Quelle est cette voix? [LIBRE]

Invité

Je marchais dans les rues de Gotham. Les mains dans les poches, je marchais d'un pas lent, me demandant si tous les morts vivaient ici, avec les vivants, ou s'ils devaient quitter ce monde une bonne fois pour toute. Allais-je devoir partir? Je l'ignorais, et cette idée me faisait peur. Je ne voulais pas. Je voulais rester ici avec ceux que j'aime. De plus, l'haut de là me paraissait terrifiant. C'est ainsi que je marchais, tête baissée, perdu dans mes pensées. Dans mes idées noires... Soudain, j'entendis du piano. Oui, du piano. Je l'entendais comme si quelqu'un avait posé un piano juste à côté de moi et avait commencé à jouer. Mais non rien. Et puis pourquoi il y aurait-il un piano dans la rue?

J'entendais maintenant une voix. Une voix douce et mélodieuse. Les paroles de cette chanson paraissaient si proches de ma situation. Pourquoi je l'entendais si bien? Où était-elle? Je commençais à m'agiter, regardant autour de moi. Je laissai mes oreilles me guider. J'atterris alors sous une fenêtre d'un apparemment. Voilà d'où venait cette mélodie. Je levai la tête et écoutais ce que chantait la demoiselle... Quand soudain, quelqu'un me percuta. Je tombai à la renverse. J'étais tellement absorbé par la mélodie que je n'avais pas vu venir la personne qui me fonça littéralement dessus.

Gotham... C'est sombre. Presque comme Londres. Mais Londres n'est plus ce qu'elle était, au fur et à mesure que les années, les siècles ont passé, la ville s'est modernisée. Adieux les champs, bonjour ciment. Je dois avouer que certaines modernités ne sont pas pour me déplaire comme par exemple, ce qu'on appelle une "radio", une petite boite dans laquelle on entend quelques fois de la jolie musique, mais souvent de grossières inépties. Enfin, je continuais à vivre comme si l'on était toujours au XIX siècle. Mais je dois avouer que les gentlemen sont de plus en plus rares.

Il faisait nuit, il n'y avait personne dans les rues, pas un chat. La ruelle dans laquelle je m'étais engouffrée était vraiment sombre, malgrè la faible lueur des lampadaires. Le silence y était le plus total... Jusqu'à ce que j'entende un doux un morceau de piano. C'était tellement beau, séduisant, envoutant, fascinant ! Je ne puis me retenir d'avantage : courir, vers la musique afin de l'entendre plus distinctement, plus limpidement. Alors que je marchais de plus en plus vite, une délicate voix commença à chanter, en parfaite harmonie avec le piano. C'était à refaire vivre un mort, je vous le garantit. "... Et laisse les étoiles s'accrocher à tes doigts comme à des papillons..." Ces mots me boulversaient. La lune semblait resplendir de plus en plus, illuminant la ruelle. J'arrivait au bout, il y avait un tournant. Je sentait que derrière ce mur, il y avait la clé de cette incroyable mélodie. Je courais à toute allure, je tournais et... Je me cognai brutalement contre quelqu'un!

Damned ! Normallement, les vivants modernes n'étaient pas sensibles aux morts, je ne devrai etre qu'un fantome pour cet individu, sauf si... Il était dans la même situation de moi, c'est à dire... Décédé. Je replaçai donc mon voile de mariée, qui était tombé de ma tête lors du choc et regardai l'homme que j'avais percuté. Oui, il était mort. Depuis peu de temps d'ailleurs, car ses traits ressemblaient à s'y méprendre à ceux d'un vivant. Il semblait assez jeune. Si ce n'était pas malheureux, mourir dans la fleur de l'age... Je savais ce que c'était.

-Oh ! Je... je suis désolée Monsieur, je ne faisais pas attention, il n'y a pas de problème ?..." Ai-je demandé doucement.

Evidement, les morts on souvent des problèmes, dès lors, je me rendit donc compte que ma question était un peu naïve...

Invité

Je levai la tête afin de voir qui m'avait ainsi propulsé au sol. La bouche légèrement ouverte, mon regard parcourait la jeune femme qui se trouvait face à moi. Mi femme mi squelette, et pourtant, elle était vraiment ravissante. Je me redressai et frotta un peu ma chemise tout en la regardant.

Ce n'est pas grave.

Cette demoiselle respirait la pureté. On pourrait être effrayé en voyant sa jambe squelettique ainsi que son bras... Mais non. Elle semblait pure et elle était resplendissante. C'était surprenant.

Je... Je m'appelle Heath. Et vous?
Je suppose que vous aussi vous êtes... décédée...

Heath s'appuya contre le mur qui formait l'appartement de la demoiselle qui chantait. Il se laissa glisser pour finir assis sur le trottoir. Il semblait vraiment malheureux. Il laissa sa tête reposer contre le mur en soupirant.

Je continuais de regarder l'homme. Il était terriblement pâle et semblait vraiment malheureux. Il s'epousta, et me regarda en s'excusant doucement. J'étais profondément désolée de l'avoir heurté ainsi, lui qui semblait déjà assez tourmenté... Il me regarda alors à son tour, il semblait intrigué. Il se présenta, sa voix tremblait. Heath. C'était son nom, il était joli, et il lui allait incroyablement bien. Quand il prononça le mot "décédé", il s'effondra contre le mur, surment à cause du désespoir qui le rongeait. "...Gageons que le temps ne soit plus qu'un mirage..." La chanteuse continuait sa mélodie.
Comme il semblait faire une fixation sur mes membres osseux, je dis avec un faible sourire :

-Oui, mais depuis sans doute beaucoup plus longtemps que vous. Oh, ne vous en faites pas pour ça, ai-je dis en caressant mon bras gauche, il vous reste encore beaucoup de temps avant que vous arriviez au même état que moi...

je m'approchais de lui doucement, je ne pouvais pas le laisser dans cet état.

-Que vous est-il arrivé ?... Ai-je donc demandé.

Invité

Je la regardai de nouveau. Elle ne semblait pas malheureuse. C'était une belle personne. J'aurais aimé lui ressembler. Autant de pureté en une seule personne, c'était presque impensable. Mais elle semblait croire que j'avais peur de son apparence. Peur de lui ressembler. Je lui adressai un sourire chaleureux.

Au contraire, je vous trouve ravissante.

-Que vous est-il arrivé ?...

Je...

J'avais encore du mal à en parler. J'allais me lancer, peut-être. Mais à ce moment là, une pluie violente fit soudainement son apparition. Je levai la tête, regardant le ciel. La femme à la jolie voix ferma sa fenêtre et on ne l'entendit plus.

Je me levai et tendit une main à ma nouvelle amie. Je lui adressai un sourire, décidé à sympathiser avec elle. J'avais envie de me changer les idées, d'oublier un instant que j'étais mort et de profiter un peu de cette deuxième vie. Attrapant sa main, je me mis à courir afin de l'emmener à l'abri. On était sous une bâche. Une devanture de café.

J'aimerais me changer les idées. Ça vous dirait de passer la soirée avec un pauvre mort désespéré?

Il sourit un peu, d'un air amusé. Oui. Il avait envie de s'amuser. Il n'en pouvait plus. Il voulait décompresser. Il y a une vie après la mort. C'est incroyable non? Alors pourquoi ne pas en profiter....?

Je n'avais pu m'empécher de rougir lorsque ce jeune homme m'avais dit qu'il me trouvait ravissante, j'étais assez timide. Il semblait etre sur le point de me raconter son histoire lorsqu'une pluie diluvienne s'abattit sur nous. Le bruit sourd des gouttes d'eau tombant sur les trottoirs et les toitures couvrait le son divin du piano. Je levais ma tête : la fenetre était refermée et la chanson terminée. Quel dommage.
Alors, l'homme se leva et me tendit la main. Je pris la sienne, l'air heureux qu'il ne soit ni effrayé ni repoussé par mon apparence macabre. De l'eau dégoulinait sur nos visages, sa fraicheur me glaçait les os (haha!). Il m'entraina donc sous la devanture d'un café qui semblait calme et peu fréquenté. C'est alors qu'il me dit :

-J'aimerais me changer les idées. Ça vous dirait de passer la soirée avec un pauvre mort désespéré?

Il avait parlé avec le sourire, mais un sourire noyé par le despespoir et la pluie. J'avais l'impression qu'il fut épprit d'un bref élan d'optimisme et qu'il voulait à tout prix oublier sa situation actuelle. J'étais ravie de pouvoir l'aider : il était encore plus mignon lorsqu'il souriait. J'emis un petit rire et répondis :

-Bien sur, si cela peut vous remonter le moral! Je m'appelle Emily, et vous ?

Tout en écoutant sa réponse, je poussais la porte du café devant lequel nous nous trouvions. Il n'y avait une petite serveuse et un ivrogne à moitié endormit qui ronflait sur une table au fond de l'établissement. Bien entendu, ils ne nous virent pas. Je pris donc place sur une table vide assez éloignée des autres et fit signe au jeune homme de me rejoindre.

Invité

Emily. Un joli prénom ma foi. Il lui allait vraiment bien.

Je m'appelle Heath.

Je lui souris. Oui. Je lui souriais d'un sourire franc. J'étais bien décidé à passer une bonne soirée pour la première fois de ma seconde vie. Je me doutais que cette demoiselle ne devait pas avoir la "vie" facile. Son apparence squelettique pouvait en effrayer plus d'un. Mais sans savoir pourquoi, elle ne m'effrayait pas du tout. Loin de là. Une âme pure.
Je la vis entrer dans le café et me faire signe de la rejoindre. Cet endroit était plutôt désert. Elle s'assit à une table et je la rejoignis. Je m'assis donc en face d'elle.

Que faisiez-vous ici, toute seule?

Je pouvais parler. J'étais seul depuis ma mort. Ou presque. Car maintenant j'avais Mrs Lovett. Mais je retournais tout de même voir Alison de temps en temps, même si elle ignorait ma présence...
Mais ce soir, j'avais décidé de l'oublier. Juste le temps d'une soirée. C'était difficile, mais peut être possible. J'avais décidé d'oublier que j'étais mort...
J'étais en bonne compagnie. Je retrouvais enfin le sourire.

Tu veux boire quelque chose?
Euh... Je peux te tutoyer?

Heath me souriait encore, c'était un sourire sincère et charmant. Je ne pouvais m'empêcher de l'observer et d'essayer de deviner comment il avait pu mourir. Il n'y avait aucun indice apparent. Sa peau était pale, normal puisqu'il était vide de sang. Aucune trace de blessures, cela aurait très bien pu être un empoisonnement. Mais qui aurait pu oser faire ça... Il me demanda ce que je faisais ici.

-Oh rien de bien interessant... Je dois avouer que ces dernières années furent particulièrement lassantes. J'erre dans les rues, c'est ma façon de passer le temps... Répondis-je avec un faible sourire.

-Tu veux boire quelque chose? Euh... Je peux te tutoyer?

-Bien sur! ai-je répondut pleine d'entousiasme!

Heath semblait de plus en plus heureux, et cela me réchauffait le coeur. Il m'avait demandé si je voulais boire quelque chose. Bien entendut, quand on est mort, on ne ressent jamais la soif, mais il faut avouer qu'un petit verre de temps en temps n'était pas désagréable. J'étais de bonne humeur, décidée à bien m'amuser! Je me levai donc de ma chaise, le sourire aux lèvres et fit un clin d'oeil à Heath. Je m'approchai du bar où se trouvait la serveuse qui était en pleine nettoyage de verre. Après m'être assurée qu'elle ne pouvait absolument pas me voir (les vivants de nos jours ne sont pas du tout receptifs à nos signes à nous, les défunts...) je tendit bon bras gauche et saisit l'une des bouteilles placées juste sous le nez de la serveuse. Cette dernière vit donc une bouteille en pleine lévitation juste devant ces yeux qui s'ouvrèrent comme des soucoupes. Elle s'évanouit quelques seconde après. "Désolée..." murmurai-je l'air un peu coupable quand je vis que sa tête avait heurté le comptoir un peu fort. Je repartis donc m'assoir près de Heath, ma jolie bouteille (contenant ce que l'on appellait un "soda") dans la main. Alors que je nous servais un verre, je ne pu m'empécher de lui demander :

-Puis-je te demander comment t'es-tu retrouvé ici ?

Invité

La scène me fit rire. La jeune Emily se dirigea vers le bar et se servit. La serveuse, ne la voyant évidemment pas, tomba de suite dans les pommes. L'ivrogne quant à lui n'y prêta aucune attention. Il dormait toujours.

Eh bien maintenant on a le café pour nous tout seuls! Il manque juste une chose...
Je me levais et allai à mon tour derrière le bar. Je piquai deux verres puis retournai à notre table. Je donnai un verre à ma nouvelle amie et en pris un pour moi.

Et voilà.

-Puis-je te demander comment t'es-tu retrouvé ici ?

Pour faire court... Je suis mort et la femme que j'aime vit ici. Je suis venu la voir, même si elle ne me voit pas...

Je baissais les yeux. Cette histoire me hantait. Je croisai ensuite le regard d'Emily et lui adressai un léger sourire.

J'ai envie de me changer les idées ce soir si tu veux bien... On pourra parler de tout ça plus tard si tu veux...

Je pris la bouteille de soda et nous servis chacun un verre. La bouteille était déjà vide. Elle n'était pas bien grande. Mais ça suffirait largement au plaisir des deux jeunes gens qui n'avaient nul besoin de se désaltérer.

-Je suis mort et la femme que j'aime vit ici...

Comme c'était tragique. J'étais vraiment éprise de compassion envers Heath, être séparé de l'être qui nous était cher était une épreuve terriblement douloureuse. je ressentais la frustration qu'il devait éprouver lorsqu'il était proche de sa promise mais qu'elle ne l'apercevait pas. Mais il semblait décider à remettre cette discussion à plus tard et faire un trait éphémère sur ses sentiments pénibles.

-Bien sur, ai-je acquiécé.

je ne voulais absolument pas remuer le couteau dans la plaie, je me doutait que celà devait être assez triste comme ça. J'adressai donc à Heath un sourire franc et sympathique avant de boire une gorgée de soda. C'était bon, très sucré, mais ça piquotait atrocement la gorge ! Je toussai donc, et cela m'arrangea car le bruit de ma toux couvrit le clapotit de la boisson qui dégoulinait entre mes côtes. Pas très... Distingué, me diriez vous. Je posai le verre d'un air amusé et repris d'une voix douce :

-Es-tu à Gotham depuis longtemps ? Pour ma part, je viens d'arriver. Avant je "vivait" à Londres, c'est différent. Ici, je suis un peu perdue...

L'ivrogne qui dormait émit un ronflement plus fort que les autres qui me fit légèrement sursauter. La pluie continuait de tomber de plus belle, les vitres du café dégoulinaient. je dois avouer qu'à mon gout, ça ne manquait pas de charme. la pluie dans la nuit, c'est si... Romantique !

Invité

Je voyais que cette charmante jeune femme avait de la compassion envers moi. Elle semblait comprendre ce que je ressentais, et je dois avouer que ça me faisait le plus grand bien de parler à quelqu'un qui me comprenait. Fort heureusement, j'avais déjà Mrs Lovett avec moi. Sans elle, je crois que je serais tombé en véritable depression depuis longtemps.

-Es-tu à Gotham depuis longtemps ? Pour ma part, je viens d'arriver. Avant je "vivais" à Londres, c'est différent. Ici, je suis un peu perdue...

Oui je vis... Enfin, je vivais, à Gotham. Avec Alison...

Je me redressai, quittant ainsi ma chaise, puis tendis une main vers ma nouvelle amie. Celle-ci la saisit. Elle ne semblait pas vraiment comprendre ce que je voulais faire, mais elle avait l'air confiante. De toute manière elle ne risquait plus grand chose... Attrapant ainsi sa main, je l'entraînai d'un pas rapide vers la sortie. Je semblais tout existé, mais en réalité, on pourrait dire que je "pétais mon cable". Oui. Cette situation me rendait fou et j'avais envie de faire tout et n'importe quoi. Mais surtout, je voulais que mon amie et moi passions une soirée inoubliable. Je me mis à courir avec elle sous la pluie tout en criant à moitier:

On n'a plus à craindre la pluie désormais!

Des choses folles. Oui, j'avais envie de faire des choses folles. On courrait tous les deux comme de vrais gamins, quand soudain je m'arrêtai en bas d'un immeuble. Je regardais le haut de celui-ci, puis Emily.

Maintenant qu'on est morts, on ne risque plus rien. On peut faire tout et n'importe quoi. Que dirais-tu d'escalader cet immeuble? La vue doit être magnifique de là haut. Si on se dépêche, on pourrait même appercevoir le coucher du soleil.

Je crois vraiment qu'à ce moment là je n'avais plus toute ma tête. Mais que voulez-vous, la mort ça rend parfois fou...

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