafouiller une excuse, sans vraiment l'écouter. J'avais pour habitude, lorsque je n'appréciais pas quelqu'un, de l'exprimer de la manière la plus honnête qui soit. La seule chose spéciale chez Holly, était qu'elle était l'exception à cette règle. Car malgré le fait qu'elle soit insipide, j'avais un semblant d'admiration pour elle. Elle était tout comme moi, "Une Femme Moderne". Et je savais ce monde d'hommes vraiment impitoyable pour la minorité que nous formions. J'avais donc décidé de ne pas lui rendre la vie plus difficile qu'elle ne devait déjà l'être. Solidarité féminine ! Elle ne pensait sûrement pas comme moi, j'étais même persuadée qu'elle ne mettrait jamais mon mode de vie au même niveau que le sien: Tant pis pour elle. Au moins moi, je n'étais pas secrétaire. Lassée, je balayais ses excuses invisible d'un revers de main. Je repris un sourire de façade.

"-Qu'importe ! Je suis persuadée que vous aviez une très bonne raison, tout ceci est derrière nous. Vous êtes ici pour affaires ?"


Je jetais un regard aux papiers nous séparant.

"-Si c'est le cas, je crains de devoir vous décevoir; Charles-Henri et moi nous apprêtons à partir en vacances... Juste après avoir mangé. Je crains que vous n'ayez patienté pour rien."


Je ne pouvais décemment pas laisser la situation ainsi, qu'importe à quel point la mine déconfite d'Holly me faisait plaisir. J'avais des principes, et je comptais bien m'y tenir. Je laissais cependant quelques secondes de pause avant de reprendre.

"-Cependant. Je sais à quel point être une femme travaillant dans un monde d'hommes peut être difficile. Quoique vous en pensiez, je le sais. Ils vous feront payer cette erreur le double. C'est pourquoi... Je suis prête à vous accorder une faveur. Donnez moi ces dossiers, et je lui transmettrai dès que je le verrai. Il les traitera en urgence, et vous les aurez de retour au bureau d'ici deux jours par fax, bien plus rapidement qu'à l'habituel. "

En attendant qu'elle accepte, je jubilais en essayant d'imaginer ce que je pourrai lui demander en retour.
Revenir en haut Aller en bas
Holly

Holly


Messages : 243
Date d'inscription : 15/03/2014
Localisation : Londres

Feuille de personnage
Points de folie: 0
Démence:
Affaires de Femmes (Holly) Left_bar_bleue1/7Affaires de Femmes (Holly) Empty_bar_bleue  (1/7)
Expérience:
Affaires de Femmes (Holly) Left_bar_bleue0/1000Affaires de Femmes (Holly) Empty_bar_bleue  (0/1000)

Affaires de Femmes (Holly) Empty
MessageSujet: Re: Affaires de Femmes (Holly)   Affaires de Femmes (Holly) EmptySam 18 Jan - 21:39

Je recopiais un document, assise derrière mon bureau. Un billet sans importance, des formalités. En fait, je savais à peine ce que j'écrivais. Mes yeux voyaient les mots mais ne lisaient pas les phrases dans leur ensemble. Mes doigts se contentaient de frapper frénétiquement les touches de la grosse machine à écrire, produisant des cliquetis sonores et rageurs. Je tapais vite et fort, expiant ma frustration matinale dans cette tâche monotone. Pourquoi ne me donnait-on pas de plus grandes responsabilités que de répondre au téléphone et de recopier divers papiers sans réel intérêt ? Évidemment que je connaissais la réponse… et puis je n'étais que secrétaire. Ce n’était pas le métier le plus passionnant au monde, mais il avait le mérite de me rapprocher du sommet, de m’impliquer dans les tâches dont seul mon père s’occupait. Je n’avais guère d’autre choix pour m’engager dans ces affaires. Le hic c’est que depuis le début de la semaine, je ne contrôlais plus rien. Même la réceptionniste était plus au courant que moi. Pourtant mon bureau se trouvait juste à côté de la porte du cabinet de père. Alors, pourquoi ? Ladite porte était close depuis le début de la semaine. Mon père était bien à l’intérieur, mais à présent il gérait ses affaires seule et je n’arrivais pas à savoir pourquoi. Avais-je fait quelque chose de travers ? Pourquoi me coupait-on injustement de son travail ? Déjà que le reste des avocats ne me prenaient pas au sérieux en raison de mon affiliation...  Pas que ce soit la curiosité qui me poussait à vouloir en savoir plus. Tout ce que je voulais, c’est que l’on me reconnaisse à ma propre valeur : je faisais un boulot d’enfer et ne connaissais pas plus compétente que moi parmi les secrétaires du cabinet Udson.  

"- Comment ??"

Je sursautais. Les conversations téléphoniques du bureau de père étaient très étranges, souvent échauffées. Difficile de ne pas y prêter attention quand la voix résonne au delà des murs. Je soupirais et tapais de plus belle sur ma machine à écrire.

"- Ce n’est pas le problème ! Vous… évidemment si… les chiffres ? … argent… empire Wilson… les dégâts seraient… ça va tous nous couler ! Eux et nous !! Non de Dieu… vers où ? … c’est totalement illégal ! Je vous préviens, si ça sort… très bien."

La conversation continua ainsi une bonne dizaine de minutes. Surgissaient des mots distincts ici et là. Des éclats de voix puis des chuchotements incompréhensibles et à peine audible depuis mon bureau. Impossible de trouver du sens à ces bribes de phrases. Même avec leur train de vie actuel, les Wilson ne risquaient rien financièrement. Ils étaient immensément riches, après tout. Et de telles messes basses ne se référaient sûrement pas aux comptes en banque du couple, non… après tout, j’avais accès à leur dossier sans difficulté. Ce qu’il se tramait au téléphone, derrière la porte de père, était bien plus secret et bien plus louche. Soudain, la porte s’ouvrit à la volée.

"- Holly."

"- Oui, maître ? m’empressais-je de répondre."

J’avais reçu la plus formelle interdiction de l’appeler autrement que par son titre à son travail, pour ne pas nuir à la réputation du grand, de l’estimé, de l’honorable Wilfred Udson. Comme si tout le monde ne savait pas déjà que j’étais sa fille.

"- Je vous confie ce dossier." dit-il en me tendant une chemise rouge "Vous allez descendre, une voiture t’attendras et vous conduira au siège de l’entreprise Wilson. Il est impératif que vous remettiez ce dossier à M.Wilson dans les plus brefs délais. Ça ne peut pas attendre."

"- N’est-ce pour ces tâches que nous embauchons des coursiers ?"

J’étais - sans en être ravie - secrétaire, pas postière.

"- Pas dans ce cas. C’est extrêmement confidentiel et important. Je ne peux pas risquer de le confier à qui que ce soit. Je l’aurais porté moi-même, mais… Peu importe. Enfilez votre manteau, vous partez sur l’instant."

"- Très bien."

Je ne discutais pas et attrapais mon manteau.

"- Vous ne parlez à personne, ne laissez personne lire ces papiers et revenez aussi rapidement que vous arriverez. Prenons le moins de risques possibles. Nous n’avons pas besoin d’un scandale."

Je haussai un sourcil. Quoi qu’il se tramait, ça ne rigolait pas. Alors que je m’apprêtais à passer le pas de la porte, dossier en main, il se retourna et lança :

"- Ne me décevez pas."

Je hochai la tête. Si père s’inquiétait, ça devait être on ne peut plus sérieux.


* * *

"- Il faut que je vois M.Wilson immédiatement." dis-je à la secrétaire pour la énième fois

"- Je suis désolée mademoiselle mais vous n’êtes pas sur la liste des rendez-vous." insista-t-elle

"- Puisque je vous dis que c’est une urgence. Je ne suis pas sur votre liste parce que la situation est imprévue. M.Wilson ou vous même avez sûrement dû recevoir un appel de maître Udson pour prévenir de mon arrivée."

"- Veuillez patienter quelques instants, mademoiselle."
soupira-t-elle agacée.

Elle se leva et contourna son bureau pour toquer à la porte de son supérieur. Elle attendit l’autorisation de rentrer avant de l’ouvrir et de disparaître à l’intérieur. Elle revint après quelques seconde seulement et d’un mouvement de tête sec, me désigna la salle d’attente.

"- M.Wilson est très occupé, je ne vous garantis rien."

Ah. Très aimable.
J’étais déroutée : mon me demandais de remettre un dossier d’une importance capitale mais sans prendre le temps de me donner la possibilité de le remettre en main propre ? Alors que c’est précisément ce que je devais faire, sans quoi c’est moi qui allais faire face aux conséquences ? Merveilleux. Je me laissais tomber sur l’une des chaises de la salle d’attente en levant les yeux aux ciel.
Les minutes passaient et toujours rien. Je me levais pour aller toucher quelques mots à la secrétaire. Je n’eus même pas le temps d’atteindre son bureau que, sans lever le nez de son travail, elle lança à mon attention :

"- Les disponibilités de M.Wilson sont très réduites et non, il n’a toujours pas de moment à vous accorder mais soyez assurée que je vous préviendrai dans la minute s’il en trouve un."

À cours de répartie, je retournai m’assoir. Je fixai l’horloge en repensant aux mots de mon père : “revenez aussi rapidement que vous arriverez."

* * *


"-Je ne vous ai d'ailleurs pas vue à mon mariage. Étiez-vous souffrante ?"

En fait, non. J’étais alors en parfaite santé mais à un enterrement. Celui de mon oncle, du côté de ma mère. La honte de la famille… alcoolique et plutôt louche, nous avions préféré ne pas ébruiter l’événement qui était, avec du recul, sans doute bien plus plaisant que le mariage d’une éberluée que je connaissais à peine.

"-Qu'importe ! Je suis persuadée que vous aviez une très bonne raison, tout ceci est derrière nous. Vous êtes ici pour affaires ? Si c'est le cas, je crains de devoir vous décevoir; Charles-Henri et moi nous apprêtons à partir en vacances... Juste après avoir mangé. Je crains que vous n'ayez patienté pour rien. Cependant. Je sais à quel point être une femme travaillant dans un monde d'hommes peut être difficile. Quoique vous en pensiez, je le sais. Ils vous feront payer cette erreur le double. C'est pourquoi... Je suis prête à vous accorder une faveur. Donnez moi ces dossiers, et je lui transmettrai dès que je le verrai. Il les traitera en urgence, et vous les aurez de retour au bureau d'ici deux jours par fax, bien plus rapidement qu'à l'habituel."


Je me mordis la joue, en proie à un dilemme. Je devais remettre le dossier à Charles-Henri Wilson, pas May Wilson… Les deux étaient des Wilson, après tout. May semblait très intéressée par le dossier en question, un pour trop pour que je ne sois à l’aise avec l’idée de le lui confier. Je ne lui faisais vraiment pas confiance : une faveur ? Ça impliquait une contrepartie. Qu’allait-elle me demander ? D’un autre côté, je n’avais pas trop le choix, si ?  Je soupirais. Et puis zut! De toute manière ça la concernait probablement aussi et ne pouvait pas attendre le retour de leurs vacances improvisées. Sans compter que le dossier était scellé. M.Wilson le saura si sa femme joue les fouineuses.

"- Je vous en remercie, Mme.Wilson. Votre époux voudra effectivement traiter ces papiers en urgence, plus dans son intérêt -- et le vôtre -- que dans celui de notre cabinet. La situation est plus que délicate, de ce que j'ai cru comprendre. Oh et je ne pense pas qu'il sera nécéssaire de retourner le dossier… certainement pas d'ici deux jours. Téléphonez dans l'heure à maître Udson, ce sera déjà bien assez tardif pour ces affaires graves qui, je l'espère, ne terniront pas vos vacances."

Sur ce, je lui confiais les documents avec réticence. Elle jubilait. Avais-je vraiment fait le bon choix ?  

"- Je ne vais pas m’attarder plus longtemps, mais sans doute nous recroiserons-nous à un autre moment. Bonne journée, Mme.Wilson." la saluais-je avant de me diriger vers la sortie.


À peine eus-je mis le pieds hors du bâtiment que, m’avançant vers les voiture qui m’avait attendue, qu’un homme avec un chapeau melon m'agrippa violemment par par le bras et me jeta à l’intérieur d’une voiture non loin. Je n’eus pas le temps d’émettre un son. La portière se referma dans un claquement sec et l’homme me plaqua contre un siège, sa main sur ma gorge. Il y avait deux autres hommes sur les sièges avant. L’un avait le visage rond et rougeaud, l’air méchant. L’autre avait des traits anguleux et la peau rugueuse, couverte de taches de rousseur. Je tentai d’avaler de grandes goulées d’air. La main de l’homme au chapeau gênait ma respiration.

"- Tu as intérêt à tout nous dire." menaça-t-il

Quoi ? Je ne suivais pas du tout. Voyant mon air confus et apeuré, il me renfonça de plus belle dans le siège et je me cognai la tête.

"- Ne joue pas les idiotes."

"- Je vous dirai tout ce que vous voulez, je vous jure ! Je ne comprends pas de quoi vous me parlez." dis-je, terrifiée

"- Le dossier que tu avais en entrant, qu’est-ce que tu en as fait ?"
demanda agressivement le rond.

"- Je- je ne l’ai plus, je devais le donner à M.Wilson."

"- Et merde !” jura son compère “Qu’est-ce qu’il y avait dedans ?"

"- Quoi ?"

"- Dans le dossier ! Qu’y avait-il dans le dossier ?"

"-Je ne sais pas" balbutiai-je

"- Arrête de te moquer se nous !" cria le rond en se jetant à mon cou pour me secouer

"- Je ne sais vraiment pas ! Je ne l’ai pas ouvert, je n’ai aucune idée de ce qu’il y a à l’intérieur, je suis désolée !"

Mes excuses ne calmèrent en rien l’homme qui me regardait maintenant comme s’il avait me broyer le crâne à mains nues. Celui au chapeau melon l’en empêcha :

"- On perd notre temps ici. Elle ne sert à rien."

En temps normal j’aurais été offensée. En l’instant, j’étais prête à me dévaloriser si je sortais entière de cette voiture.

"- Elle sait forcément quelque chose !"


"- Je crois au contraire qu’elle dit la vérité. Elle est secrétaire, elle n’a rien à voir là-dedans. On aurait dû choisir une autre cible."

"- On en fait quoi, alors ?"

"- On la dégage." dit-il avant de me jeter hors de l’habitacle.

Je m’écrasai sur le pavé. La voiture démarra aussitôt et disparut dans un crissement de pneus. Je relevai en titubant, mes membres douloureux.
Revenir en haut Aller en bas
 
Affaires de Femmes (Holly)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Holly Udson
» Un problème n'arrive jamais seul...(Holly)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Burtonmania :: Section exclusivement RP :: London :: Dans les rues de Londres-
Sauter vers: