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Emily Admin
Messages : 699 Date d'inscription : 11/07/2010 Age : 30
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| Sujet: Re: Ecrits d'Emily Sam 24 Mar - 0:08 | |
| - Emily II (3):
J'étais rentrée au quartier de Strand en courant à moitié, obligée de passer par des zones plus crasseuses que d'habitude, mais heureusement, aucune nouvelle mauvaise rencontre ne m'avait été imposée. Il était très tôt, Londres était toujours plongée dans une sage léthargie. Enfin, tout Londres ou presque. La concierge de mon immeuble, Mrs Jacquelyn Madden, qui avait un rythme de sommeil basé sur celui de gallinacés, avait reconnu ma silhouette au loin et m'avait donc attendue de pied ferme sur le palier, armée de son fidèle balais qui ne la quittait jamais! C'était une femme âgée et bougonne la plupart du temps, mais en s'intéressant à elle, même brièvement, on pouvait deviner qu'elle avait surtout été heurtée par la vie, et qu'elle faisait preuve de bravoure rien qu'en tenant toujours aujourd'hui sur ses frêles petites jambes. Je l'apercevais souvent s'activer dans la rue, en bas de l'immeuble, à balayer la boue, les excréments et autres saletés qui se déposait devant sont précieux territoire de Newcastle. Elle n'avait pas peur de la racaille qui traînait parfois en ces lieux, et les faisait déguerpir plus rapidement que certains policiers! Notre petit bâtiment ne payait pas de mine, comme cela, mais les soins qu'elle y apportait régulièrement faisait ressortir ce petit havre de paix dans cette rue parfois si sombre. Cette passionnée et passionnante Mrs Madden était, à mes yeux, quelqu'un de foncièrement bon. Et c'est pourquoi mon cœur se serra légèrement lorsque je lui passai devant sans prendre le temps de la saluer, ni répondre à sa brusque mais chaleureuse interpellation. Et je la savais rancunière, elle m'en tiendrais rigueur pour cette attitude déplacée. Je montais l'escalier quatre à quatre, essayant de ne pas porter trop d'importances aux réflexions blessantes de la concierge qui grognait au rez-de-chaussée, avant de me barricader enfin dans mon antre. Je devais vite faire le deuil de ces dernières heures chaotiques, passer à autre chose, et surtout éviter de ressasser! J'avais tout de même été prise en photo, mais je doute que le résultat soit finalement concluant, puisque je n'étais absolument pas resté immobile durant le temps minimum d'exposition! Avec un peu de chance, il n'y aura sur l'image développée qu'un fantôme de moi-même, héhé! Amusant. Je déposais tranquillement mes affaires sur mon bureau, vidant également le contenu de mes poches afin de vérifier que toutes mes précieuses reliques étaient encore en ma possession. Je remarquais avec amusement que la balle que je m'étais prise s'y trouvait, et il me vint l'idée aussi curieuse que fantasque de la conserver comme un trophée. Je dépoussiérais l'une des étagères vides d'un mur inoccupé, pour y placer le petit morceau de ferraille bien droit. Je songeais aussi à éventuellement tenir un "carnet de mort", afin de coucher sur le papier toutes les expériences macabres qui me serait donné de vivre. Peut être un jour découvrirai-je la manière la plus douce de passer de la vie au trépas, et je pourrai ainsi devenir la meilleure conseillère en suicide. Ou peut être que je pourrais anonymement faire part de mes recherches à la science et à la police pour trouver des méthodes d'exécution moins barbares! Je suis presque sure que la pendaison et la guillotine ne sont pas si expéditives qu'on le prétend. Alors que je découpais dans un bout de papier un petit carton sur lequel j'avais inscrit la provenance de cette balle ainsi que la date à laquelle elle avait quitté sa douille, j'entendis frapper à ma porte. Mon premier réflexe fut de cesser instantanément mon activité, et de chercher des yeux la première arme à ma porté. Un pied de chaise allait parfaitement l'affaire. Je ne faisais aucun bruit, décidée que faire croire à mon absence était la meilleure des solution. Qui m'avait retrouvé? Avais-je finalement accroché le regard de quelqu'un dans la rue? M'avait-on déjà reconnue et retrouvée grâce à la phot.... "- Miss Emily! Vous allez commencer perdre immédiatement cette attitude de petite vermine rampante des égouts qui ne vous sied pas! Et ensuite, j'aimerais vous rappeler que j'attends toujours le loyer de ce mois-ci, et que s'il n'est pas dans mes mains avant demain 9h, je vous souhaiterais avec toute la courtoisie qui m'est propre d'aller trouver une autre logeuse à qui casser les miches!!"Je restais un instant interdite, le sourcil levé, et mon pied de chaise toujours dans la main droite. J'avais à peine eu le temps d'être soulagée que cette intrusion ne soit liée qu'à ma relativement inoffensive propriétaire, puis je me remémorais brusquement cette histoire de loyer. C'est vrai que ce mois-ci, j'avais grandement privilégié ma course à l'homme de la Lune, plutôt que mes nuits musicales et lucratives au pub. Je bondissais brièvement vers ma saccoche où se trouvait mon maigre butin accumulé, et éparpillant rapidement les billets, je réalisais que j'avais à peine le compte demandé. J'étais bonne pour me représenter au Duke of Wellington dès ce soir, même si je n'avais clairement pas la tête à cela. "-Et j’apprécierais une réponse de votre part, petite ingrate! Inutile de faire la morte, je ne me serais pas donné la peine de monter ces six étages si je voulais simplement causer à une porte.""... C'est entendu. J'hésitais brievement avant d'ajouter sans réfléchir, Et moi aussi, je vous apprécie Mrs Madden. Sincèrement."Malgré son caractère parfois un peu rustre, je savais que cette femme dans la force de l'âge dont l'accent virait parfois vers le russe ne pouvais s'empêcher de se sentir investie d'un rôle de protecteur, voire même parfois de parent envers les quelques jeunes habitants de cet immeuble. Et j'en avais encore plus l'impression lorsqu'elle me réprimandait ainsi, plutôt que les fois où elles se montrait tendre en me proposant ses biscuits au caramel. Je l'entendis pousser un nouveau grognement, maugréer certaines choses peu nettes à propos de dieu et du diable, puis je discernais de nouveau le bruit de ses pas dans les escaliers. La pression baissait en moi. J'étais heureuse qu'elle n'ait pas insisté pour rentrer. Je passais la journée barricadée dans ma tour d'ivoire, à répéter mes partitions pour ce soir sur mon piano désaccordé. Je me sentais mélancolique, et comme à chaque fois que je me trouvais dans cet état, je me laissais aller, et finissais toujours par chanter un peu. C'était une façon pour moi de m'exprimer, de sortir les émotions qui se dissimulaient dans ces entrailles brisées et dysfonctionnelles. Des fois, je griffonnais les paroles de mes chansons sur des feuilles volantes, espérant, rêvant un jour peut être, les partager devant un public. Je pourrais peut être devenir parolière, si mes écrits plaisaient! * * * Lorsque la nuit fut tombée, je me sentais déjà légèrement mieux. Pour ma sortie du soir, je me décidais à revêtir une robe d'un joli vert d'eau, ce qui contrastait de mes tenues noires ou grises habituelles. Elle était plutôt simple, avec beaucoup de jeux de plis, mais peu de détails superflus. Les manches bouffaient légèrement, et le décolleté était juste assez prononcé pour y laisser paraître un petit collier rouge. Je n'avais mis aucun maquillage, si ce n'est un peu de fard, et avait coiffé mes cheveux dans un chignon stricte, mais sophistiqué. Avant de me rendre au Duke, je pris mon courage à deux main, finalement décidée à tenter de me rendre une ultime fois à Scotland Yard. Si je ne pouvais pas y croiser Full, au moins pourrais-je leur parler de l'incident s'étant produit hier soir. Comme à mon habitude à cette période de l'année, j'étais contrainte d'arriver au commissariat une dizaine de minutes avant la fermeture de leurs locaux au public, c'est pourquoi je pu remarquer cette imperceptible grimace sur la tête de l'homme assit dernière sont bureau, à la réception du poste. Campé derrière sa machine à écrire, cet individu aigre c'était déjà retrouvé en ma présence un bon nombre de fois ces derniers mois, lorsque j'exigeais encore avec un certain espoir un entretien avec l'inspecteur Full. Il n'avait jamais été vraiment conciliant, me traitant généralement avec une condescendance qui m'exaspérait à un certain point. Néanmoins, j'allais essayer de garder mon calme de mon côté, persuadée qu'une esclandre ici ne servirait à rien. Avec une démarche de souris voulant ressembler à un chat, je m'approchais du comptoir : "- Bonsoir! Excusez-moi de vous déranger à une heure aussi tardive, mais...- Vous voulez dire "de vous déranger à nouveau à une heure aussi tardive".Je... diantre, que garder mon calmer allait se révéler être une tâche compliquée avec un tel énergumène. - Oui, c'est exact, je me suis peut être fourvoyée, en effet. Excusez-moi, de vous demander à nouveau de faire votre travail...!- Je suis navré s'il y eu un quelconque malentendu, mais à aucun moment mon travail n'a consisté à rendre les soirées des demoiselles lasses un peu plus fantasmagorique en leur accédant à leurs requêtes farfelues.- Non, mais je rêve! M'exclamais-je, perdant le semblant de patience que je croyais avoir, C'est donc la seule opinion que vous avez de moi?! Une groupie écervelée? Vous n'essayez pas de voir plus loin, et de comprendre lorsque je vous dit que je connais personnellement l'inspecteur Full, et que je me fiche bien de recevoir une dédicace?- Et vous, pourquoi vous ne me croyez pas lorsque je vous dis que je connais personnellement la Reine Victoria, et que je prends le thé tous les dimanche avec elle? Ecoutez-moi une bonne fois pour toute, mademoiselle, c'est très simple : vos propos n'ont aucune valeur sans preuve. J'ai ici une liste de toute les personnes admises à rentrer au Yard et rencontrer nos agents personnellement. J'ai également une seconde liste incroyablement longue de tous les civils qui viennent chaque jours enregistrer leurs plaintes et des affaires à résoudre. Des affaires qui sont donc traitées par nos inspecteurs dans un ordre de priorité décrété par la justice et notre administration. Et devinez quoi? Vous n'êtes sur aucune de ces deux listes! Alors deux options : Soit vous réglez vos comptes avec l'inspecteur en dehors de ce cadre professionnel, soit vous priez très fort pour qu'il vous arrive un problème assez grave pour qu'il puisse être réglé par nos soin. Je ne pourrais que trop vous conseiller d'aller faire un tour vers White Chapel par exemple, surtout la nuit, par les temps qui courent...Je sentais chaque muscle de mon corps se crisper au fur et à mesure qu'il balançait ses mots, mais également mes yeux semblaient commencer à picoter dangereusement. Alors que je m'apprêtais à lui souhaiter de s'étouffer en avalant les touches se sa machine à écrire une par une, nous fûmes interrompus par l'entrée brusque de deux policiers, un rouquin plutôt jeune et boutonneux et une montagne de muscle barbue à l'air pourtant affable. Ils étaient suivit d'un petit homme à la moustache tordue, habillé d'un tablier blanc qui aurait pu faire de la concurrence à son teint livide qui accompagnait ses yeux hagards et traumatisés. Me saluant brièvement, le costaud se pencha vers le secrétaire et commença à déclamer d'un ton bourru : - Excusez-moi M'dame, je vous l'emprunte deux minutes. Stanley, tu notes : j'ramène un témoin dans la découverte d'un cadavre aux alentour de 18h, dans les poubelles du restaurant The Great Monarch - c'est vers King Road, tu sais près du canal! Apparemment, le macchabée, il y serait depuis c'matin, voire cette nuit. Personne n'a rien capté puisqu'il était bien planqué derrière une tonne de merde, un travail de fouine. Il s'interrompit quelques seconde, laissant à son collègue le temps de noter le rapport. Je commençais à trembler légèrement. Je savais que King Road était la rive en face de celle ou se trouvait l’entrepôt où avait eu lieu l'incident la nuit dernière. - C'qu'est triste, c'est que c'était qu'un gosse. Il avait quoi... Treize... Quatorze... Quatorze ans grand max', ouais, son collègue acquiesçait fermement, le visage fermé, Troué en plein milieu du front, à bout portant, il faut croire. Il avait la cervelle explosée, c'était vraiment immonde à voir. Je vais encore mal dormir, ce soir...Je reculais à petit pas, de plus en plus loin du couloir. Pour finalement me ruer vers la porte du commissariat. Il était possible que je fasse des raccourcis trop tentants, trop rapides, mais les similarités collaient trop bien. Je n'avais plus envie de pleurer. J'avais envie de vomir. Descendant les quelques marches de la devanture du bâtiments, j'agrippais la rambarde pour ne pas chanceler. Je me sentais si mal, si vaine. J'étais pourtant si sure d'avoir au moins réussi à faire quelque chose de positif, hier. Je l'avais vu s'enfuir, j'avais vu ces criminels prendre le temps de me carrer du plomb dans la tête sans même se soucier de savoir si quelqu'un m'accompagnait ou non! Finalement, mon aide, ce sacrifice sans valeur... Rien n'avait servi, et le destin c'était encore foutu de ma gueule. Je n'avais que l'envie de rentrer chez moi, mais la menace de ma propriétaire me revint en tête, et je glissais finalement lentement mes pieds en direction du Duke of Wellington. * * * La soirée battait de son plein, et j'en étais déjà à ma seconde pinte. Je connaissais mes limites en matière d'alcool, et je savais que si je la terminais, je ne serais plus capable de jouer correctement avant la fin de mon service. Actuellement j'étais en pleine possession de mes moyens, je me sentais juste vaguement grisée, et peut être plus explosive. Rien ne semblait important, c'est pourquoi je ne cessais de fixer la fin de mon verre à moitié vide avec un sentiment de défi, hésitant à le terminer, sacrifiant ainsi mon salaire promis pour une engueulade et une perte d'emploi, tout cela pour juste quelques minutes de sentiments de toute puissance seulement. Mais la petite partie de sagesse qui squattait mon cerveau me hurlait de ne pas me laisser aller à ce genre d'impulsivité, et je tenais bon pour l'instant, essayant de penser à tout, à part à ce jeune garçon massacré dans une ruelle sombre, que sa famille devait actuellement pleurer terriblement. Je décidai alors prendre un pause de quelques minutes, ne serait-ce que pour me perdre dans l'observation de cette grandiose salle, dans laquelle tant de détails et de distractions s'offraient à mon cervelet. Le Duke of Wellington n'avait vraiment pas une réputation de "bon" bar pour rien. Aucune racaille ne s'y risquaient, il n'était le théatre d'aucun trafic mafieux, et même les soulards occasionnels ne délanchaient jamais de bagarres avec les piliers de bar. L'ambiance y était saine à un niveau assez rare pour l'époque. Peut être était-ce parce qu'il avait la réputation de devenir le quartier général de certains flics lors de leur temps libre, en tant que simples civils. c'était même finalement l'un des rares endroits où la gente féminine pouvait venir y passer du bon temps sans risquer bon nombre d'agression ou de harcelement. Le couple de tenanciers, Ulysses et Rosa Washington, avaient à la fois assez de douceur et de poigne pour y faire regler leurs principes moraux que je soutenais. J'avais de la chance d'avoir réussi à intégrer un tel univers, je ne pouvais pas me permettre de tout foutre en l'air. Soudain, alors que je m'attardais à contempler l'ambiance chaleureuse de mon bar, mon coeur manqua un battement. Il me sembla voir, seulement le temps de quelques secondes, une cheveulure verte se faufiler à l'extérieur du bar. Je ne faisais généralement pas attention aux clients de l'établissement - en particulier ce soir où j'étais largement perdue dans mes pensées, mes yeux étaient régulièrement rivés sur mon clavier. Je restais un instant vissée sur ma chaise. Je ne voulais pas croire ce que je pensais avoir vu. Je voulais me rassurer en me disant que ce n'était que l'alcool qui me jouait un cruel tour. Mais malgré tout, j'en étais quasiment certaine. J'en avais été quasiment certaine, le temps d'une seule seconde. Avec son impérméable gris et son profil perdu, et bien evidemment, ces cheveux, je l'avais reconnu. Et la porte se referma. Alors à ce moment, j'explosai. Je me levai brutalement, ne pouvant ceder à cette force qui me poussa à l'interpeller, même de manière trop tardive : "- HEY !! You...!..."Je n'avais pas dosé la force de mon appel. Mon cri raisonna dans toute la pièce, instaurant un silence terrifiant, et poussant tous les regards à se braquer sur moi. Malgré tout, la porte resta close. Je fut pétrifiée, clouée par tous ces yeux qui me fixaient soudainement, alors que tout ce que je cherchais depuis des années, c'était détourner l'attention. Alors que je sentais une partie de moi se décomposer, une autre partie, plus enivrée par la bière ambrée, et surtout plus audacieuse, plaça ma main gauche sur le bord de mon piano. Je m'entendis alors déclamer, dans un rythme mélodique à moitié improvisé : Hey you! You don't have to run! ♪ Hey you ! You can grab the gun! Face the danger, fight the monster I believe in you, so let me be your gun powder !" Je ne savais pas vraiment si c'était l'alcool, ou la frustration d'avoir encore été esquivée qui me confiait cette rage et cette audace. Soudainement, tout ceci me tapait sur le système. Tout ce bal où je m'efforçais de courir après mon cavalier, tout en me dissimulant aux yeux du monde extérieur, toute cette mascarade grotesque qui m'humiliait jours après jours. Je n'avais plus envie de me cacher, de fuir, et d'espionner de cette manière si misérable. Comme une envie de muer de cette peau de créature fragile qui commençait à m'étouffer. Je voulais me parer de férocité, de force et d'indépendance. Je voulais prouver au monde que je n'étais pas vaine, et que mes actes pouvaient avoir une répercussion dans ce monde! J'étais invincible, bordel!! Immortelle! Pourquoi me priver ainsi de profiter de cette vie?! If the sky comes grey, and the snow turns red ♫ Like a fierce rose, I could be thorned! I can beat them, I can throw them to hell Only if you could give me the power of a bombshell!
Hey you! You don't have to run! ♪ Hey you ! You can grab the gun! ..." Sans même que je m'en rende compte, quelques clients du bar avaient commencé à frapper dans leurs mains en rythme, appuyant les mots forts de mon texte impulsif lorsque je repris le refrain de ma chanson. Alors que j'arrivais à court d'inspiration et m'apprêtais à reprendre mon seul et unique couplet, un homme légèrement enrobé mais au sourire jovial sortit d'un étui une trompette et fit raisonner la musique sur l'air de ma chanson. Il m'offrit un interlude musical incroyable grâce auquel que pu retrouver l'inspiration pour quelques phrases supplémentaires. Il m'envoya un clin d’œil, me faisant signe que le moment était revenu pour moi de chanter, avec son accompagnement cette fois-ci! It's like they think they could break our world ♫ But definitely, we've got more than words I've got wrath, you bring me hope To help me to breath, be free and burn the rope! Et au moment où je dû entonner le premier "Hey you", j'entendis la salle le reprendre en cœur avec moi. En l'espace d'un instant, sans savoir véritablement ce que je faisais, j'étais devenue une chanteuse-étoile. Je n'avais pas de micro, mais je levais les bras inconsciemment en souriant, invitant tous les autres à continuer à chanter. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivais, j'étais en dehors de l'espace et du temps. Et cela me plaisait terriblement! Il y avait bien longtemps que je n'avais pas ressentis de telles émotions! Pour la première fois depuis longtemps, je me sentis revivre. Pour de vrai. Je terminais donc ma chanson sur une note un peu maladroite, accompagnée de mon nouvel ami trompettiste qui me suivit. Il y eu un instant de blanc, puis ce fut les applaudissements. Une montagne d'applaudissements tellement grande que la salle que j'occupais me paraissait trop petite pour tous les contenir. C'était incroyable. Je saluais à peine mon public avant de me ruer sur mon piano, pour griffonner brièvement les paroles de cette chanson quasiment improvisée par dessus mes partitions de jazz. Je ne réalisais même pas ce qui s'était passé, mon cœur battait à tout rompre, oscillant entre la panique et une joie intense. Les applaudissments cessèrent, et je sentis alors une main se poser sur mon épaule. je ne pu m'empêcher de bondir, et réprimai un tremblement lorsque je me suis rendu compte que c'était Rosa, la patronne, qui souhaitait me parler. M'attendant à ce qu'elle me réprimande pour cet acte irréfléchis et imprévisible, je baissai la tête. "- Oh, Emily! C'était formidable, vraiment!! Il y a bien longtemps que je n'avais pas été témoin d'une telle scène d’allégresse commune! Tout le monde reprenait le refrain de a chanson! Elle était très entraînante! Et par les temps qui courent, elle réchauffe le cœur!"Je restais perplexe alors que ses mains avait déjà attrapées les miennes et qu'elle les secouait presque. C'était perturbant. Il y a moins de 24 heures, je me prenais une balle dans la tête, et maintenant, je venais de me prendre pour une diva. Mes soirées se jouaient à la roulette russe. "Je me demandais... Est ce que tu accepterais de récidiver une telle performance pour le semaine prochaine?""Je... je ne sais pas, balbutiais-je en rassemblant mes partitions, sans vous mentir, ce soir c'était un petit peu impulsif, à vrai dire..."Je t'en prie! En plus, je ne sais pas si tu es au courant, mais jeudi prochain, une grande partie des équipier de Scotland Yard a décidé de privatiser ce bar pour un événement spécial - mais je ne peux pas encore en dire plus, c'est un véritable secret d'état, ahah! Mais je suis certaine qu'ils apprécieraient cette chanson! Nous pourrions faire venir un orchestre plus conséquent, et bien entendu, tu serais d'avantage payée...!"Tous s'embrouillait dans ma tête. C'est comme si je venais de recevoir une décharge électrique. Du succès aussi brutal que dangereux, de l'argent, Scotland Yard... Tout cela était bien trop confus pour moi. Surtout que l'alcool commençait un peu plus à me taper dans le crâne à chaque minute. Rangeant maladroitement mes affaires je déclarais, peu sure de moi : "J'ai... J'ai beaucoup aimé, ce soir. Mais honnêtement, pour la semaine prochaine et les policiers, je ne sais pas trop. Il faut vraiment que j'y réfléchisse... Je vous tiendrais au courant lorsque j'aurais pris ma décision."D'accord! mais ne tarde tout de même pas trop, sinon, nous serons bien obligés de trouver quelqu'un d'autre pour cette soirée!..."Ce fut les derniers mots que j'entendis avant de prendre la fuite, sans oublier mes gages, en empruntant une porte dérobée qui menaient vers une petite rue discrète, à l'arrière du bar. Lorsque j'arrivais dans mon appartement, mon premier réflexe fut de prendre la balle qui trônait fièrement sur mon étagère avant de la jeter par la fenêtre, sans hésiter. Elle sembla tomber pendant un long moment, émettant presque un son cristallin le temps de sa chute. Tellement de choses étaient remises en question à présent. J'avais mal à la tête, et des vertiges liés à la boisson me forcèrent à m'allonger sur mon canapé. Finalement, je ne pu résister trop longtemps, et je fermai les yeux, avant de plonger dans un sommeil empli de rêves. Un sommeil que je n'avais plus connu depuis longtemps.
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| | | Emily Admin
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| Sujet: Re: Ecrits d'Emily Sam 31 Mar - 23:29 | |
| - Emily II (4):
(note de l'auteur : je décale finalement l’événement dans le bar avec les policiers de Scotland Yard à plus tard, afin de pouvoir consacrer cet épisode à un autre événement très complet ! Merci de votre compréhension ^___^)
Je n'avais pensé qu'à cet enfant mort toute cette dernière semaine. De l'aube assassine avec ses rayons de feu, jusqu'au crépuscule emplit de mélancolie. J'avais été hantée par ce petit visage rempli de tâches de rousseurs. Je ne le connaissais pas, mais je savais qu'il était mort. J'avais essayé de le sauver, et j'avais échoué. Cet enfant avait été tué pour une broutille. Je l'imaginais tremblotant, piégé par le même canon que celui auquel j'avais dû faire face. Regardant les yeux vides et verts de l'homme qui le tenait à sa merci. Le bruit de la détonation. Le choc et la douleur de l'impact pendant un quart de seconde. Et le néant. Pour lui, pas de nouveau réveil dans ce monde. C'était injuste.
Mais j'étais maintenant prête à obtenir ma vengeance.
J'étais devant l'un des grands hangars du dépôt de la gare du nord de Londres, là où avait eu lieu l'incident la première fois. Il devait être à peu près six heure du matin, et nous étions un dimanche. Je savais que les ouvriers n'allaient pas venir pointer leur nez ici, et qu'ainsi personne ne viendrait interférer dans mon règlement de compte. Je faisais craquer mes articulations en attendant que ma transformation diurne opère. Je vérifiais ainsi une dernière fois les coutures de mon nouveau costume. Sans me vanter, j'avais fabriqué une pièce d'art. J'avais souhaité me créer la tenue parfaite pour mener à bien cette vengeance. J'avais passé chaque journée enfermée dans mon antre à la concevoir. Chaque centimètre carré de ma peau, de la base de ma mâchoire à la pointe de mes orteils était recouvert de tissus. Chaque articulation fragile, susceptible de se décrocher lors d'un mouvement un peu trop brusque était recouverte d'une armature de cuir, elle-même sagement reliée au reste de mes articulations. Cette précaution avait pour but de créer une sorte d'exo-squelette qui s'assurerait de maintenir convenablement en place chaque partie de mon corps en cas de combat, afin de ne pas souffrir d'un démembrement impromptu. Concernant mon visage, j'avais eu la chance de me dégoter dans la semaine un casque ancien chez un antiquaire. Il datait très certainement de l'époque des chevaliers. Il ne disposait que de deux petites fentes pour permettre à mes yeux d'observer les alentours, mais cela me suffisait amplement. De l'extérieur, personne ne pouvait déceler mon regard, et c'était parfait ainsi. J'avais également camouflé un poignard long d'une dizaine de centimètre sur le côté de l'une de mes bottes.
Si j'avais passé mes journées à constituer ma nouvelle apparence de guerrière, j'avais en revanche passé mes nuits à traquer mes premières victimes. J'avais su jouer habilement des paupières au près des travailleurs de l'usine ferroviaire pour leur extorquer des informations au près des suspects que je recherchais. En particulier cet homme aux cheveux noirs de geai, et aux yeux verts perçant. Je m'étais également entraînée à gravir certains petits toits des hangars, afin d'observer et de guetter mes proies avec la plus grandes des discrétions. Et après avoir enfin surpris une miraculeuse discussion à la volée, je savais où et quand le cueillir. J'avais appris que ma première proie se nommait Jededhia Waffer, et qu'il était officiellement un inspecteur des travaux sur l'un des chantiers de travail. Mais certains de ses employés étaient persuadés qu'il trempait dans des affaires plus louches que cela.
Le soleil fit enfin apparaître ses premiers rayons, et ma vague d'insensibilité habituelle me parcourra aussitôt. Une fois que je fut certaine d'être redevenue totalement invulnérable, je poussais la porte de ce fameux hangar. Au fond de ce dernier, j'étais certaine de retrouver mon bourreau, qui était également celui d'une autre personne, et peut être de bien plus d'innocents encore. Alors que j'avançais, je commençais à discerner deux voix discutant entre elles. L'une était calme et posée, tandis que la seconde paraissait plus instable, et plus faible.
- ... bien planifié, calibré, et il faudra que nous soyons sur de l'efficacité de l'Obscur pour cette partie là. Le boss lui fait confiance, mais je n'ai jamais cessé de le trouver trop imprévisible.
- C'est vrai que c'est foutrement bizarre qu'un type comme lui se soit intégré à l'organisation!
- Crois-moi, de mon temps, ce n'était pas ainsi que ça se passait. Le nouveau Capo est malheureusement bien plus laxiste que son paternel.
J'étais arrivée au détour d'une pile de conteneurs soigneusement rangés. Je pouvais observer les deux hommes de dos, penchés sur un bureau recouvert de paperasses ressemblant à des listes et des plans de la ville. Décidée à faire une forte impression dès le début, je me plaçais simplement droite dans l'allée du hangar sans faire le moindre bruit. Et puis je commençai à avancer. Il me fallut tout de même faire un dizaine de pas avant qu'ils prennent conscience de ma présence. L'homme le plus frêle se retourna en premier. Il était blond, et avait un petit visage acéré rappelant les traits des fouines. Il semblait fatigué, mais saisi tout de même son arme avec énergie, me braquant avec. Lorsque l'autre homme se retourna, je le reconnu immédiatement. Il s'agissait de Jededhia. Il garda une expression complètement neutre en m'apercevant.
- Eh... Qui t'es toi! Qu'est ce que tu fous là??! M'interpella l'homme frêle et armé.
En guise de réponse, je repris mon avancée vers eux, avec une fermeté et une détermination guidées par la colère et la jubilation. Son collègue ne bougea pas d'un pouce mais de la curiosité pouvait à présent se lire sur son visage. Juste de la curiosité.
- Crible moi ça de balles, lâcha-t-il implaccablement.
Les tirs fusèrent soudainement. Certains atteignaient ma tête et ricochaient donc sur mon casque, mais d'autres étaient plutôt dirigés sur mon torse et mes membres. J'entendais et "sentais" chaque impact de métal pénétrer mes chairs mortes, mais n'en ressentais aucune douleur. J'essayais de compter et mémoriser toutes ses blessures potentielles, pour être certaine de n'en oublier aucune avant le crépuscule. Tout cela me faisait à peine vaciller, et je continuais de me déplacer vers les deux hommes piégés dans leur hangars. Leur acharnement me faisait presque sourire. En vérité, j'étouffais même quelques éclats de rire. Non pas par volonté d'effrayer mes adversaires ou de me sentir supérieure à eux, mais véritablement parce que je trouvais cette situation trop facile pour moi! Je me prenais au jeu d'essayer d'éviter les tirs, même si je n'étais pas toujours assez rapide. Mais au moins, je n'avais aucune pression! A un moment, une balle me heurta enfin en plein dans le plexus solaire. L'impact du choc m'obligea à tomber en arrière, et je me retrouvai ainsi à terre, indifférente à la douleur et aux conséquences létales que cela aurait infligé à n'importe quel être humain. Ma chute sembla rassurer mes ennemis, qui cessèrent de tirer. Après avoir hésité quelques secondes, ils se décidèrent enfin à avancer à petits pas. J'aillais enfin pouvoir m'amuser d'avantage.
- Ce... C'était quoi ça?! Demanda le blond nerveux.
- Aucune idée.
- Non, mais attends!! Tu as compté le nombre de balles qu'il m'a fallu avant de le mettre à terre? Je lui en ai mis au moins deux dans les jambes et trois dans le ventre avant qu'il tombe! J'ai vu les impacts!! A Brigthon, j'ai entendu des histoires de colosses qui étaient parvenus à rester debout avec trois morceaux de ferraille dans le corps! Et encore, les mecs titubaient un minimum. Et regarde moi le gabarit de celui-ci... C'est impossible! Ce truc... C'est pas humain.
- Détends-toi, Willy. Il y a toujours une explication rationnelle. Il n'est pas rare que, par les temps qui courent, l'on croise des assassins ou des hommes de main qui commencent à se balader avec des équipements à la pointe d'une technologie inconnue du grand public. La science fait de plus en plus de progrès au cours de ce siècle, et les découvertes les plus extraordinaires demeurent souvent les secrets de leurs créateurs - jusqu'à ce qu'un riche opportuniste se l'approprie pour obtenir, un court instant, une longueur d'avance en conservant le monopole de ce pouvoir! C'est la course à quel camp dégotera en premier l'arme la plus puissante. Et avec cette revanche que la Famiglia prépare, ce petit jeu est loin d'être fini. La guerre se prépare.
Toujours immobile, je les écoutais d'une oreille attentive. Une guerre, des camps, des armes, des armées. La "Famiglia"... Pourquoi est ce que ce nom m'était atrocement familier? Je cherchais les informations dans tous les recoins de ma mémoire! Cela se précisait! Je me souvenais avoir décelé se terme dans les coupures de presse que je conservais au sujet des prouesses professionnelles de Full! Il s'agissait de l'une des plus grandes organisations criminelles de Londres, et l'inspecteur avait réussi à les mettre sérieusement à genoux en emprisonnant la plupart de leurs membres il y a quelques mois. Je notais ces nouvelles informations précieuses dans un coin de mon fameux palais de mémoire.
Les deux hommes s'agenouillèrent à côté de moi. Le nerveux et dénommé Willy avait posé son arme à coté de mon épaule gauche. Je me demandais si elle était encore chargée. Avec la quantité de balles qu'il m'avait tiré dessus, la probabilité était faible, et je ne me souvenais pas l'avoir vu recharger son arme.
- Tu crois que ça pourrait être... Une de ces machines ultra perfectionnée, tu sais, là... Un automate?
- Cela m'étonnerait, ses mouvements étaient bien trop fluides. Non, je pense plutôt à une sorte de combinaison de soie, aux fibres très sophistiquées, qui serait capable de ralentir les balles! J'ai entendu dire que de telles inventions venaient des marchés des industriels américains, ils auraient ainsi déjà commencé à fuiter jusqu'ici?... Par Balthazar, ramener un tel prototype aux patrons me couvrirait d'honneur.
Je n'avais pas eu le temps de déceler l'avidité dans son regard avant de remarquer que l'une de ses mains était déjà sur mon ventre, décidé à découvrir ce que dissimulait mes vêtements de cuir et de tissus. Mais je ne lui en laissais pas le temps. D'un rapide mouvement, je me redressais, lui envoyant mon poing dans la figure! Puis j'attrapais le flingue de son acolyte, visant ce dernier pour lui faire comprendre de ne pas intervenir. De ma main libre - la droite -, je saisissais ma dague, puis encerclais avec le cou du leader. J'affirmais curieusement ma toute puissance par une lame sous la gorge, et une détente à demi pressée. Même si le quarantenaire gardait une grande dignité sous mon emprise, ne semblant même pas vouloir se débattre, le blondinet blafard, lui, était à la limite de se prosterner devant moi.
- AAaah! Je t'en prie, ne tire pas!! Pitié!
- C'est ce que t'avait dit le garçon l'autre soir, déclarais-je en remuant légèrement la tête et en détendant mon bras, avant que tu ne le tues?
Je fut légèrement surprise, car c'est la première fois que je m'entendis parler sous ce casque. Ma voix sonna de manière métallique, presque artificielle. On aurait dit les voix de ces partitions métalliques que fixaient parfois les fabriquant de poupées à l'arrière de leurs jouets. Cela rajoutait un côté parfaitement étrange et inquiétant à mon personnage.
- Quel garçon??! Mais de quoi tu parles??... Qu'est ce que j'ai fait!!?
- Willy, ferme la.
J'avais instantanément pensé à resserrer mon bras sur ma proie pour le faire taire, et ne pas le laisser s'emballer. Je n'avais pas envie que la situation devienne énergique. J'avais besoin d'explication, et surtout, j'avais besoin de faire peur, pour dissuader à jamais ces deux abrutis de refaire du mal. Mais l'homme ne montrait aucun signe de tension ou d'énervement. Même le couteau sous la gorge, il semblait calme, et donnait l'impression de maîtriser totalement la situation. Il semblait vouloir continuer à s'exprimer.
- Ecoute-moi, toi, le malin qui a réussi à nous affronter. Si tu commençais à nous faire part de tes revendications de manière plus claire, plutôt que de terroriser mon acolyte jusqu'à ce qu'il se pisse dessus?
Je levais un sourcil derrière mon casque, contrariée. De par son ton condescendant, je comprenais que s'il me respectait, c'était uniquement grâce à la lame qui chatouillait sa carotide. Autrement, il ne semblait pas accorder plus de crédit que cela à mon intervention. Il avait même l'air blasé! Alors soit ce type était tout bonnement impossible à impressionner, soit j'étais encore loin d'inspirer une image de vengeance divine et implacable. Mais bon, je suppose que cette partie là du costume était surtout taillée par la réputation! Avec le ton le plus féroce que je pouvais imposer, je déclarais :
- Je suis simplement ici pour vous faire payer vos actes. Pour l'assassinat froid et cruel d'un jeune garçon et une jeune femme, accusés du simple crime d'avoir été des témoins gênants pour votre business. J'estime que vos deux vies seront une monnaie acceptable pour payer vos dettes!!
En entendant ces mots, Willy hurla de désespoir, redoublant de sanglots. Mon otage, cependant, ne bougea pas d'un pouce.
- Et... C'est tout? Non, parce que, soyons sérieux : si tu voulais nous massacrer, tu l'aurais fait extrêmement facilement dans la minute où tu as débarqué ici.
- Je voulais être sure que vous sachiez pourquoi je suis venue à vous! Et que vous puissiez constater à quel point votre destin ne dépend ce soir que de ma merci. Vos balles étaient mignonnes, mais cela ne suffit malheureusement plus pour entraver ma détermination. Messieurs, c'est l'heure de vous repentir, je vous écoute.
Je sentais que la jubilation de la victoire me montais brutalement à la tête, je ne pouvais m'empêcher de sourire de revanche derrière mon casque. C'est comme si je prenais soudainement conscience de mon potentiel incroyable! Je n'étais pas simplement à être spectatrice du théâtre des autres. Je pouvais devenir une actrice de cette vie. Une figure implacable, principale! Et se retrouver de ce côté de la lame était décidément grisant.
- La seule chose que je vais te dire, c'est que tu perds ton temps à jouer à la marionnette revancharde. Crois-moi, Londres a déjà bien assez à faire avec les cavaliers solitaires qui se prennent pour les chérifs de cette ville. Et jouer au héros, ça leur réussi rarement. Et quand bien même tu réussirais à t'en sortir grâce à ta résistance exceptionnelle, qu'est ce que cela t'apporterait de devenir une pale copie de Full?
- Comment...?!
Son discours, en particulier la dernière ligne, m'avait déstabilisée et il l'avait immédiatement ressentis. J'avais à peine eu le temps d'ouvrir la bouche que ma dague avait quitté ma main pour se retrouver entre ses doigts. Un coup de coude me fut donné entre les côtes, et d'un mouvement sec, je me retrouvais soudain sur les rotules, maintenue par une clé de bras qui était censée immobiliser mon épaule gauche. Le pistolet, lui, avait volé derrière les montagnes de caisses du hangars et était à présent difficilement récupérable. Je m'étais laissée avoir de manière grossière. J'avais baissé la garde à la première contrariété, et cela avait donc été pour lui un jeu d'enfant de se tirer d'affaire. Je devrais sincèrement travailler sur la conservation de mon sang-froid. On ne m'y reprendra pas à deux fois! J'aperçu Willy filer rapidement et tremblant du hangar, après que son mentor lui en ait donné l'ordre. Nous nous retrouvions donc tous les deux. Pendant que je fixais le sol en essayant de me calmer, je l'écoutais déclarer d'une voix ferme, mais posée :
- Je suis Jededhia. Et même si ton intention est noble, je pense tu as eu complètement tort de venir chercher une vengeance au près de l'un des mercenaires les plus dangereux de Londres.
Je plissais les yeux derrière les parois du métal, attentive à ses paroles.
- Crois moi, j'ai une expérience démesurée dans le domaine du crime, et en particulier dans tout ce qui concerne les exécutions de sang froid. Je travaille pour la mort, et je suis toujours en quête des moyens les plus efficaces pour la donner. Je suis un tueur, et je sais reconnaître dès le premier coup d’œil ceux qui sont de ma trempe, et ce même sans voir la lueur dans leur yeux. Ta simple attitude corporelle m'a fait comprendre que tu n'avais jamais buté quiconque, et que tu n'étais pas prêt à franchir le pas aujourd'hui.
Je me sentais un peu prise au piège par ses déclarations qui s'avéraient malheureusement justes. Éprise d'une irrésistible envie de me dégager de cette situation, je déboîtais finalement mon humérus de mon épaule afin que son emprise n'ai plus aucun effet sur moi. Constatant le craquement de mes membres et leur souplesse irréelle, il ne put réprimer un mouvement de recul, tandis que je roulais rapidement à plusieurs mètre de lui, avant de me relever et de lui faire face. Même avec une, voire deux armes, je ne faisais nullement le poids contre lui au corps à corps, alors autant ne plus le laisser s'approcher. J'allais bientôt arriver à court de bottes secrètes.
- ... Je ne sais pas encore comment tu as réussi à faire cela, ni comment tu as pu bloquer et esquiver toutes ces balles. Mais une chose est certaine. C'est que Marco te payerait très cher pour que tu sois à son service.
Je penchais la tête sur le côté, interpellée. Cet homme travaillait donc encore pour Marco, le chef actuel de cette fameuse Famiglia. Malgré le fait que son organisation avait pris un sacré coup dans les poumons après l'intervention de Full, ses membres semblaient s'en remettre petit à petit. La preuve étaient que de nouveau des attentats et des assassinats étaient préparés sous ses ordres. Je décidais néanmoins de jouer un peu les naïves, et demandais métalliquement en penchant la tête sur le côté :
- Marco? C'est ton employeur?
- C'est un homme très puissant, et c'est pour lui que je travaille, en effet. Il est à la tête d'une organisation qui tire encore beaucoup de ficelles dans cette ville. Nous sommes toujours nombreux, même si à présent, nous faisons de notre mieux pour œuvrer dans les ombres...
- Et bien, merci du tuyau, mon grand, déclarai-je en essayant de me reconcentrer pour retrouver un semblant de contenance et de maîtrise de la situation, Et dis moi, cela ne te fait pas peur de révéler tout cela à quelqu'un qui est insensible au plomb de ton pistolet?
- Je te retourne la question à toi, curieuse anomalie. Je suis à peu près au courant de tout ce qui se passe dans cette ville depuis que j'y ai fait mes premiers pas en tant qu'ingénieur, dans mes jeunes années. Comment se fait-il que je n'ai jamais entendu parler d'un individu casqué aux propriétés sur-humaines avant ce soir? Pourquoi la suppression de deux civils ordinaires t'aurait-elle débusqué du trou dans le lequel tu te terrais? Il s'agissait de proches à toi?
Je serrai les poings. Je ne comprenais pas comment mes actes pouvaient être considérés autrement que purement légitimes. Un enfant s'était fait tuer pour le simple fait de s'être retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment! Et je m'étais également prise une balle dans la tête pour cela! Mais je comprenais également qu'il n'avait pas du tout peur de moi, et que si ma mise en scène et mon invulnérabilité avait réussi à faire trembler son acolyte, cela n'avait pas du tout eu l'effet escompté sur ce fameux Jededhia. Et cela venait de mettre en péril tout mon plan périlleux pour empêcher ce monstre de sévir à nouveau. Il ne semblait respecter que la mort.
- Il n'y a guère besoin d'attendre que ce soient nos proches qui périssent pour combattre l'injustice.
Mon interlocuteur croisa les bras, l'air presque légèrement amusé sous son masque de sérieux et de froideur.
- Ben voyons, un idéaliste!... Ton aveuglement justicier est navrant, bien que finalement bienvenu. J'ai en effet bien de la chance que mes actes t'aient poussé à venir à moi, et je ne les renierai pas, malheureusement pour toi. Mais si tu penses sincèrement que je mérite le trépas aujourd'hui à cause de toutes les atrocités que j'ai pu commettre, je t'en prie. La mort est une vieille amie, et je suis prêt à l'accueillir dans mes bras.
Et sur ces mots, avec furtivité imprévisible, il lança son poignard sur moi de toute ses forces. Je n'eu même pas le temps d'esquisser un mouvement de recul. En même temps, je n'en avais pas besoin. La lame se ficha en plein dans ma poitrine, à l'endroit exact où était sensé se trouver mon cœur palpitant. Je me sentais méprisée et piégée. Cet homme exigeait de moi que j'essaye réellement de le tuer. Ce n'était pas ce que j'avais prévu. Je voulais corriger les criminels, leur faire payer pour les vies qu'ils détruisaient. Mais je ne voulais pas pour autant m'abaisser à leur niveau. Je ne bougeais plus pendant quelques instants, fixée sur la dague à moitié plantée sur mon torse.
- Tu n'en es pas capable? Allons donc. Tu n'as qu'à te dire qu'en me supprimant, tu sauves potentiellement les vies d'une dizaine de gamins qui jouent aux aventuriers un peu trop loin de leur maison. Tu n'étais pas venu là pour te venger, au départ? Montre-toi un peu plus féroce et déterminé, s'il te plait.
Je bouillonnais intérieurement devant ce piège grossier. Les provocations étaient ma plus grande faiblesse, je pouvais l'admettre. Ses mots firent renaître en moi les images du visage apeuré du garçon, de sa jeunesse si insouciante, et l'idée de sa mort brutale causée par cet individu froid et insensible me mettait hors de moi. Lentement, je relevai la tête. Tout en le fixant de mon casque inexpressif, j'enfonçais la lame du poignard dans ma cage thoracique jusqu'à sa garde. Je voulais lui montrer que contrairement à lui, j'étais réellement invulnérable à toutes ses armes, et que rien je serais la seule à décider si je m'arrêterais ou non.
Je fis un pas vers Jededhia, puis un autre. Et soudainement, lorsque je ne fut plus qu'à un mètre de lui, je dégainai mon arme de ma poitrine et me lançai à l’assaut. Malheureusement, comme je l'avais prévu, il était infiniment plus fort et plus rapide que moi! Mes attaques furent toutes bloquées, détournées, et il semblait plus danser avec ma lame que réellement mener un combat. Je continuais à m'acharner, persuadée que ma vitesse et mon rythme constant viendrais à bout de son énergie. Contrairement à moi, il finirait bien par ressentir de la fatigue! Soudain, alors que je m'efforçais de maintenir une fréquence d'attaque trop rapide pour pouvoir tenter une percée, je sentis mes jambes s'emmêler et mon équilibre basculer. Il venait de me faire un croche-pied! Ce moment de panique permit à mon adversaire de m'envoyer au sol d'un formidable coup de poing sur mon casque. Je ne sentis aucune douleur, juste une sensation de choc causée par le sentiment de désorientation brutal. J'étais à nouveau désarmée. Mon couteau avait volé je ne sais où, et je ne voyais presque plus rien puisque mon visage était rivé contre le sol du hangar. Mais alors que j'essayais de me relever, je sentis une forte pression maintenir ma tête au sol. Jededhia venait de poser un pied sur mon casque, m'empêchant de me redresser.
- C'est intéressant. A quoi bon s'acharner avec tant de hargne pour sauver quelques vies insignifiantes, dis moi? De plus, ta façon de combattre est absolument chaotique. J'en déduis que la colère et l'entêtement ont été tes seuls professeurs. Quel gâchis... Avec ton mystérieux atout, pour l'instant unique, tu as le potentiel de devenir une pure machine de guerre. Un soldat instoppable qu'aucune arme ne peut blesser.
J'enrageais avec violence pendant ces quelques secondes, redoublant d'effort pour essayer de me dégager de son pied. Il avait réussi à me donner pour de bon l'envie de le massacrer! Je ne pouvais pas désolidariser ma tête et mon cou du reste de mon corps, à l'instar de mes membres osseux qui restaient confinés dans l'armure que je m'étais créée.
- Mais il me reste une dernière chose à vérifier...
Je le sentis se déplacer avec une rapidité hallucinante. En moins d'une seconde, il se retrouva derrière ma nuque, les deux mains de chaque côté de mon casque. J'eu à peine le temps de m'inquiéter du fait de voir mon identité démasquée que je sentis ma tête être violemment tournée dans un angle inhabituel. Au craquement prononcé de mes vertèbres, je comprenais que Jededhia venait de me briser le cou.
Je me laissai brusquement tomber sur le côté, comme inanimée. C'était mon ultime chance de faire croire à cet homme que je n'étais pas totalement invulnérable, et d'ainsi conserver un dernier atout. J'espérai qu'il serait dupe. Après tout, il aurait raison de rester sur ses gardes face à un nouveau phénomène totalement inconnu.
L'homme à la solde de Marco se releva à son tour, et je l'entendis faire les cent pas pendant un instant. Il allait et venait dans mon dos, semblant considérer une nouvelle approche avec la plus grande prudence. Il gardait en mémoire la façon dont je l'avais pris par surprise la première fois qu'il m'avait mis à terre. Je sentis à nouveau son pied heurter mon dos.
- C'est inutile de faire semblant d'être abattu, je pense que tes cervicales sont au moins aussi souples que tes épaules, grâce à ton secret. Lorsque l'on se fabrique une telle armure et que l'on arrive à protéger n'importe quelle zone de son corps, ce serait idiot d'en négliger la partie la plus vulnérable!
Je ne bougeais pas d'un pouce.
- Tu sais, à l'origine, je n'ai pas voulu être un mercenaire qui vole les vies des honnêtes gens. J'étais un homme de science, un inventeur. Je voulais d'ailleurs être le meilleur d'entre-eux! Mais la concurrence étant rude, j'ai eu du mal à me faire une place parmi tous les ingénieurs de mon école. Je suis donc arrivé à Londres avec un diplôme médiocre, pour un boulot médiocre dans une usine d'armement. Mais c'est pourtant dans ce petit bureau qui sentait le souffre et la poudre à canon que j'ai eu ma révélation. J'étais un génie pour créer des objets de mort.
Je ne bougeais pas d'avantage, j'étais un cadavre plus vrai que nature.
- Alors? Soie d'araignée? Cuivre fondu et tissé en lien microscopique? Si tu étais d'accord pour intégrer nos rangs, tu pourrais faire de notre organisation la plus puissante de l'Europe, voire du monde. Et je ne parle même pas des richesses que tu pourrais amasser. Marco est généreux avec ses membres les plus précieux. Ils nous traite bien bien, et en retour, nous lui sommes d'une loyauté à toute épreuve. C'est pour lui que j'ai dû froidement assassiner cette jeune femme, et ce très jeune garçon. Je n'aurais jamais aucune honte à l'avouer, ni aucune culpabilité.
L'enflure. Une nouvelle fois, je de vais me faire violence pour ne pas me lever et lui bondir dessus. Finalement, je finis par l'entendre s'agenouiller à mes côtés. Il prit tout de même la précaution de me maintenir fermement la tête et un bras, craignant peut être toujours une attaque surprise. Puis je sentis deux de ses doigts se poser sur mon cou, à l'endroit où était normalement sensé pulser ma jugulaire.
- Merde. Je t'ai surestimé. Quelle déception.
Il retourna mon corps sur le dos et entreprit de défaire les premières boucles de mon armures qui se situaient au niveau de mes clavicules. Puisque ma tête était à présent redressée, je pouvais avoir une meilleure vision, et ainsi discerner totalement mon assaillant. Il était penché sur moi, et je remarquait à sa ceinture mon poignard, qu'il était allé ramassé à quelques pas. J'allais devoir essayer de l'atteindre.
- Mais bon, vivant ou mort, peu importe. Tout ce qui compte, c'est ce bond incroyable dans l'industrie de l'armement que tu vient de m'offrir sur un plateau.
Curieusement, je sentis déjà ses doigts se crisper de surprise lorsqu'il se rendit compte que mon "armure" était bien plus légère qu'il ne le pensait. J'eu même l'impression qu'il aperçu un fragment de ma chair bleuté, voire un bout d'os. Je l'entendis haleter. Je profitai alors de sa sensation de choc pour attraper mon poignard et tracer une ligne d'acier vers le ciel, lui entaillant méchamment la joue. Je me faufilais le plus rapidement possible hors de sa portée, le sourire aux lèvres dissimulé derrière mon casque. Ses mains plaquées sur son visage qui suintait le sang, Jededhia balbutiait :
- M-mais qu... Comment est-ce possible??... Tu étais...
- J'étais morte? C'est vrai. Mais tu l'as dit toi même. Vivant ou mort, peu importe.
Et sans attendre qu'il reprenne ses esprits, je me dirigeais vers le tas de conteneur que j'escaladais vivement, afin d'atteindre une petite lucarne que j'avais repéré. Il me paraissait plus prudent de sortir par ici. J'ignorais ce qui m'atteindrait à l'extérieur.
Ce combat avec Jededhia m'avait au moins enseigné une leçon importante. Je ne servirais pas à grand chose tant que je serai uniquement capable d'encaisser les coups à l'infini. Je devrais aussi apprendre à les rendre, proprement et correctement.
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| | | Emily Admin
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| Sujet: Re: Ecrits d'Emily Mer 5 Déc - 23:57 | |
| - Emily II (5.1):
Le parlement était tombé cet après-midi. Cela fait près d'une semaine que les choses avaient dégénéré. Au début, nous ne nous sommes pas tant inquiétés que cela, et nos politiciens, les premiers, ont tentés de garder la face pendant plusieurs jours, prétendant que la situation demeurait sous contrôle. Mais la vérité était qu'ils étaient totalement dépassés par les événements, au même titre que nous, simples citoyens. Il y avait d'abord eu les mouvements de foules et les émeutes, amenant à la condamnations de nombreux quartiers quasi-périphériques de Londres, rendant les allées et venues hors de la ville de plus en plus compliqués. Un peu comme si cette dernière était en train de se transformer en souricière gigantesque. Du moins, c'est ce que je supposais lorsque j'entendais les badauds parler de potentiels barrages aux portes de la cité. Mais je ne pouvais pas en être sure, je n'étais pas encore allé vérifier par moi même. Très vite après était survenus les attentats. Un par jour, minimum. Cela avait eu pour résultat de rendre les rues quasiment désertes, de jour comme de nuit. Personne n'osant plus sortir le bout de son nez hors de la sécurité de sa bâtisse, se demandant avec angoisse où allait avoir lieu la prochaine explosion. Les premiers lieux visés furent bien entendu les institutions publiques comme les hôpitaux ou les chambres de commerce, mais aussi les prisons. Des gangs entiers de criminels furent brusquement relâchés dans la nature, et ont fait de certains quartiers leur terrain de jeu de prédilection! Je suis sortie la première nuit. J'ai vu une bande de psychopathes s'amuser à torturer un jeune bourgeois en lui arrachant les dents une par une. Je n'ai rien pu faire. Je me suis promis que ce serait la dernière fois que je sortait de mon abris sans arme, et le lendemain, je m'achetais mon premier pistolet. Ma dague également ne quittait jamais ma ceinture, ce qui me rassurais grandement. Puisque la nuit m'était désormais plus difficilement accessible, j'avais commencé à m'aventurer dans les rues de jours, ne serait-ce que pour me renseigner et constater l'étendu des dégâts. Et rester cloîtrée dans ma tour sans comprendre ce qu'il se passait me rendait folle. Curieusement, ce fut plus facile que prévu! Les passants avaient fuit les trottoirs et seuls quelques commerçants osaient encore se rendre dans leur échoppe, espérant naïvement continuer à gagner leur pain avec leur commerce. Il ne restait sur les places des villes que les marginaux ou les sans-abris, parmi lesquels je me fondait très bien avec ma longue cape, ma capuche enveloppant mes cheveux et un foulard dissimulant le bas de mon visage. Je voulais savoir où était la police, je voulais voir ce que fichait Scotland Yard dans tout ce bazar, je voulais trouver le front sur lequel opérait Full! Plus j'arpentais les rue, plus je sentais le sentiment de révolte m'envahir. De nombreuses ruelles étaient défigurées, méconnaissables. Les pavés avaient été arrachés pour être projetés sur les vitrines de nombreux magasins qui avaient ensuite été pillés! Idem pour les immeubles de la zone, certaines familles avaient du tout perdre! Le Duke of Wellington avait subit le même sort, et ses propriétaires étaient introuvables. Je dû faire volte face une centaine de mètres avant d'arriver à ma destination, une barricade se dressant devant mes yeux étonnés. Le quartier de Scotland Yard semblait s'être entièrement verrouillé sur lui même. Londres ressemblait plus à un champs de bataille qu'a la glorieuse cité que j'avais connu. C'est comme si les enfers que j'avais pu quitter étaient revenus se former sous mes pieds, prêts à m'engloutir de nouveau. Bien heureusement, mon nid se situait toujours dans une zone sure. Jusqu'à ce soir. *** Nous ne sommes que le sixième jour depuis la première explosion, et pourtant Londres semble déjà avoir sombrée dans une torpeur accoutumée à son nouveau rythme chaotique. Il a été donc tacitement convenu que quiconque souhaitait optimiser ses chances de survie devait à tout prix éviter de sortir et de s'exposer de jour comme de nuit, ce qui ne m'arrangeait guère. Mais en même temps, la survie n'est pas la première de mes préoccupation, quelle chance! Mais il était possible que la mort soit le sort le plus agréable réservé aux inconscients qui osaient mettre les pieds sur un terrain qui n'était pas le leur. J'ai passé une énième journée à rester prostrée entre mes murs, alternant entre les entrainement de piano et de tir. Sur ma porte, j'ai affiché le portrait d'un criminel notoire,dont Full m'avait compté de nombreuse fois l'histoire de son arrestation. Un as de l'illusion et des arts douteux. La signature qu'il arbore sur la joue est une cible parfaite vers laquelle les billes de plombs se rapprochent tous les jours un petit peu plus. En revanche, je reste médiocre au lancer de poignard, je pense que cela requiert une certaine souplesse du poignet que je ne parvient pas à délier. Et Moon n'a jamais voulu m'apprendre! Ce filou pour lui ses plus redoutables secrets, surement de peur que je le détrône un jour dans cette discipline. L'ambiance extérieure est de plus en plus menaçante, et je sens que le danger se rapproche de jour en jour. L'explosion de la chambre du parlement sonne comme la note finale d'une partition d'introduction à l'anarchie, la concrétisation de l'atrocité de la situation, et l'effondrement du dernier bouclier officiel de la paix. Le crépuscule tombe doucement sur la cité fumante de douleur. Mon coeur se serre dans un sentiment de lâcheté. Ce serait pourtant le moment de bondir hors de ses murs, courir sur le lieu de l'explosion, sauver les blessés, me battre contre les criminels!... Mais je garde un goût amer et inquiet de mon dernier combat contre le mercenaire Jededhia. J'ai beau être techniquement invincible, il m'avait maîtrisée sans peine et m'avais tuée une nouvelle fois. Je l'avais aidé, refusant de le mettre à mort en premier. Je m'étais toujours promis de ne jamais tuer mes ennemis, et de laisser la justice faire son oeuvre, refusant de me transformer en bourreau. Mais peut être que ces principes perdent tout leur sens, à présent. Si je frappe la première, j'aurais l'avantage à coup sur. La nuit a recouvert maintenant le paysage de ses bras de velours, et j'ai retrouvé ainsi ma sensibilité physique. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens plutôt fatiguée et affaiblie. L'angoisse a surement déjà attaqué mes organes et mon système nerveux à peine remis sur pied. Dépitée je m'affaisse sur mon canapé, redoutant le moment où aurait lieu la première explosion de la soirée. Sans m'en rendre compte, je sombre dans l'univers du sommeil et des songes. Mes voyages dans ses contrées sont devenus d'une rareté extrême, puisque je n'ai plus aucun besoin de sommeil dans mon corps de cadavre, et que je généralement en pleine forme lorsque je recouvre mes sens. C'est tellement exceptionnel que j'en suis perturbée, confondant les rêves et la réalité. Je vois Full, qui laisse sa place à Moon, qui laisse sa place à Walk, tandis que ce dernier m'offre une fleur avec un oeil en son centre. Je souris et le serre dans mes bras, avant que son image ne se déchire, mon rêve lacéré par des hurlements glaçants. Je me réveillée en sursaut, groggy, ressentant un malaise rappelant vaguement les effets de l'alcool, en plus léger. Les cris raisonnent de nouveau! Des intrus sont entrés dans l'immeuble! Des casseurs? Ou pire encore? En tout cas, mon quartier fait à présent partie des zones sensibles, c'est certains. Je respire avec saccade. Je suis au dernier étage, et pourtant, il me semble déjà entendre des bruits arriver jusqu'à mon pallier. J'ai à peine le temps de prendre mon pistolet, je peux déjà discerner très distinctement du bruit derrière ma porte criblée de balle. Je mets cette dernière en joue, vision familière. Un premier coup est donné sur la serrure. Je déglutis. Il vient pour moi. Ou "ils". Qui est là, qui m'a suivit, qui me connait?!! La question me brûle les lèvres, mais je refuse de la laisser s'échapper de ma gorge et raisonner comme une plainte de victime acculée. Un deuxième coup. Je recule. Je suis à présent au niveau de ma fenêtre, ouverte. Les voiles des rideaux sont balayés par le vent et viennent voler près de mes cheveux. Je prends de profondes inspirations, toujours en joue. Un troisième coup. Cette fois, je peux presque voir la porte bouger. Rapidement, je déplace mon canapé pour le transformer en barricade de fortune. Mon pistolet ne contient que six balles, mais je sais pertinemment qu'une fois ce stock écoulé, si mes ennemis sont nombreux, je n'aurais jamais le temps de recharger. Quatrième et ultime coup. La poignée de ma porte bondit de son gond pour rouler à l'autre bout de mon appartement. La porte s'ouvre, et j'ouvre un premier coup de feu sans même prendre le temps de viser. Ma balle s'encastre dans une sorte de grand bouclier de fer, presque de taille humaine, apparemment prévu pour prévenir de ce genre de riposte. Instinctivement, je m'abaisse derrière mon canapé, ne laissant que mes yeux dépasser afin de contempler mes adversaires. Je ne peux pas voir ce qu'il se cache derrière le rempart d'acier, mais les silhouettes que je distingue sur le côté, en renfort, sont déjà trop nombreuses. Je n'ai aucune chance. Et je ne peux risquer de perdre mes munitions. Le canon de leurs armes pointent déjà dans ma direction. Ont-ils pour but de m'abattre? Une voix s'élève de derrière le rempart : - Je peux te promettre que si tu résistes, tu vas vraiment le regretter. Donc non, c'est autre chose. Le plus calmement et discrètement possible, je range mon pistolet à ma ceinture. L'instinct de survie est plus fort que tout dans ce genre de situation, en général. Lentement, je me lève de derrière le canapé, les mains derrière le crâne, en signe de reddition évidente. Cela a l'air de calmer les armes derrière le bouclier, qui me visent moins précisément. Le bouclier se décale légèrement, et deux hommes massifs passent le pas de ma porte. C'est maintenant ou jamais. Je bondis sur ma droite! Il ne me faut qu'un seul pas pour rejoindre ma fenêtre, un second pour grimper sur le rebord, et c'est le grand saut. J'ai le temps de sentir tout le poids de mon corps, mais également d'avoir le réflexe de me pencher légèrement sur le côté afin d'esquisser un semblant de roulade en atterrissant sur les tuiles, trois ou quatre mètres plus bas. J'étouffe un hurlement lors du choc de l'impact, l'un de mes genoux ayant vraisemblablement buté contre quelque chose. Mais je me dépêche de me relever, j'aperçois mes bras en sang. Je relève la tête, l'un des hommes est penché à ma fenêtre. Sans doute ne prendra-t-il pas le même risque que moi, mais je l'entends distinctement crier à ses complices de descendre deux étages plus bas pour venir me chercher! Mes premiers pas sont boiteux, mais je me ressaisie rapidement et commence à courir sur les tuiles. Heureusement, je n'en suis pas à ma première course sur les toits. Walk est un excellent professeur de voltige pour les balades nocturnes à plusieurs mètres de hauteurs! Me remettant petit à petit de ma chute, je saute d'immeubles en immeubles, essayant de semer mes poursuivants qui s'avèrent tenaces. Notre cavale nous fait passer des bâtisses fortunées aux demeures plus modestes, arrivant bientôt vers une zones des plus touchées par les récentes explosions. Ici, les entrailles des bâtiments sont ouvertes au grand jour, offrant un dédale de pierres et de poussières dans lequel je m'engouffre rapidement. Je m'égare dans le bâtiment, me perds moi-même espérant devenir invisible et intraçable. Je ne fais même plus attention où je marche, ne pensant qu'à mettre de la distance entre ses hommes et moi. Soudain, mon pied se pose sur un endroit où le parquet a gravement été fragilisé par les dégats. Celui-ci s'effondre sans crier gare, m'emportant dans sa chute sans même me laisser le temps de crier. Miraculeusement, cette chute est de courte durée, et je m'en sors avec seulement de nouvelles égratignures à rajouter à ma récente collection. Je suis tombée sur un sorte d'amas de gravillons, débris collatéraux de l'effondrement d'un mur, sans doute. La pièce dans laquelle je me trouve à présent et sombre et semble déserte. Doucement, je me glisse en bas de cette petite colline de graviers, et entreprends de sortir le plus discrètement possible de cet immeuble dans lequel j'ai atterri. L'endroit et bel et bien vide, et mes pas raisonnent un peu dans ce qui semble être une ancienne auberge. J'arrive au rez-de-chaussé et commence à chercher une sortie, lorsque mon oeil est attiré vers une source de lumière. Derrière une petite porte, au fond de ce qui anciennement était certainement le sellier, se dégage une lumière douce et chaleureuse. Pourtant, il n'y a toujours aucun bruit. J'ouvre précautionneusement cette porte. Des lumières fixées au mur éclairent une petite route cachée entre les maisons. Cela fait un peu coupe gorge, mais au moins, c'est vide de brigands. Je m'avance doucement. L'air de la nuit s'engouffre dans le passage, jouant avec les mèches de mes cheveux. Je me sens un peu mieux que tout à l'heure, la tension redescend petit à petit. Ici, le calme règne. Mais depuis quelques jours, le silence n'a plus rien de rassurant. Prudemment, je continue mon avancée jusqu'à commencer à entendre à nouveau ce qui pourrait sonner comme le bruit de la vie. Des sons d'agitations, de discutions et de dialogues! Allais-je arriver dans une sorte d'endroit secret où la désolation silencieuse n'avait pas encore mis les pieds? J'arrive alors dans une ruelle à l'odeur nauséabonde, mais au bout de laquelle je peux apercevoir des lampions, et des sortes d'échoppes de marché! Enfin de retour à une civilisation normale!! Je me dirige vers la source de mon nouveau soulagement, avant que ma progression ne soit interrompue par quelque chose sur laquelle je trébuche! Quelque chose... Ou plutôt quelqu'un. Bon, autant être direct dans mon constat : un ancien quelqu'un. Je me relève en prenant soin d'examiner avec tristesse le macchabée. Il est plutôt frais, même si son état laisse à désirer. Je ne parviens pas pour autant à déterminer les cause de sa mort. De toute manière, je ne pense pas avoir vraiment envie de le savoir. Ce pauvre hère, un marinier plutôt haut gradé à en juger par son accoutrement, a surement été traîné dans ce recoin afin de le pas pourrir à la vue de tous, un choix que je ne contesterais pas. En revanche, son manteau me plait. Je suis sortie de chez moi un peu précipitamment, et je n'ai pas eu le temps de me couvrir assez pour affronter la fraîcheur de la nuit. Je sais que ce geste n'est pas très éthique, mais je suis fatiguée, et je viens d'en baver suffisamment pour m'offrir ce cadeau. Désolée mon grand, mais j'en ai plus besoin que toi, à présent. Je prends aussi son tricorne et son foulard pour le masquer en partie de visage, histoire de minimiser mes chances d'être repérée par mes poursuivants si je revenais à les croiser. Après avoir délesté le cadavre de ses attributs, je me dirige à présent vers l'agitation. Une fois sortie de la petite ruelle, je débouche sur une plus grande avenue fréquentée. L'éclairage est rougeatre et agressif. Le ciel est invisible car des toits de taules et de baches relient les maison entre elles, donnant à cette endroit une apparence de ville souterraine. Quelques stands se tiennent de chaque côtés des rues, proposant de la marchandise néanmoins... Particulière. Essence d'opium vendu en plein air, plantes aux vertus hallucinante, mais également service de mercenaire ou voyance sensée apporter de meilleure chance de survie. Ai-je débarqué dans une sorte de marché noir? Les passants présents dans cette allée n'ont rien à voir avec les londoniens avec lesquels j'avais l'habitude de cohabiter. Ou plutôt, ils n'ont plus rien à voir! La mine rivée sur les pavés, il avance en tremblotant, rivalisant entre eux de nervosité ou d'habilité à s'esquiver. C'est comme si ce quartier s'était transformé en White Chapel! Certains se ruent sur des stands qu'ils dévalisent avant de retourner se planquer dernière une porte ou dans un batiment pour ce que l'on laisse entrée. La rue est jonchée de journaux, toujours le même exemplaire apparemment, mais dont l'intitulé est "Le petit Ecorcheur". Curieux, je n'avais jamais entendu parlé d'un canard au nom si grotesque. Je continue de remonter l'allée. Les commerçants sont moins timides que leur clients. On m'alpague, me propose des produits qui à présent j'en suis sure, sont de contrebande. De la drogue pour oublier la tension ambiante, de l'alcool d'animal exotique pour sombrer dans l'extase. Je me fais même alpaguer par un maquereau qui a vu mes cheveux et n'a pas su se retenir. Je marque son visage pour plus tard, on ne sait jamais. Je reste perplexe. Je ne savais pas l'existence d'un tel quartier à cet endroit, auparavant. Je suppose qu'il a été érigé en vitesse, suite aux récents événements chaotiques. En l'absence de réaction directe des forces de l'ordre sur ce terrain, les citoyens se sont débrouillés comme ils le pouvaient et ont fait de ses ruines un bidonville malsain souillé de vices. Je fulmine, la fatigue prenant légèrement le dessus sur mes émotions. Mes membres me font mal, et j'attends le retour l'aube avec impatience pour sortir de ce cauchemar. J'aperçois à l'angle de l'allée une enseigne indiquant la présence d'une échoppe "Le Renard Noir". C'est un nom qui me parle! Je crois me souvenir que Rosa, la tenancière du Duke of Wellington, était un grande ami des patrons de cet établissement. Les amis de mes amis sont mes amis, surtout en ces temps troublés! Retrouver un environnement familier me rassure un peu, et je me dépêche donc de rejoindre l'établissement. A peine ai-je poussé la porte que je suis accueillie par le bruit d'un fusil que l'on recharge et que l'on braque sur moi. Derrière son comptoir, le tenancier me mets en joue avec un calme olympien. Les quelques clients présents autour des tables ne semblent d'ailleurs pas plus inquiets que cela, et sont plutôt rivés sur leurs bols de soupe ou sur les journeaux qu'ils feuillettent. L'homme armé demande d'un ton bourru, et presque las : - On ne veut pas des ivrognes douteux et des drogués ici, vous êtes prévenus! - Tous va bien, monsieur, je suis clean, c'est promis, déclarai-je en levant les mains au dessus de ma tête pour la seconde fois de la soirée. Le fait d'entendre ma voix et d'avoir la confirmation que je suis une - inoffensive - demoiselle semble le rassurer d'office. Il range donc son arme derrière le bar, non sans faire de remarque sur mon curieux accoutrement, que j'ignore avant d'aller me caler dans le fond de la salle, sur une table à moitié dans l'ombre. Pendant quelques minutes, j'observe la salle en silence. Une quinzaine d'individu la remplissent. Surement des habitués d'avant les incidents pour la plupart. Le lieu ne semble pas peuplé de personnages louches contrairement à l'extérieur. Pas étonnant si le patron filtre sa clientèle à la carabine de plomb. J'admire tout de même ce petit lieu, qui semble presque faire comme si de rien n'était malgré les chamboulements des derniers jours. Un petit oasis de paix qu'il fait bon de connaître. Au comptoir, deux hommes d'une quarantaines d'années semblent absorbés dans des discussions politiques tournant autours des attentats. Un groupe de femmes jouent aux cartes sur une table ronde, tandis que leur maris sont regroupés autour d'une secondes tables avec des verres de bière. d'autres petits groupes se tiennent ici et là, discrets. Je pourrais sombrer dans la somnolence, mes paupière sont lourdes, et mes sens ont été en alertes, mes émotions malmenées... Mais mon repos et de courte durée, rapidement interrompue par les bruits venant de mes plus proches voisins de table. Deux adolescents braillards, une fille et un garçon, apparemment occupés à réciter des phrases entières, se plaignant et gémissant toutes les deux minutes. A la fois irritée et intriguée, je me penche vers eux et lance : -Bon sang, excusez moi, je peux savoir ce que vous faites pour être si bruyants? Ils me regardent avec un air penaud. le garçon déclare : - Pardon M'dame. c'est juste que, on s'entraîne à réviser les nouvelles du jour du Petit Ecorcheur, au cas où il y aura une interro surprise demain. Je hausse un sourcil, indubitablement perplexe. Qu'est ce que c'est que cette histoire de journal et d'interro surprise? - Vous êtes pas au courant? Reprend la fille, Ce sont les terroristes! Ils se sont mis à distribuer ces journaux depuis hier! Ils ont dit que chacune de ses pages devait être lu et apprise sans exception, et que n'importe qui pouvait être interrogé sur son contenu! Si l'on donne une mauvaise réponse, ils nous coupent un doigt. C'est pas des blagues, ils l'ont fait à Boris... Je saisi avec dégout le tas de paperasse posé sur la table pour inspecter la couverture. "Le Petit Ecorcheur, la nouvelle façon de connaître l'information quotidienne sur le bout des doigts". Je grimace face à ce mauvais goûts qui atteint des sommets. La ville est tombée entre les mains des psychopathes les plus cinglés, et personne ne semblent réagir! Ces enfant apprennent leur leçon docilement, et les adultes continuent de discuter et de jouer aux cartes comme si de rien n'était! Comment se fait-il qu'il n'y ai pas encore eu plus de mouvement de foule, de révolte, de contre-attaque?! Pourquoi?! Pourquoi est ce qu'ils se laissent faire avec une telle... Facilité. A ce stade, c'en est presque de la complaisance! Mon poing heurte violemment la table et je me lève brusquement. Prenant à parti les client les plus proche, mais parlant assez fort pour que le reste de la salle m'entende, je retire mon foulard de devant la bouche et m'exclame : - Eh dites, vous, elles sont bonnes vos bière?! Qu'est ce que ça vous fait de savoir que dehors des malades s'amusent à couper les doigts de vos gosses sous pretextes qu'ils ne lisent pas les journaux de propagande? Comment pouvez-vous rester si imperturbable face à cela? Cela vous parrait normal peut être? Les clients commencent tous à me dévisager d'un air curieux. Les adolescents eux-même me regardent d'un air interdit, et la jeune fille recommence à feuilleter rapidement son journal. Merde, j'ai l'impression qu'ils me prennent pour une hystérique. Je continue tout de même, révolté : - Mince!! Mais vous ne vous rendez pas compte de ce qui est en train de se passer? On nous attaque et on commence à dangereusement nous maltraiter! Ce qui sont en train de tout faire sauter ne veulent pas seulement le chaos, ils sont en train de créer un ordre nouveau, et ça n'annonce rien de bon! Voulez vous rester passifs et accepter tranquillement ce qui arrive sous votre nez? En guise de réponse, voilà que je me fait de nouveau braquer par le barman. Mais, bon sang!! Cela est en train de devenir une sale habitude. Les autres clients du bar ne me lâchent pas des yeux. Je garde les mains sur les hanches, persuadée cette fois de n'avoir aucune raison de les lever. Si mon discours les offusque, tant pis pour eux! Qu'ils s'étouffent avec leur lâcheté! J'entends soudain la voix de la gamine demander doucement derrière moi : - C'est vous, sur la photo? Je fais volte-face et découvre le journal posé sur la table, ouvert en grand sur la page centrale. Bordel. Oui, c'est bien moi. En pleine page, noir et blanc, avec un superbe avis de recherche inscrit en dessous. Et en face de cette photographie volée au mariage de Yume Wilson, il y a l'avis de recherche de Full, Moon, Walk Saber.
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